×

Cynisme

Hommage aux victimes du 7 octobre : « toutes les vies se valent » mais certaines valent plus que d’autres

La maxime cynique pourrait s’appliquer à la cérémonie qui s’est tenue ce mercredi à Paris. Derrière l’hommage aux morts français du 7 octobre, il s’agissait de réitérer un soutien à l’État d’Israël, en oubliant consciemment les vies palestiniennes.

Paul Morao

7 février

Facebook Twitter
Audio
Hommage aux victimes du 7 octobre : « toutes les vies se valent » mais certaines valent plus que d'autres

Bien sûr « toutes les vies se valent » répète-t-on ces derniers jours et ce matin, en amont de l’hommage aux victimes françaises de l’attaque du 7 octobre. Toutes les vies se valent mais certaines valent plus que d’autres. Les victimes du terrorisme plus que les victimes de « la guerre » pour François Hollande. Les victimes du terrorisme plus que les victimes « collatérales » pour Yonathan Arfi, président du CRIF. Les victimes israéliennes plus que les victimes palestiniennes pour les deux hommes.

La maxime résume assez bien le mantra des gouvernements occidentaux et des soutiens de l’État d’Israël depuis 124 jours. Son objectif est clair : faire des victimes israéliennes une justification pour les morts palestiniens, dans le cadre du massacre toujours en cours à Gaza. Une logique qui habitait la cérémonie organisée par l’État français ce mercredi à Paris, réunissant les familles des victimes aux côtés de représentants de l’ensemble des forces politiques, du Rassemblement national à LFI.

Dans la cour des Invalides et devant les 42 portraits des morts français, Emmanuel Macron a ainsi procédé à un double geste : évoquer la mémoire de ces victimes et tracer la frontière entre elles et les « autres ». Un clin d’œil à l’État d’Israël, qui a fait des meurtres de civils du Hamas le 7 octobre dernier la justification d’une accélération brutale de sa politique coloniale et génocidaire contre les Palestiniens. Symboliquement, ces derniers n’auront été évoqués qu’au détour d’une phrase, de façon fantomatique.

Macron a en effet fini par rappeler que les destins des victimes du 7 octobre n’étaient « pas les seuls que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer ». Une précaution rhétorique redoublée par une autre, désormais bien connue, « toutes les vies se valent », et par un très creux appel à la paix. Tout le reste de son discours, de même que la politique hypocrite de l’impérialisme français depuis le 7 octobre et ces dernières décennies, hurlait pourtant le contraire.

La matinée aura par ailleurs servi à réactiver l’arc réactionnaire qui impose son agenda ces derniers mois. Aux Invalides, Jordan Bardella a par exemple pu dénoncer « l’idéologie islamiste » et se présenter en défenseur des « compatriotes de confession juive », tandis que s’ouvrait une nouvelle offensive médiatico-politique contre la France Insoumise, malgré son choix de participer à cette « unité nationale ». Les politiciens réactionnaires n’ont pas manqué à cette occasion d’instrumentaliser, comme le 12 novembre dernier, la lutte contre l’antisémitisme

Au-delà du deux poids deux mesures, il faudrait ainsi se demander ce que valent vraiment ces vies « qui valent » aux yeux des cyniques comme Macron, Ciotti ou Bardella, qui entendent d’abord en tirer des profits, politiques, économiques, géopolitiques. Les « valoriser », au service de la défense des intérêts de l’impérialisme français au Moyen-Orient, de la répression des classes dangereuses ou de la défense de sa candidature à la tête des institutions. La réponse est nette, pas grand-chose.

Celles et ceux qui se soucient vraiment de « toutes les vies » des populations du Moyen-Orient ne peuvent que haïr ces hommages hypocrites et leur préférer les mots de celles et ceux qui ont envahi ces derniers mois les rues de la planète, en regrettant les morts israéliennes mais en dénonçant leur instrumentalisation au service d’un génocide. Ce sont elles et eux qui dessinent la seule issue possible, celle d’un Moyen-Orient libéré de l’impérialisme et du colonialisme, et d’une Palestine libre où puissent vivre en paix Juifs et Arabes.


Facebook Twitter
« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l'Europe

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l’Europe

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur