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Affaire Ana Guevara : « Frapper les femmes, c’est du bonheur. » Alerte Féministe !!

Mexique. Quand la violence de genre se déchaîne sur les réseaux sociaux… et dans la réalité !

Elle est sénatrice et sportive, reconnue partout dans son pays, le Mexique. Mais ce 11 décembre, c’est en tant que femme qu’Ana Gabriela Guevara est violemment agressée par plusieurs hommes, après un accident de la route dans lequel elle était impliquée. Suite à la diffusion des photos de son visage tuméfié sur les réseaux sociaux, un hashtag a vu le jour : #GolpearMujeresEsFelicidad (« frapper les femmes, c’est du bonheur »)… Nicolas-Marie Santonja

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Agression sexiste

C’est aux abords de Mexico que la moto d’Ana Gabriela Guevara a été percutée par une camionnette grise, ce 11 décembre 2016. La moto chute mais sa conductrice en ressort indemne. Elle invective le chauffard qui a provoqué l’accident. Elle témoignera plus tard, de la suite des évènements : « Deux hommes sont descendus du véhicule. Ils m’ont insultée puis frappée par derrière. Deux autres m’ont cognée dans les côtes, me faisant tomber à terre. Les quatre individus m’ont ensuite tabassée à coups de pied sur le visage et le corps. »

La championne du monde du 400 mètres, médaillée d’argent aux Olympiques de 2004, devra passer par l’hôpital pour traumatisme facial et pour être opérée suite aux fractures de sa pommette droite. Un rebondissement notable de l’affaire, qui en amplifie les répercussions et lui confère une nouvelle tonalité : il a été découvert mi-décembre que le chauffeur de la camionnette est un ancien policier. Après que les proches de cet ancien agent ont déclaré qu’il avait confondu la sénatrice avec un homme, pour « minimiser » la portée sexiste de ses actes, Ana G. Guevara a annoncé : « Je n’accorderai pas mon pardon », insistant sur le fait qu’elle était décidée à mener un « combat contre l’impunité. »

C’est pour dénoncer cette agression sexiste qu’Ana Gabriela Guevara poste les photos de son visage sur son compte Twitter, suivi par plus de 20 000 personnes. Les soutiens se multiplient, mais les insultes et menaces aussi, par la création du hashtag : #GolpearMujeresEsFelicidad.

#Frapper les femmes, c’est du bonheur

La sénatrice, déjà victime d’une agression physique conséquente, s’est donc retrouvée sous une autre forme de violence, véhiculée par les réseaux sociaux, la violence de genre à moitié dormante dans le subconscient virtuel et désormais visible de notre société. Petit florilège de ces violences (sous forme de tweets) qui traversent notre « modernité », accompagnées du hashtag susmentionné :

« Si tu es moche et que tu conduis une moto, les gens penseront que tu es un homme »

« Regardez ce que je lui fais à ma copine »

« Pour qu’elles apprennent à ne pas sortir de la cuisine »

Victime de ces discriminations et de ces menaces, Ana Gabriela Guevara a aussitôt pris la parole lors d’une conférence de presse au Sénat, alors qu’un hématome marque encore son visage défiguré. Prise par l’émotion, son intervention est entrecoupée de sanglots, mais c’est d’une voix déterminée qu’elle qualifie ses agresseurs de « lâches » et qu’elle poursuit : « Cette marque sur mon visage, ces clous et ces plaques me rappelleront en permanence mon combat contre la violence de genre. » Elle souligne : « J’ai été attaquée uniquement parce que je suis une femme. »

Cette affaire, qui fait scandale, n’est que le reflet de cette société fondée sur l’oppression, cette violence quotidienne répercutée par les moindres rouages du système capitaliste, en parfaite synchronicité avec le patriarcat. C’est aussi le reflet des violences auxquelles sont soumises des milliards de femmes aujourd’hui dont l’urgence de moyens et d’actions pour y mettre fin est sans concessions.

Contre les violences faites aux femmes, alerte Féministe

Suite à cette affaire, des chiffres tragiques ré-émergent pour nous rappeler la réalité de la violence du patriarcat aujourd’hui. Le Mexique en est, hélas, un exemple frappant : Sept femmes y sont assassinées chaque jour, et une femme y est victime de viol toutes les 4,6 minutes.

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En France, (dont la population totale d’individu est deux fois moindre) en 2010, étaient comptabilisées 206 femmes victimes de viol par jour en moyenne et ayant obtenu procès, en sachant qu’une grande partie des victimes ne portent très souvent pas leur plainte au commissariat, étant même souvent culpabilisées de cette situation par des proches ou par les policiers eux-mêmes. Elles obtiennent encore plus rarement justice. Ces chiffres sont en constante augmentation.

Mais c’est aussi au Mexique qu’il y a quelques mois, le mouvement Ni Una Menos (« Pas Une de Moins ») a fait descendre dans la rue des milliers de femmes pour protester contre les féminicides, terme acceptée par la loi au Mexique depuis seulement 2007. Ce mouvement fut exemplaire et eut des échos jusqu’en Pologne où une grève des femmes contre un projet de loi pour rendre illégal l’avortement avait réussi à faire reculer le gouvernement polonais. Cette initiative avait notamment réussi à impulser des mouvements de solidarité dépassant les frontières, remportant le soutien de manifestantes en plusieurs pays, comme la Belgique, la France ou encore le Kenya.

C’est cette auto-organisation des femmes contre cet ennemi meurtrier et monstrueux qu’il faudra savoir réaliser, dans chaque pays et à l’internationale, si l’on veut que définitivement, pas une femme de plus ne souffre ou ne meure par l’emprise du patriarcat.


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