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Offensive réactionnaire

900 000 € pour le policier qui a tué Nahel : une cagnotte d’extrême-droite en forme d’appel au meurtre

Une cagnotte pour le policier qui a exécuté Nahel, lancée par Jean Messiha, a récolté plus de 900 000 euros. Un symbole de l'offensive de l’extrême-droite en faveur de la défense des meurtres policiers, à laquelle il faut une réponse du mouvement ouvrier et du mouvement social.

Antoine Weil

3 juillet 2023

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900 000 € pour le policier qui a tué Nahel : une cagnotte d'extrême-droite en forme d'appel au meurtre

Une cagnotte en forme d’appel au meurtre

Pour défendre la police, l’extrême-droite est décidément prête à tout : une cagnotte lancée pour soutenir le meurtrier de Nahel et sa famille a récolté plus de 900 000 euros ces derniers jours. C’est Jean Messiha, ancien porte-parole de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, et ancien dirigeant du Rassemblement National, qui est à l’initiative de cette collecte scandaleuse, qui cherche à exprimer un soutien clair au meurtre de Nahel, lycéen de 17 ans.

Pour motiver les soutiens du meurtrier de Nahel à contribuer financièrement, l’homme politique habitué des plateaux télé, explique notamment que « Florian.M a fait son travail et paie aujourd’hui le prix fort » et lance un appel : « Soutenez-le MASSIVEMENT et soutenez nos forces de l’ordre ! ». Alors que la mort de Nahel a choqué très largement et que les jeunes de quartiers populaires se révoltent contre le racisme et la violence de la police, l’extrême-droite a massivement relayé la collecte, légitimant le meurtre et revendiquant que la police puisse tuer les noirs et les arabes.

Cette collecte inacceptable envoie un effet un signal clair : tuer un jeune lycéen arabe de 17 ans, c’est être récompensé par des centaines de milliers d’euros. Un appel au meurtre qui ne semble gêner ni la plateforme qui héberge la cagnotte, ni l’État, dont on se rappelle qu’il avait fait clôturer en 2019 la collecte pour soutenir le Gilet jaune Christophe Dettinger, et fait convoquer les donateurs par la police.

L’extrême-droite tente de capitaliser sur la crise ouverte : il faut une riposte !

Cette initiative qui vient s’ajouter aux différentes sorties de l’extrême-droite depuis la mort de Nahel. Le jour même du meurtre, le syndicat policier « France Police » dirigé par le soutien d’Eric Zemmour Bruno Attal a soutenu l’acte du policier le jour même de la mort de Nahel. De leurs côtés, les syndicats majoritaires Alliance et Unsa Police ont publié ce vendredi un communiqué « guerrier » appelant à mettre « hors d’état de nuire » les « hordes sauvages » et mettant la pression sur le gouvernement pour réprimer plus durement.

De son côté, Eric Zemmour parle de rébellion d’« enclaves étrangères » et demande l’état d’urgence, Jordan Bardella d’une « contagion de l’ensauvagement de la société, qui est liée à une politique d’immigration complètement folle », Marine Le Pen vise la gauche et la France Insoumise. Alors que la colère des quartiers populaires a ouvert une crise profonde pour un gouvernement déjà très fragile, les réactionnaires veulent se positionner en tant que garant de « l’ordre » de la bourgeoisie et montrer qu’ils sauront mieux que Macron comment réprimer la contestation.

Sur le terrain, des groupuscules d’extrême-droite ultraviolents tentent eux aussi d’émerger, et ont attaqué des passants à coups de batte de baseball à Angers, patrouillé à Chambéry, Montpellier ou lien, mais surtout travaillé main dans la main avec la police pour interpeller des jeunes à Lorient

L’ensemble de ces éléments et le niveau de la cagnotte du policier doit alerter la gauche et le mouvement ouvrier. En effet, en l’absence de politique de solidarité active et d’intervention qui permette de commencer à construire une riposte d’ensemble aux côtés de la jeunesse des quartiers dont la révolte est légitime, l’extrême-droite pourrait bien capitaliser sur les peurs du « chaos » et le racisme, attisées par le gouvernement et la majeure partie de la classe politique.

Alors que les discours réactionnaires saturent les médias, de Darmanin à Dupond-Moretti en passant par Bardella et Zemmour, la passivité de la gauche ou ses déclarations qui jouent le jeu du gouvernement sont ainsi très dangereuses. De même, l’absence de toute initiative des directions syndicales pour commencer à construire une issue à la colère dans un mouvement d’ensemble ouvre la voie à un saut autoritaire, de la part d’un gouvernement qui n’hésitera pas à passer un cap dans ses offensives en l’absence d’opposition organisée, après avoir réprimé violemment les jeunes mobilisés.

Lire aussi : Révoltes dans les quartiers populaires : le mouvement ouvrier doit construire une riposte d’ensemble !


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