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Homophobie à Stanislas : Oudéa-Castéra ment pour couvrir l’établissement réactionnaire

Mise au pied du mur par la succession de révélations concernant la scolarité de ses enfants à Stanislas, Amélie Oudéa-Castéra a choisi de minimiser les éléments contenus dans le rapport de l’inspection générale de l’éducation sur le climat sexiste et homophobe qui règne dans cette école privée sous contrat.

Matthias Lecourbe

18 janvier

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Homophobie à Stanislas : Oudéa-Castéra ment pour couvrir l'établissement réactionnaire

Photo : Amélie Oudéra-Castéra sur X

Alors que la Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques s’est empêtrée dès sa nomination dans une polémique après avoir menti sur les raisons l’ayant conduite à scolariser ses enfants dans le privé catholique, au sein du Collège Stanislas à Paris, Amélie Oudéa-Castéra continue à s’enfoncer dans l’affaire. En effet, la polémique a (ré)attiré l’attention sur les pratiques autoritaires, sexistes et homophobes ayant cours au sein de Stanislas, qui avaient déjà été rendues publiques par Mediapart en juin 2022, conduisant à une enquête de la part de l’inspection générale de l’éducation, rendue en septembre dernier au Ministère de l’Éducation Nationale.

Interpellée sur la question, la Ministre avait commencé par affirmer que le rapport « n’était pas sur son bureau », ce à quoi Mediapart a répondu en publiant l’intégralité du rapport rendu par l’inspection générale, confirmant que des propos homophobes, sexistes ou anti-avortement étaient fréquemment tenus par le personnel de l’établissement ainsi que des intervenants extérieurs. Les propos rapportés sont d’ailleurs particulièrement graves : un intervenant de catéchèse a par exemple incité les élèves « se sentant homosexuels » à suivre une thérapie de conversion dans une structure religieuse au Canada, soutenu que l’homosexualité serait une maladie déclenchée par le fait qu’une femme ait trompé le père de l’enfant pendant sa grossesse, ou encore que la société actuelle encouragerait l’avortement parce que les fœtus seraient utilisés pour fabriquer des médicaments tels que le Doliprane.

Acculée, Amélie Oudéa-Castéra a tenté de minimiser les faits, en expliquant que le rapport « ne remonte aucun fait d’homophobie ni aucun cas de harcèlement, à l’exception d’un seul cas », qui serait le fait d’une mauvaise pomme, intervenant extérieur de catéchèse. Pourtant, d’autres témoignages compilés par Mediapart semblent indiquer des pratiques généralisées dans l’établissement : on peut citer pêle-mêle l’obligation pour les élèves d’assister à la catéchèse, l’incitation par une « préfete » (équivalent d’un CPE dans l’organigramme de Stanislas) à participer aux Manifs Pour Tous, tandis qu’un autre était connu pour vouloir interdire les « pulls LGBT » et pour adresser régulièrement des insultes lesbophobes aux filles qu’il ne trouvait pas assez féminines, et que des intervenants extérieurs étaient admis à faire la promotion de l’abstinence et des thérapies de conversion pour les homosexuels, ou de camps masculinistes. Les faits rapportés contreviennent aux quelques obligations posées aux établissements d’éducation privée « sous contrat », c’est-à-dire bénéficiant de financements publics.

Face à la pression générée par la polémique, la ville de Paris vient de décider de couper les financements qu’elle versait à Stanislas. Une décision qui vient mettre en lumière le scandale que constitue le financement de ces établissements religieux, organisant l’éducation des enfants de la bourgeoisie et fonctionnant à 75% avec de l’argent public, pendant que les écoles publiques doivent fonctionner dans des conditions qui empirent chaque année.

Après avoir menti sur les « non-remplacements » qui auraient justifié son choix du « privé », Oudéra-Castéra cherche à présent à minimiser la gravité des pratiques rapportées à Stanislas, et a promis que le plan d’action recommandé par l’administration de Gabriel Attal après la remise du rapport de l’inspection générale sera « suivi avec toute la rigueur nécessaire ». Une déclaration qui pose la question du conflit d’intérêt pouvant exister, dans la mesure où la ministre a placé ses enfants dans l’établissement épinglé, ce qu’a souligné dans un communiqué le SNUipp-FSU, syndicat de l’enseignement primaire. Un véritable camouflet pour un gouvernement qui s’inscrit dans la droite continuité du gouvernement précédent, qui avait mené des offensives islamophobes sur le terrain de l’éducation en se drapant de « laïcité ». Alors que la colère s’exprime dans l’éducation et que le gouvernement est fragilisé par cette affaire dès sa nomination, il faut organiser une riposte maintenant pour le faire reculer dans ses projets réactionnaires à l’école et ailleurs.


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