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Communication

Réunion des partis : en acceptant la « main tendue » de Macron, la NUPES cautionne son opération

Affaibli, le gouvernement cherche à s’entourer pour préparer de nouvelles attaques pour la rentrée. Dans ce cadre, l’ensemble de la NUPES a accepté de participer à la rencontre transpartisane appelée par Emmanuel Macron, validant l’initiative d’un gouvernement en crise.

Paul Morao

29 août 2023

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Réunion des partis : en acceptant la « main tendue » de Macron, la NUPES cautionne son opération

Faire du neuf avec du vieux. Emmanuel Macron avait promis pour la rentrée une « initiative politique d’ampleur », finalement c’est une simple réunion avec les représentants des partis qui disposent d’un groupe au Parlement qui aura lieu ce mercredi 30 août. Une « initiative » qui n’est pas sans rappeler dans sa logique celle de l’année précédente, avec la convocation de l’ensemble des partis pour mettre sur pied un Conseil National de la Refondation. Comme à cette occasion, l’objectif de Macron est clair : briser l’isolement d’un gouvernement affaibli par les explosions successives de la lutte des classes, que certains secteurs de la droite réfléchissent même à censurer au Parlement, en trouvant des compromis avec les oppositions. Concrètement, deux axes structureront les discussions de ce mercredi : le lancement de consultations transpartisanes afin de construire des textes législatifs en commun et l’organisation de référendums.

Des mesures qui, sur le fond, doivent permettre de répondre à la situation de crise évoquée par Macron dans son courrier aux invités, évoquant une « convergence de défis » tels que « le retour de la guerre en Europe », la « fin de l’abondance », la « crise climatique » mais aussi la « décivilisation » qu’auraient exprimées les révoltes des quartiers populaires fin juin et début juillet.

Autant d’éléments sur lesquels le gouvernement a déjà formulé ses réponses privilégiées : durcissement autoritaire, violente répression dans le cas des révoltes, loi immigration, durcissement des règles de l’assurance-chômage mais aussi coupes budgétaires et attaques contre la sécurité sociale, comme l’a annoncé le Président la semaine dernière. Des orientations pour lesquels Macron espère trouver des alliés dans les oppositions. Dans son courrier, qui revendique le « cap d’indépendance et de justice » du gouvernement… le Président parie en effet sur « l’unité nationale » entre les partis, expliquant : « vous partagez entre vous de solides accords et de vrais désaccords. Mais quand l’intérêt supérieur du pays est en jeu, j’ai confiance, comme beaucoup de Français, dans notre capacité à converger sans reniement ni renoncement ».

Mais, si comme en 2022 « l’initiative » tient de la communication de la part d’un gouvernement très affaibli, la différence réside cette fois dans l’acceptation de l’invitation par l’ensemble des partis. Alors que LFI, EELV, LR ou le RN avaient refusé de prendre part au Conseil national de refondation, l’ensemble des forces politiques ont en effet choisi d’accepter la rencontre. Dans un communiqué de la NUPES, EELV, LFI, le PS et le PCF critiquent les termes de l’invitation, dénonçant la politique du gouvernement ou l’usage d’une expression d’extrême-droite comme « décivilisation », pointent les « opérations de communication sans lendemain » de la macronie…, avant d’annoncer leur participation à la réunion, se contentant de boycotter le dîner prévu le soir.

Une décision prise au prétexte « de porter des propositions dans l’intérêt du peuple », la NUPES expliquant qu’elle défendra notamment des propositions sur l’éducation, le coût de la vie étudiante, le prix de l’électricité, du carburant et des produits alimentaires mais aussi un référendum sur la réforme des retraites lors de rencontre. Pourtant, si l’on peut partager certains des enjeux soulevés par la gauche institutionnelle, ce n’est certainement pas dans les salons avec Macron que ceux-ci pourront avancer. En revanche, la décision de répondre à l’appel de Macron participe à valider son initiative, en se prêtant à une opération 100% au bénéfice de la macronie, qui avait jusqu’alors échoué à organiser une telle rencontre.

Un véritable scandale, quelques mois après le passage en force sur la réforme des retraites et la répression ultra-violente déchaînée contre les manifestants ou contre les jeunes des quartiers populaires révoltés après la mort de Nahel, alors que de nombreux jeunes dorment toujours en prison et que des syndicalistes continuent d’être convoqués par la police. Un choix à relier avec les prises de positions pro-gouvernement d’une partie de la NUPES ces derniers mois, entre condamnation des « violences des émeutiers » par EELV, le PS et le PCF, alignement avec l’offensive médiatico-politique contre le rappeur Médine ou soutien à l’interdiction de l’abaya à l’école de la part du PCF et du PS.

Un signal de conciliation, qui évoque la participation de l’intersyndicale au « dialogue social », à l’heure où celles et ceux qui aspirent à faire reculer Macron auraient au contraire besoin de se préparer au combat, en indépendance totale vis-à-vis du régime et du gouvernement. Ce n’est en effet certainement pas dans les discussions avec Macron qu’il sera possible d’obtenir quoi que ce soit. La feuille de route de la macronie est claire : attaques anti-sociales, sécuritaires et racistes. Le mouvement ouvrier, qui a fait l’expérience ces derniers mois de l’inflexibilité de Macron, doit forger un programme pour le combat, qui permette d’articuler l’opposition à l’ensemble des fronts que prépare le gouvernement et de construire la contre-offensive.


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