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Boycottons les évaluations !

Les évaluations : l’obsession du ministère de l’éducation 

Voici venu le moment des évaluations qui rime avec celui de l'incompréhension pour les professeurs qui, à 3 semaines de la rentrée et donc à peine le programme entamé, se retrouvent déjà à devoir rendre des comptes au ministère de l’éducation sur le niveau des élèves ! Mais a quoi servent donc ces fameuses évaluations ?

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Après seulement deux semaines de rentrée on demande déjà des comptes sur le niveau des élèves, il s’agit de placer les enfants devant des ordinateurs et de les évaluer au niveau national. Un stress pour les enfants et les plus grands dont on se passerait bien, d’autant que l’on n’a toujours pas entendu les arguments pour faire subir aux élèves une telle pression à la rentabilité. Si pour beaucoup l’école ne rimait déjà pas avec plaisir, il va falloir serrer encore un peu plus les dents puisque tout en haut on veut des chiffres !

Alors pourquoi donc ces évaluations, qui n’apportent rien ni aux élèves ni aux profs et qui, en plus de faire perdre des heures précieuses d’enseignement, sont un stress pour les enfants ?

Elles ont commencé la semaine dernière au CP et au CE1 et elles vont bientôt commencer pour les sixièmes avec les mathématiques et le français. « Je vois pas pourquoi je les évaluerais sur des choses que je ne leur ai pas enseigné » témoigne Marie professeur de mathématiques à Pantin. Les évaluations ont en effet peu de sens pour les professeurs qui y voient une perte de temps précieuse mais surtout qui ne sont pas informés de l’utilité des évaluations. Il s’agirait à partir de ces données chiffrées de réaliser des statistiques nationales pour repérer les difficultés des élèves.

« Du bluff » puisque les difficultés des élèves les professeurs les connaissent déjà, elles sont celles du manque de moyen apporté à l’éducation qui se répercute indubitablement sur le niveau des élèves : « il nous manque toujours une collègue non remplacée depuis la rentrée ». À l’heure de la dégradation accélérée de leurs conditions de travail, il apparaît pour les professeurs plus qu’ironique que le ministère prétende chercher à comprendre ce qui ne fonctionne pas et avoir besoin de statistiques pour cela ! D’autant que la cartographie qui sera donnée de ces résultats sera celle qui fait ressortir des zones où les élèves sont en grande difficulté scolaire parce qu’en difficulté sociale. Cette cartographie visera donc plus à stigmatiser les milieux sociaux défavorisés. De fait, il n’existe donc pas de niveau national dans un pays ou subsistent de réelles inégalités.

« On se demande si finalement ce n’est pas aussi nous que l’on évalue ? si tout cela ne vise pas à évaluer les bons profs et les mauvais profs, en fonction de ces résultats et en dehors de toute réalité du terrain » se demande Marie. Les salaires étant bas, les profs cherchent en effet de plus en plus à les compléter par des heures supplémentaires, un statut de PP, des heures d’aides aux devoirs… et la carotte des primes pour ceux qui donneraient de bons résultats aux évaluations pourraient finalement doucement s’installer dans la logique méritocratique du gouvernement.

Jérôme prof de Français sur Aubervilliers témoigne sur ce qui pour lui pose problème : « Pour cette évaluation en français, les questions sont déconnectées de ce que tu leur apprends, le vocabulaire des questions est souvent très difficile pour des élèves qui arrivent en sixième, quand on entend en permanence qu’il faut une école inclusive tu te poses des questions, si nos élèves ne comprennent même pas le sens des questions ! Tout ceci est horrible puisque ça met les élèves en difficulté et ils sont très jeunes ! Piéger les élèves dès le début de l’année je vois pas trop le rapport avec la fameuse bienveillance ! »

Il ne s’agit plus finalement d’enseigner mais de préparer la prochaine évaluation, les élèves ne sont pas amenés à penser par eux-mêmes mais à devenir des machines à remplir les bonnes réponses pour la prochaine interro. Une scolarité rythmée en somme par les notes et la compétition qui ne donne pour résultat que de saper la confiance en eux des élèves.

La réforme Blanquer et la dégradation accélérée des conditions de travail va de pair avec la perte de sens du métier de professeur, celui-ci se retrouve à devoir ficher, évaluer et de moins en moins enseigner, ou donner goût aux apprentissages.L’école made in Blanquer est définitivement celle d’un projet de société bien particulier qu’il faut plus que jamais combattre ! Alors boycottons les évaluations en se positionnant collectivement dans nos salles de profs pour ne pas laisser les collègues de maths et de français seuls face à la direction. Refusons de faire passer ces évaluations qui ne riment définitivement pas avec éducation !


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