Crédits photo : Révolution Permanente
Ce jeudi le nombre de manifestant s’est maintenu à nouveau à des niveaux élevés, dans la continuité de la massivité du mouvement démarré il y a presque trois mois. Certes, les chiffres baissent alors que la CGT annonce 1 million de manifestants nationalement, dont 400 000 à Paris, 130 000 à Marseille, 70 000 à Toulouse ou encore 40 000 à Bordeaux, mais l’ampleur de la mobilisation reste impressionnante après 11 journées.
D’autant qu’au-delà des chiffres, la détermination est toujours forte dans les cortèges et semble moins témoigner d’une attente dans la décision à venir du Conseil constitutionnel que d’une volonté persistante de faire plier Macron. À Paris, celle-ci s’est notamment exprimée dans l’important cortège de jeunesse appelé par l’Interfacs qui a pris la tête de la manifestation devant les cortèges syndicaux, au sein d’un cortège de tête massif. Plusieurs centaines de jeunes et étudiants y ont chanté « constitutionnelle ou pas, cette loi on n’en veut pas », critiquant au passage la direction de la CFDT qui entend reconnaître la décision du Conseil constitutionnel qui devrait pourtant valider l’essentiel de la réforme.
« On manifeste devant la CFDT parce qu’on ira jusqu’au retrait » affirmait en ce sens depuis le cortège Ariane Anemoyannis, étudiante et militante au Poing Levé Paris 1 :
« On manifeste en tête, devant la CFDT, parce que Berger a dit qu’il respecterait la décision du Conseil Constitutionnel. Mais nous on défend la légitimité de la grève et de la rue ! » @AAnemoyannis du @PoingLeveP1 depuis le cortège jeune.
Rendez-vous demain à 17h devant les… pic.twitter.com/cKc0vZ26mj
— Révolution Permanente (@RevPermanente) April 13, 2023
Le matin, la grève avait repris du côté des éboueurs parisiens qui, aux côtés de leurs soutiens, étaient présents devant les différentes TIRU. De leurs côtés, des cheminots et des travailleurs de la RATP ont envahi le siège de Louis Vuitton, propriété du milliardaire Bernard Arnault. Des signes de la colère ambiante, qui s’exprime également dans les grèves pour les salaires comme à la SIVOM de Varennes-Jarcy, en dépit de taux de grève qui fléchissent nationalement.
Répression, Conseil Constitutionnel bouclé par la police… le gouvernement aux abois
L’une des images de la journée restera sans doute celle des centaines de gendarmes mobiles postés devant le Conseil constitutionnel pendant le passage de la manifestation parisienne. Une scène qui a symbolisé aux yeux de nombreux manifestants la fragilité d’un régime obligé de barricader ses institutions, et qui ne tient plus que par sa police.
Une police qui était d’ailleurs à l’offensive contre les cortèges dans de nombreuses villes, sortant les canons à eaux à Lille, Nantes et Rennes, gazant et matraquant les cortèges. A Lyon, un journaliste de Actu.fr a d’ailleurs été violemment frappé au cours d’une charge policière, comme de nombreux manifestants partout dans le pays.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL BARRICADÉ DE CENTAINES DE CRS
A Paris, l'Etat envoie des centaines de CRS devant le Conseil constitutionnel, à proximité duquel passe la manifestation. Un symbole de la situation du régime alors que Darmanin veut interdire les mobilisations à… pic.twitter.com/KMMM8sgTWD
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Dans le même sens la décision prise par Darmanin d’interdire les mobilisations de ce vendredi aux abords du Conseil constitutionnel montre la crainte du gouvernement d’une mobilisation qui se poursuit.
L’intersyndicale ne propose toujours aucune alternative pour la suite du mouvement
Comme prévu, tout au long de la journée, la question de la suite du mouvement était posée de façon brûlante dans les cortèges. À cette interrogation, l’intersyndicale répond par l’attente d’une délibération d’un Conseil constitutionnel qui devrait pourtant valider l’essentiel de la réforme sans appeler à aucune date de mobilisation avant le 1er mai !
Le numéro 1 de la CFDT Laurent Berger, a ainsi depuis plusieurs jours laissé entendre qu’il quitterait bientôt le mouvement, expliquant qu’« il n’est pas question de contester la légitimité du Conseil Constitutionnel » et « que la CFDT ne fera pas des manifestations pendant six mois sur cette réforme des retraites ». De son côté Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, affirmait dans la manifestation parisienne que la journée n’est pas un « baroud d’honneur » mais n’a donné aucune consigne pour la suite de la mobilisation, entretenant l’espoir qu’une censure même partielle forcerait Macron à ne pas promulguer son projet de loi.
Face à cette passivité qui prépare de facto la fin du mouvement, et voudrait s’accrocher à l’impasse d’un RIP, ce vendredi sera un moment charnière du mouvement entamé le 19 janvier. D’ores et déjà, des rassemblements ont été appelés partout en France devant les préfectures pour marquer le coup. À Paris, la jeunesse et le mouvement étudiant appelle à une manifestation à 14h au départ de la gare Saint-Lazare.
Ces mobilisations, à laquelle l’intersyndicale ne s’est pas associée directement, doivent être l’occasion de poursuivre la mobilisation. Non pas pour nourrir l’espoir d’une décision favorable du Conseil constitutionnel, mais pour poser la question d’une autre stratégie pour la poursuite du mouvement, qui ne pourra passer que par la construction d’un rapport de forces par la grève face au gouvernement.