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Offensive autoritaire

TIG pour les parents, comparution immédiate : le nouveau projet d’Attal pour mettre au pas la jeunesse

En déplacement à Viry-Châtillon, Attal a annoncé un lot de mesures contre l’école pour remettre « l’autorité au cœur de la République ». De nouvelles attaques qui s’annoncent toujours plus brutales et s'inscrivent dans la fuite en avant autoritaire contre la jeunesse et les quartiers populaires.

Erell Bleuen

18 avril

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TIG pour les parents, comparution immédiate : le nouveau projet d'Attal pour mettre au pas la jeunesse

Crédits photo : Actu Pas de Calais

Remettre « l’autorité au cœur de la République ». Pour honorer les 100 jours qu’il vient de passer à la tête du gouvernement, Gabriel Attal s’est rendu ce jeudi à Viry-Châtillon - où Shemseddine, collégien de 15 ans, a été tué il y a quelques semaines. L’occasion pour le premier ministre d’instrumentaliser la mort du garçon. Au programme : de la répression et encore de la répression, le tout enrobé d’une rhétorique ultra-réactionnaire qui vise à criminaliser les jeunes de quartiers populaires.

« Surveiller et punir »

Celui qui a commencé sa brève carrière de ministre de l’Éducation Nationale par l’interdiction du port des abayas et la promesse de l’instauration de l’uniforme promet d’aller plus loin pour restaurer, selon ses termes, « la culture du civisme » dans les établissements scolaires. Une « contre-attaque de la République » qui prépare un durcissement ahurissant des conditions d’études des élèves et prévoit un panel de nouvelles sanctions : scolarisation des élèves au collège de 8 heures à 18 heures tous les jours, signature d’un contrat d’engagement à respecter les valeurs de la République et l’autorité, mis en place d’une mention « fauteur de trouble » sur Parcoursup pour les élèves « perturbateurs » avec une perte de points pour l’obtention du diplôme…

Autant de mesures qui viendraient renforcer la stigmatisation que subissent déjà les élèves issus de quartiers populaires, et qui s’accompagnent d’un saut dans la répression pénale. En effet, comme le dévoilait L’Opinion il y a quelques jours, le gouvernement prévoit la mise en œuvre de « mesures d’intérêt éducatif » pour les mineurs de moins de 16 ans (qui équivalent à des travaux d’intérêt généraux), l’instauration d’une « comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans » ainsi que d’une « mesure pénale » pour sanctionner sans procès des mineurs de plus de 13 ans. Une armada judiciaire qui vise à mettre fin à « l’excuse de la minorité » pour empêcher, en instaurant un climat de peur, que la colère des jeunes de quartiers populaires explose de nouveau.

Pendant les révoltes, le gouvernement avait déjà développé une rhétorique stigmatisante sur « les parents défaillants » qui laisseraient leurs enfants partir « à la dérive » et « tomber dans la délinquance ». Le premier ministre veut désormais transformer son discours dans les faits en « responsabilisant les parents démissionnaires » par la mise en place de travaux d’intérêt général, l’instauration d’une amende pour les parents qui ne se rendraient pas aux convocations où encore en leur facturant la réparation financière des dégâts que causerait leur progéniture. Attal est même allé jusqu’à proposer aux parents que l’État enferme leurs enfants dans des internats, « loin de son quartier et de ceux qui le poussent à plonger ».

Une offensive très politique à quelques semaines des Européennes

Le lot de mesures promises par le premier Ministre annonce un nouveau saut dans l’offensive autoritaire à l’œuvre dans l’Éducation Nationale, déjà sous le coup du Service National Universel Obligatoire, de l’instauration du port de l’uniforme ou encore des groupes de niveaux. Mais en s’appuyant sur les drames récents comme la mort de Shemseddine, la déclaration d’Attal constitue également une opération politique de stigmatisation des habitants des quartiers populaires, pour tenter de se faire une place dans un débat public où les offensives islamophobes sont devenues monnaies courantes.

« Parents défaillants », élèves « fauteurs de trouble » ou « à la dérive »…des mots lourds de sens qui, de la bouche de Gabriel Attal, visent à faire des habitants des quartiers populaires des délinquants en puissance, soumis à « l’entrisme d’idéologies contraires à la République » et en particulier au « racisme islamiste qui va croissant et contre lequel nous devons lutter sans relâche ». De quoi donner du poids à l’imaginaire entretenu par l’extrême-droite sur les quartiers populaires, selon lequel « des jeunes filles ne sont pas libres de s’y promener sans voile si elles le souhaitent, qu’un jeune garçon ne peut pas manger ce qu’il souhaite quand il le souhaite ».

La brutalité des mesures s’inscrit dans la continuité de l’offensive autoritaire qui vise à la mise au pas de la jeunesse mais également la très importante répression qui a suivi la révolte des populaires suite à la mort de Nahel. Elle constitue aussi une fuite en avant autoritaire alors qu’après 100 jours de gouvernement Attal, la crise politique et institutionnelle demeure, tandis que la macronie doit désormais affronter le risque de se faire écraser par le RN lors des élections européennes. Une situation d’instabilité qui pousse le gouvernement à résoudre ces contradictions par une offensive toujours plus réactionnaire. 

Contre cette surenchère, le monde du travail et la jeunesse doivent opposer une réponse sur le terrain de la mobilisation. Alors que les mobilisations qui se poursuivent dans l’Éducation Nationale contre le manque de moyens et le « choc des savoirs » traduisent une politisation profonde des personnels, parents d’élèves et des élèves contre l’offensive autoritaire du gouvernement, il s’agit de généraliser cette colère dans une mobilisation d’ensemble contre le gouvernement et son offensive. C’est le seul moyen de les arrêter. 


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Erell Bleuen

@Erellux

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