×

Etats-Unis

Jewish Voice for Peace : « Vont-ils écraser le plus grand mouvement étudiant depuis le Vietnam ? »

Dans sa newsletter, The Wire, l’organisation étasunienne Jewish Voice for Peace revient sur la situation de la mobilisation étudiante pour la Palestine ces derniers jours, entre extension du mouvement et répression brutale.

2 mai

Facebook Twitter
Audio
Jewish Voice for Peace : « Vont-ils écraser le plus grand mouvement étudiant depuis le Vietnam ? »

Crédits photo : étudiants de Columbia célébrant Shabbat dans le campement le 27 avril 2024.

Source : The Wire, Jewish Voice for Peace

En l’espace de quelques jours, des dizaines de campements de solidarité avec Gaza ont vu le jour sur plus d’une centaine de campus universitaires à travers les États-Unis. Il s’agit du plus grand mouvement étudiant depuis les manifestations contre la guerre qui ont balayé les universités américaines dans les années 1960.

Au fur et à mesure que les campements se construisaient dans tout le pays, les étudiants ont appelé pacifiquement à ce que leurs universités se désengagent de l’oppression d’Israël sur les Palestiniens. En réponse, de nombreuses administrations universitaires appellent la police sur les campus pour réprimer violemment les étudiants.

Depuis plus de six mois, des dizaines de milliers de Juifs et d’innombrables autres personnes conscientes se battent pour mettre fin au génocide qu’Israël commet contre les Palestiniens de Gaza. Nous continuons à exiger que l’administration Biden mette fin à son soutien à l’armée israélienne.

Le plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam

Alors que le mouvement en faveur d’un cessez-le-feu prend de l’ampleur, des milliers d’étudiants à travers le pays se sont organisés pour demander à leurs universités de couper leurs liens avec le régime d’apartheid israélien. Plus de 100 campements de solidarité avec Gaza ont été établis sur les campus à travers le pays, récupérant les espaces pour en faire des « zones libérées » et des « universités populaires pour Gaza ». Les sections étudiantes de Jewish Voice for Peace ont participé à l’organisation d’au moins 47 de ces campements.

À l’université de Chicago, les étudiants ont créé l’« université populaire pour Gaza » sur la cour principale du campus. Des panneaux peints portant les mots d’ordre « Disclose, divest, and repair » (Révèle, désengage et répare, NdT) et « In solidarity with Gaza forever » ont été érigés autour du campement. À l’université du Minnesota, après que leur campement pro-palestinien ait été évacué et que neuf personnes aient été arrêtées la semaine dernière, des centaines d’étudiants protestataires ont installé un nouveau campement lundi, se tenant par la main pour le protéger après que de nouvelles arrestations aient été menacées.

Et ainsi de suite, sur plus d’une centaine de campus à travers le pays.
En réponse à ces manifestations pacifiques d’étudiants contre la guerre et le génocide, de nombreuses administrations scolaires ont demandé à la police d’intervenir sur les campus pour y mener des opérations de répression violentes.

Répression violente à l’université de Columbia et au City College

À l’université de Columbia, les négociations ont été rompues et l’université a commencé à prononcer de nouvelles exclusions lundi. En réaction, des centaines d’étudiants et de professeurs de Columbia ont occupé le Hamilton Hall, l’un des bâtiments occupés par les étudiants mobilisés contre la guerre en 1968. Les professeurs se sont joints aux étudiants pour protéger les manifestants à l’intérieur.

Les étudiants ont rebaptisé le bâtiment occupé « Hind’s Hall », en hommage à Hind Rajab, 6 ans, assassinée avec sa famille par l’armée israélienne à Gaza. Pendant des heures, Hind s’est vidée de son sang alors que les forces israéliennes tiraient sur les ambulances qui tentaient de l’atteindre. Mardi soir, l’administration de Columbia a de nouveau fait appel à la police contre ses propres étudiants.

