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Grève dans le fret aérien à Roissy : « 300€ en plus, c’est le minimum pour vivre dignement »

Les salariés de Transdev aéropiste-interpiste ont entamé un mouvement de grève majoritaire pour obtenir 300 euros d’augmentation de salaires, l’embauche des intérimaires et la fin d’un management qualifié de discriminatoire et raciste.

Léo Valadim

9 octobre 2023

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Grève dans le fret aérien à Roissy : « 300€ en plus, c'est le minimum pour vivre dignement »

Grève pour des conditions de travail et des salaires dignes

Le patronat a beau avoir divisé l’activité en deux entreprises, les salariés de Transdev Aéropiste et Transdev Interpiste feront grève ensemble. Les travailleurs de ces deux entreprises, qui assurent le chargement du Fret des avions long courriers Air France, avaient déjà fait grève au début de l’été, à l’initiative des salariés. La direction de l’entreprise avait alors accepté de discuter avec les grévistes, mais sans proposer d’augmentations de salaires. Les salariés ont donc fait face à plusieurs mois de mépris de la part de la direction, tandis que l’inflation continue de galoper, avec une hausse des prix alimentaire qui culmine à plus 21 % sur deux ans, sans parler des prix du carburant.

Une quarantaine de salariés se sont donc réunis en ce jeudi 5 octobre pour un repas, lors duquel ils ont discuté de la situation, débattu de leurs revendications et décidé de partir dans un mouvement de grève, dont ils ont décidé collectivement des modalités.

Alors qu’une partie importante d’entre eux est payée au SMIC, leur revendication centrale est simple : ils exigent 300 euros d’augmentation de salaires pour toutes et tous, soit 240 euros net. Ce montant correspond selon leurs calculs à un plein de carburant pour venir travailler, et un demi caddie de course, ce qui correspond à ce dont ils ont besoin pour se nourrir sur leur temps de travail.

À cette revendication s’ajoute l’exigence de l’embauche des intérimaires, qui sont une trentaine, pour mettre fin à leur situation de précarité, ainsi que la fin d’un management « raciste » et discriminatoire, dénoncé par de nombreux salariés.

Le message est clair : « on peut pas continuer comme ça », affirmaient-ils alors dans la salle de repos où s’est tenu cette réunion entre salariés. Le jour même de cette assemblée, la direction annonçait comme par hasard une proposition de rencontre avec les responsables du personnel pour le 12 octobre. N’étant pas dupes de la manœuvre visant à les calmer pour une fois de plus ne rien leur proposer, dès le lendemain, les travailleurs ont fait un débrayage de plusieurs heures pendant un moment fort du trafic, ce qui a eu pour conséquence de clouer au sol l’équivalent du chargement en fret de 8 avions long courrier. Suite à cette action réussie, le mouvement se poursuit avec la volonté de multiplier les débrayages jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Deux débrayages ont déjà eu lieu, vendredi et samedi.

Le chantage de la direction aux salariés

Face à la puissance du mouvement, le jour même de la grève la direction a annoncé vouloir suspendre les discussions , pour ne pas « négocier sous la contrainte »... alors qu’on peut légitimement douter qu’une rencontre aurait été proposée sans la menace d’une grève. Un « manque de respect » pour Nordine, délégué CGT, qui souligne : « nous, la contrainte on l’a tous les fins du mois. On a besoin de ces 300€, c’est le minimum pour vivre dignement, tout simplement ».

Le syndicat demande la mise en place de négociations sérieuses avec les salariés et leurs représentants. Mais la direction ne s’est pas contenté de suspendre la réunion prévue, elle menace aussi les grévistes d’un remplacement des activités par l’entreprise Cargogroup du groupe concurrent GEH. Le message est alors le suivant : Transdev et Air France préfèrent payer les patrons d’entreprises concurrentes plutôt que d’augmenter les salariés qui n’arrivent pas à finir leurs fins de mois.

Et la raison est simple : ils savent que lâcher des augmentations de salaires aux travailleurs Transdev aéropiste-interpiste risquerait d’encourager les salariés des autres entreprises de l’aéroport, qui souffrent tous de l’inflation, à exiger la même chose. Pour cette même raison, le mouvement de grève doit chercher à s’étendre pour gagner, à commencer par créer des liens entre les travailleurs des filiales de Transdev et avec ceux d’entreprises comme GEH, qui sont déjà mobilisés par Air France pour briser la grève, alors qu’eux-mêmes sont encore moins bien payé que ceux de Transdev et qu’ils auraient tout à gagner à s’emparer de leurs revendications. Le mouvement n’en est qu’à son début, et les salariés sont déterminés à le porter le plus loin possible !


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