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Mépris de classe

« Le premier employeur c’est le trafic » : le patron du MEDEF étale son mépris pour le 93

Interrogé sur France Inter au sujet des révoltes de ces derniers jours, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a déclaré à propos de la pauvreté dans les quartiers défavorisés que le premier employeur de la Seine-Saint-Denis serait le trafic de drogue.

Cathu Isnard

4 juillet 2023

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« Le premier employeur c'est le trafic » : le patron du MEDEF étale son mépris pour le 93

Invité au micro de France Inter, Geoffroy Roux de Bézieux ne s’est pas fait prier pour déverser tout son racisme et son mépris de classe. Interrogé sur le lien entre les révoltes de ces derniers jours et la précarité systémique des habitants de quartiers populaires le président du Medef a déclaré : « il faut dire ce qui est, le premier employeur de Seine-Saint-Denis, c’est le trafic de drogue ». Une manière de légitimer la précarité des habitants de quartiers (puisque la faute est à l’économie souterraine), d’inverser cause et conséquence (l’économie souterraine est davantage le produit de la pauvreté que son origine) et donc de dédouaner les classes dominantes en plus de raconter n’importe quoi. Le président du Medef est d’ailleurs revenus sur ces propos au cours de la journée.

En disant cela, le premier patron de France crache au visage de tous les travailleurs de quartiers populaires, souvent précaires, en CDD ou en intérim, sous-payés et exerçant des travails pénibles comme la logistique, le transport, la garde d’enfant, le soin, etc. Autant de métiers qui ont permis à la société de continuer à tourner durant la crise sanitaire du covid-19, pendant que le Medef appelait à faire des sacrifices.

Cette sortie mensongère en réalité est loin d’être anodine à l’heure où la révolte de la jeunesse des quartiers, nourrie depuis des décennies par la répression policière, le racisme d’État et la précarisation, est fortement réprimée et criminalisée. Depuis une semaine, les [éditorialistes et syndicalistes policiers→https://www.revolutionpermanente.fr/Meurtre-policier-a-Nanterre-BFM-et-Cnews-criminalisent-la-victime-et-defendent-le-policier] se succèdent sur les plateaux pour donner leur analyse de la situation, consistant le plus souvent en une défense acharnée de la police et une criminalisation de le jeunesse de quartiers populaires. Cette fois, et en toute logique, c’est le président du Medef en personne qui vient jouer le chien de garde du capitalisme sur le plateau du 7-9 de France Inter.

En outre, alors que Emmanuel Macron appelle à traverser la rue ou à faire le tour du Vieux Port pour trouver un emploi, Geoffroy Roux de Bézieux de son côté dénonce la responsabilité des « chômeurs de quartier » malgré une offre abondante selon lui, citant l’exemple de la sécurité privée.

En réalité, ce sont bel et bien les gouvernements successifs qui, main dans la main avec le patronat français, sont responsables de la situation des quartiers populaires, et ont orchestré l’exclusion et la précarisation de cette jeunesse. En la condamnant à des emplois précaires et mal-payés, quand il ne l’exclut pas tout simplement du marché du travail, le patronat prive une jeunesse sur-exploitée de toute perspective d’amélioration de ses conditions de vie.

Mais tous les discours du patronat et du gouvernement ne sauraient détourner l’attention de ce qui est le cœur de cette révolte, le racisme d’État et les violences systémiques de la police. A l’heure où la droite et l’extrême droite joue à la surenchère réactionnaire et que le gouvernement promet toujours plus de répression et d’autoritarisme, il est plus qu’urgent que l’ensemble de la gauche politique et syndicale se solidarise activement des quartiers. À commencer par appeler à une présence massive à la manifestation du 8 juillet en hommage à la mort d’Adama Traoré, tué par la police en 2016, pour revendiquer la justice et vérité pour toutes les victimes des violences policières, et l’amnistie de toutes les personnes interpellées lors des révoltes ces derniers jours.


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