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Agriculteurs

Salon de l’agriculture : toujours moins d’écologie, la crise persiste

Le salon de l’agriculture a rappelé deux choses. Macron n’en a pas fini avec la colère agricole. Il n’en a pas fini non plus avec la surenchère écocide.

Enzo Tresso

26 février

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Salon de l'agriculture : toujours moins d'écologie, la crise persiste

Rarement un salon de l’agriculture n’avait été aussi tourmenté. La répression policière et la colère agricole ont d’abord retardé l’ouverture au public, tandis que le chef de l’Etat, arrivé à huit heures, prenait grand soin d’ignorer les agriculteurs stationnés devant l’entrée du salon pour aller directement au petit déjeuner organisé avec les représentants syndicaux. Mais la politique de l’autruche n’a pas empêché, quatre heures plus tard, le président de la République de recevoir cris et insultes alors qu’il entamait sa visite. Pas moins de quatre compagnies de CRS ont dû intervenir dans le hall des animaux avant qu’il ne soit mis sous cloche, quelques instants plus tard, pour empêcher les visiteurs d’y accéder et permettre à Emmanuel Macron de continuer sa visite … dans des allées désertes

Ce nouveau couac dans la communication présidentielle a rappelé une première chose. Après les actions initiées la semaine dernière, notamment sur l’autoroute A62, à Marseille où l’aéroport, la gare et un musée ont été bloqués, ou encore au siège de Lactalis, occupé par des militants de la Confédération paysanne, les braises de la colère agricole sont loin d’être éteintes. En dépit des annonces écocides du gouvernement destinées à acheter le soutien de la FNSEA et les appels du syndicat de l’agro-business, le 1er février dernier, à mettre fins aux mobilisations, le salon de l’agriculture a ainsi été l’occasion pour la FNSEA, la Coordination rurale, syndicat proche du Rassemblement national, qui avait déjà organisé un défilé de tracteur à Paris le 23 février, et les Jeunes Agriculteurs (JA) d’appeler à des actions pour « accueillir » le chef de l’Etat.

Reçus à la mi-février par le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, les représentants de la FNSEA entendaient maintenir la pression sur le gouvernement pour s’assurer que les mesures écocides annoncées par le gouvernement pendant le mouvement de mobilisation soient bien appliquées. Pour acheter le soutien de l’agro-business et désamorcer la crise politique, le gouvernement avait fait le choix de la régression en renonçant au plan Ecophyto qui visait à réduire l’usage des substances phytopharmaceutiques, à l’origine de formes aiguës de pollution et de nombreux problèmes sanitaires, et le désarmement de la police environnementale de l’Office français de la biodiversité, agence de contrôle et de surveillance du respect des normes environnementales.

Une politique écocide que le chef de l’Etat s’est acharné à défendre ce samedi au Salon. Entre l’annulation du débat avec les associations écologiques et la nouvelle surenchère populiste contre les « normes », Emmanuel Macron a promis d’avancer à « à fond la caisse » sur la simplification, rappelant une seconde chose : le président de la République n’en a également pas fini avec la surenchère antiécologique.

Comme un symbole des difficultés qui se maintiennet mais aussi de l’incurie d’un tel programme, Macron a fini par évoquer l’idée d’un prix plancher, mesure que Marc Fesneau, le ministre de l’agriculture qualifiait de « soviétique » au micro d’Europe 1 et à laquelle s’était toujours opposé jusqu’alors le chef de l’Etat. Pour la porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat classé à gauche, Laurence Marandola, « poser le mot sur le concept de prix plancher est déjà une petite révolution ». La FNSEA demeure toutefois opposée à la mesure : « D’une région à l’autre on n’a pas les mêmes charges (…) le prix minimum on n’en veut pas parce que sinon ça nous bloquerait le prix vers le bas et finalement nous ramènerait vers un smic agricole ». En dépit de cette très maigre concession faite aux petits agriculteurs, la FNSEA bénéficie encore du rapport de force et obtient du président qu’il reconnaisse l’agriculture comme un « intérêt général majeur », une qualification juridique qui fera primer les intérêts de l’agro-business sur les considérations environnementales ou sanitaires : elle facilitera l’extension des exploitations même sur des sites auparavant protégés, l’installation de dispositifs polluants et l’usage de produits chimiques toxiques.

Ces mesures n’apportent aucune solution aux problèmes des petits agriculteurs et ouvrent la voie à de nouvelles mesures écocidaires qui mettent en danger la vie des agriculteurs. Présentée le 20 mars en Conseil des ministres, la future loi d’orientation agricole, annoncée pendant le salon, portera le sceau de la FNSEA et satisfera les intérêts des coopératives et des grands exploitants. Toujours moins d’écologie donc, mais pas de sortie de crise. Quant à savoir si le coup d’éclat de ce samedi ira au-delà du coup d’éclat, cela dépendra une fois de plus de la capacité des agriculteurs pauvres à dégager la FNSEA et tous les syndicats qui trahissent leurs colères, leurs mobilisations et leurs revendications.


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