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Libérez Georges Abdallah !

Scandale : la préfecture de police de Paris interdit le meeting en soutien à Georges Abdallah

Un jour avant un meeting réclamant la libération du plus vieux prisonnier politique de France, Georges Ibrahim Abdallah, la préfecture de Paris l’a interdit. Pour justifier cette mesure autoritaire, l’État n’hésite pas à aligner les mensonges et accusations graves.

Arthur Nicola

18 octobre 2023

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Scandale : la préfecture de police de Paris interdit le meeting en soutien à Georges Abdallah

Le soutien de l’État français à l’Etat d’Israël n’aura donc aucune limite. Ce mercredi devait se tenir à la Bourse du Travail parisienne un meeting réclamant la libération de Georges Ibrahim Abdallah, communiste libanais militant de la cause palestinienne. Incarcéré depuis 1984, il est le plus vieux prisonnier politique d’Europe, emprisonné suite à un procès rocambolesque dans lequel même son avocat d’origine était un agent des renseignements français. Libérable officiellement depuis 1999, l’Etat français a toujours refusé sa libération et une grande campagne internationale a lieu durant ce mois d’octobre afin de soutenir une énième demande de libération faite par son avocat.

Ce meeting, prévu bien avant le début du conflit en Palestine, a finalement été interdit par la préfecture de Paris dans la soirée du 17 octobre, moins d’un jour avant sa tenue. Dans son arrêté d’interdiction, Laurent Nuñez, préfet de Paris, énumère les mensonges pour justifier sa décision, expliquant que le meeting « serait le théâtre d’attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère anti-juifs, incitant à la haine raciale », ou encore qu’il « existe des risques sérieux que des propos antisémites soient tenus à l’occasion du colloque programmé ».

Alors que tous les organisateurs (la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, Révolution Permanente, le réseau Samidoun, le NPA, le collectif Palestine Vaincra, l’Association Nationale des Communiste, le Front Uni des immigrations et des quartiers populaires et la CGT Energie Paris) ont communiqué à de multiples reprises sur la guerre se déroulant sur le sol palestinien, aucun propos antisémites n’a jamais été tenu. Il s’agit donc de purs mensonges visant, une nouvelle fois, à mettre un trait d’égalité entre antisémitisme et soutien à la cause palestinienne pour la criminaliser.

Par ailleurs, le préfet de Paris s’appuie sur le fait que le collectif Palestine Vaincra et Samidoun ont fait l’objet de dénonciation au titre de l’article 40 pour « apologie du terrorisme ». Or cette procédure, qui se base uniquement sur le fait que ces organisations soutiennent la cause palestinienne, est en cours à l’initiative de l’État, et aucun jugement n’a eu lieu. Cette interdiction est donc ni plus ni moins qu’une nouvelle loi des suspects, où le simple fait qu’un ministre ait accusé une organisation suffit à lui interdire le droit à la parole.

Dans un communiqué, les organisateurs dénoncent que cette interdiction, qui s’inscrit dans « la continuité de la criminalisation inouïe du soutien au peuple palestinien de la part du gouvernement. La France est le seul pays où 100% des manifestations ont été interdites. Cette répression s’étend désormais à toutes les réunions publiques », rappelant que « hier encore, des manifestations en commémoration du 17 octobre 1961 ont été interdites quelques minutes avant qu’elles ne commencent ». L’interdiction de meeting de militants de la cause palestinienne ne sont pas un fait nouveau.

Libéré en décembre 2022 des geôles de l’Etat d’Israël après un an d’emprisonnement sans jugement, de nombreux meetings ont été interdit du fait de la présence de Salah Hamouri, avocat palestinien, à Nancy en mars, puis à Lyon en juin, et enfin à Montpellier en septembre. A Nancy et Lyon, les tribunaux avaient cassé les interdictions préfectorales. Plus récemment, c’est la militante Mariam Abu Daqqa féministe palestinienne qui a vu ses réunions publiques être interdites.

Alors que plus de 500 civils sont morts après un bombardement d’Israël sur un hôpital, l’Etat français veut empêcher toute solidarité avec le peuple palestinien. Dans son arrêté, il juge même que « la contre-offensive sur la bande de Gaza est de nature à amplifier les revendications et contestations, à radicaliser la mouvance propalestinienne et à importer les tensions nées de ce conflit à l’étranger ». En clair, pour Laurent Nuñez : le principal danger du massacre en cours, c’est que cela trouble l’ordre public en France, et se révolter contre les plus de 3000 morts palestiniens ces derniers jours est un crime.

Face à cette nouvelle offensive, une réponse se prépare. « Nous avons déposé avec Marion Ogier un référé-liberté face à cette interdiction » explique ainsi Me Elsa Marcel, avocate au barreau de Paris, qui précise qu’une audience au tribunal administratif aura lieu à 14h30. Par ailleurs, une conférence de presse des organisations à l’origine du meeting aura lieu ce soir à Paris pour dénoncer cette nouvelle mesure scandaleuse. Pour l’instant, la manifestation devant la prison où il est détenu, à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) ce samedi 21 octobre, est toujours autorisée.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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