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Edito

1er mai : une journée contrastée en décalage avec les dangers de la situation

Ce mercredi, 200 000 personnes ont manifesté en France pour la journée internationale des travailleuses et travailleurs. Malgré la colère, la journée est restée routinière, polarisée par les enjeux électoraux et en décalage avec les nombreux dangers de la situation.

Paul Morao

2 mai

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1er mai : une journée contrastée en décalage avec les dangers de la situation

Crédits photo : Carol

1 an après un 1er mai 2023 massif en dépit de la promulgation de la réforme des retraites, 200 000 personnes ont manifesté en France ce mercredi pour la journée internationale des travailleuses et des travailleurs. A Paris, 50 000 personnes ont manifesté d’après la CGT. Si les cortèges syndicaux sont restés clairsemés, de nombreux jeunes ont défilé entre République et Nation, alors que les derniers jours ont été marqués par des tendances initiales à l’extension de la mobilisation du côté des étudiants solidaires de la Palestine.

Parmi les pôles dynamiques de la manifestation, le cortège des mineurs isolés de Belleville en lutte ou d’Urgence Palestine. « C’est un 1er mai qui se déroule pendant un génocide à Gaza. Dans nos universités, je suis de la Sorbonne mais dans des écoles aussi comme Sciences Po, il y a une mobilisation qui prend contre le génocide. J’envoie toute ma solidarité aux étudiants de Columbia expulsés cette nuit » a expliqué Ariane Anemoyannis depuis le cortège de Révolution Permanente, dans lequel plus de 500 personnes ont manifesté dans une ambiance très combative.

13 000 personnes ont également défilé à Lyon, 8 000 à Toulouse et Marseille, 3 800 à Strasbourg, 1000 à Montpellier… Dans de nombreuses villes, la solidarité avec Gaza est venue insuffler de l’énergie et de la détermination dans les manifestations, avec de nombreux cortèges et manifestants aux couleurs de la Palestine partout dans le pays. A Marseille, un « pôle internationaliste » a réuni des militants des comités Palestine, de Révolution Permanente, de Tsedek ainsi que de jeunes exilés en lutte.

Malgré ces éléments, la mobilisation est demeurée routinière, entre « colère » et « résignation ». En dépit des nombreux problèmes au cœur des discussions dans les cortèges - offensives anti-sociales à la pelle, menaces contre le droit de grève, répression des syndicalistes et des soutiens de la Palestine, austérité, guerre , montée de l’extrême-droite – les directions syndicales n’ont en effet pas choisi de poser la question d’une reprise de l’offensive.

Dans ce cadre, les perspectives sont restées étroitement bornées par les enjeux électoraux et les interpellations au gouvernement, sans jamais mentionner de véritables perspectives de lutte. De façon frappante, Sophie Binet de la CGT a ainsi pu expliquer « par notre mobilisation aujourd’hui le but c’était d’appeler l’ensemble des salariés à voter le 9 juin prochain ». De même, les attaques de Raphaël Glucksmann contre La France Insoumise (et Révolution Permanente), sur fond de rivalité aux européennes, ont largement polarisé les discussions politiques autour de la journée.

Une attitude d’autant plus en décalage avec la situation que, d’une part, ces derniers mois ont montré combien la passivité du mouvement ouvrier laissait le champ libre aux offensives du gouvernement et, d’autre part, la journée a été marquée par une répression brutale. Quelques jours après avoir expulsé brutalement des lieux d’études comme la Sorbonne ou Sciences Po Toulouse, les forces de répression ont chargé et gazé les cortèges à Paris, Lyon ou Toulouse, matraqué violemment les manifestants et interpellé plus de 50 personnes dans le pays.

Une impasse stratégique face à laquelle il y urgence à imposer une autre perspective. Alors que les personnels de l’éducation du 93 ont mené une lutte d’ampleur ces derniers mois, et que des franges de la jeunesse montrent leur détermination à s’opposer au génocide à Gaza, de larges secteurs de la population cherchent une réponse pour faire face aux nombreux enjeux de la situation. En l’absence de plan à la hauteur, c’est la démoralisation qui risque de primer, ou les impasses institutionnelles, incapables de renverser les dynamiques réactionnaire à l’oeuvre.

Dans ce contexte, nous avons manifesté avec RP partout en France ce mercredi pour défendre l’urgence d’une rupture et de la construction d’une riposte. « On a connu une lutte énorme contre la réforme des retraites il y a un an. Aujourd’hui on est confrontés à un contexte international sans précédent, à une répression sans précédent. Il faut une réaction énorme de la classe ouvrière et de la jeunesse, c’est ce qu’on est venus dire ce 1er mai, on a des leviers pour les faire reculer ! » expliquait en ce sens Adrien Cornet, raffineur chez TotalEnergies, depuis le cortège de Révolution Permanente à Paris

Il faut rompre avec le logiciel institutionnel et le refus d’une confrontation politique avec le gouvernement. Le mouvement ouvrier doit prendre à bras le corps l’ensemble de ces enjeux, en se dotant d’un programme propre contre la guerre, l’autoritarisme et la misère, à défendre par les méthodes de la lutte de classes, de l’auto-organisation ouvrière, de la grève, et en alliance avec l’ensemble des opprimés.


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