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Boucs émissaires

1er jour « d’apaisement et d’action » : la macronie repart à l’offensive contre les plus précaires et les immigrés

Le lendemain de l’allocution de Macron, Darmanin, Attal et Le Maire ont été envoyés sur les matinales pour faire le service après-vente. Au programme du premier des "100 jours d'apaisement et d'action" annoncés : une nouvelle offensive contre les plus précaires et les immigrés.

Gabriel Ichen

18 avril 2023

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1er jour « d'apaisement et d'action » : la macronie repart à l'offensive contre les plus précaires et les immigrés

Après un discours creux, destiné à jouer l’apaisement et donner l’impression d’une reprise en main en dépit de la crise politique, Macron a envoyé ce mardi les poids lourds du gouvernement faire le service après-vente de son allocution. Gabriel Attal ministre du Budget, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire se sont ainsi succédé sur les matinales des radios et plateaux télés.

Dans leurs différentes interventions, les trois ministres ont ainsi traduit plus concrètement la manière avec laquelle le gouvernement et Macron entendaient « tourner la page » de la bataille des retraites : stigmatiser les plus précaires et les immigrés tout en s’attaquant aux maigres minimas sociaux que certains d’entre eux touchent (encore).

Le ballet des propositions anti-pauvres et anti-immigrés a commencé avec Gabriel Attal sur France Inter qui a annoncé vouloir lancer « un plan de lutte contre la fraude sociale ». « Je pense qu’on doit agir sur toutes les fraudes. Je présenterai un plan avec des mesures fortes pour lutter contre la fraude sociale » a-t-il expliqué. Une proposition qui fait écho à ses déclarations de mars dernier dans lesquelles le ministre du budget avait commencé à esquisser son projet de durcissement des conditions d’attribution des minimas sociaux et des allocations sociales en ciblant tout particulièrement les travailleurs immigrés.

Darmanin, invité sur LCI, s’est quant à lui efforcé de donner des gages à la « promesse » de Macron d’attaquer les bénéficiaires du RSA. « Je suis pour que ceux qui ne souhaitent pas retravailler et qui touchent des minimas sociaux et notamment ceux qui touchent le RSA […], s’ils ne souhaitent pas reprendre le chemin du travail, nous prenions des sanctions envers eux » a-t-il défendu en répétant à l’envi la traditionnelle propagande capitaliste et patronale à propos du bénéficiaire d’allocations fainéant qui profiterait du système.

Sur RMC, Bruno Le Maire, a délivré de son côté une sortie digne d’un représentant du RN en pointant la « fraude aux aides sociales » des immigrés. Selon lui « nos compatriotes en ont ras-le-bol de la fraude, ils en ont ras-le-bol de voir des personnes toucher des aides qu’ils payent eux-mêmes. C’est le contribuable, l’entrepreneur, le salarié qui paye, et il n’a aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier, le renvoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu’ils n’y ont pas droit. Ce n’est pas ça le modèle social ».

Ce discours puant et xénophobe véhicule les clichés répétés ad nauseam par la droite et l’extrême droite contre les travailleurs immigrés qui « profiteraient des allocs » et frauderaient pour obtenir des aides miséreuses. La technique est vieille et écculée. Alors que la colère du monde du travail et de la jeunesse s’exprime largement et avec vigueur depuis trois mois contre la mort au travail mais aussi pour les salaires et contre l’autoritarisme du gouvernement, Darmanin et cie tentent de pointer du doigt les pauvres et les immigrés, à savoir ceux qui sont encore plus mal lotis que le reste des travailleurs. Mais, pendant que la macronie s’attaque aux minimas sociaux et aux immigrés, Bernard Arnault grand patron français du luxe et homme le plus riche du monde peut dormir sur ses deux oreilles et se féliciter de la récente augmentation de sa fortune de 12 milliards d’euros, le tout en une journée seulement.

La « reprise en main » voulue par Macron face à la profonde crise politique ouverte par le mouvement des retraites rime donc avec une offensive contre les pauvres et les immigrés. Une façon pour le gouvernement de marcher toujours plus sur les plates-bandes de l’extrême droite, alors que le RN espère engranger des gains politiques en cas de défaite du mouvement toujours en cours. Celui-ci n’a pourtant pas dit son dernier mot et les tentatives de diversion xénophobes et anti-pauvres du gouvernement masqueront difficilement une réalité qui a fait le tour des esprits : le fond du problème, c’est ce gouvernement et les intérêts qu’il défend.


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