Alors que les étudiants journalistes étaient confinés dans le Pulitzer Hall et qu’on leur expliquait qu’ils seraient arrêtés s’ils le quittaient, des centaines de policiers de la police de New York en tenue anti-émeute ont envahi le campus de Columbia pour disperser par la force le campement et déloger les étudiants qui occupaient le Hind’s Hall. Les policiers ont déployé un véhicule blindé pour entrer dans Hind’s Hall et ont brutalisé les dizaines d’étudiants protestataires qui ne faisaient rien d’autre qu’occuper pacifiquement un bâtiment sur leur propre campus.

Une vidéo montre un manifestant jeté dans les escaliers ; une autre montre des policiers entrant dans le Hind’s Hall, armes au poing, pour affronter les manifestants non armés qui se trouvaient à l’intérieur. À quelques kilomètres de là, des dizaines de policiers ont été déployés dans le cadre d’un raid simultané visant à réprimer les manifestants à CCNY (City College of New-York), où la police a également fait un usage démesuré de la force à l’encontre d’étudiants pacifiques, procédant à des dizaines d’arrestations. Dans toute la ville, des centaines de manifestants ont été arrêtés.

À l’antenne, un journaliste étudiant de la station de radio de Columbia a retenu ses larmes en apprenant que le président de Columbia, Minouche Shafik, avait demandé à la police de New York de rester sur le campus jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Répression violente à UCLA

À UCLA (Université de Californie Los Angeles), des dizaines de milliers de dollars de crowdfunding ont permis de transporter des agitateurs sionistes sur le campus, où ils ont encerclé des étudiants protestataires. Dans une vidéo, on voit une femme brandissant un drapeau israélien crier aux étudiants : « Allez en Palestine. J’espère qu’ils vous violeront ».

Mardi soir, des « justiciers masqués » sionistes venus de l’extérieur du campus ont tenté de démolir le campement des étudiants. Ils ont frappé les étudiants avec des battes, leur ont jeté des briques, les ont aspergé de gaz lacrymogène et ont tiré des feux d’artifice sur les manifestants, le tout sous les yeux de la police. Plus tard dans la nuit, des journalistes étudiants de UCLA qui marchaient sur le campus ont été suivis et agressés par des contre-manifestants sionistes.

Une répression violente dans tout le pays

Alors que des dizaines de campements sont érigés à travers le pays, les étudiants qui appellent pacifiquement au désinvestissement de l’oppression des Palestiniens par Israël sont confrontés à une répression de plus en plus violente de la part de l’État.

Des policiers en tenue anti-émeute ont été appelés pour nettoyer les campements par la force et plus de 1 000 étudiants ont été arrêtés au total. Des vidéos prises lors de descentes de police montrent des étudiants et des professeurs jetés au sol, menottés, bousculés, battus et traînés par des policiers militarisés.

Dans tout le pays, les policiers utilisent des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur les étudiants, dont beaucoup sont encore adolescents, à la demande des administrateurs universitaires qui prétendent se soucier de leur sécurité. À l’université d’État de l’Arizona, des vidéos montrent des policiers en train d’arracher les hijabs de manifestantes musulmanes. À Tulane, la police montée a traversé le campement des étudiants.

Les agitateurs pro-israéliens font également tout ce qui est en leur pouvoir pour salir les manifestants et faire fermer les campements par la force. Lorsqu’un homme brandissant un drapeau israélien s’est présenté au campement de solidarité avec Gaza de l’université de Northeastern et a crié « tuez les juifs », l’université a fait arrêter 100 étudiants protestataires pro-palestiniens en réponse. L’administration de Northeastern a justifié la répression dans une déclaration citant cette menace antisémite - en oubliant de préciser que c’était un provocateur pro-israélien qui avait proféré cette menace.

Il est clair que la seule violence qui se produit sur les campus américains est perpétrée par l’État et les agitateurs sionistes. Pourtant, les médias américains et les politiciens pro-génocide se sont donné beaucoup de mal pour dépeindre les manifestations pacifiques d’étudiants contre la guerre comme une foule violente et antisémite, afin de justifier la répression de plus en plus brutale du droit de manifester.

Nous pouvons gagner - lorsque nous nous organisons.

Les tentatives de dénigrement du plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam ne nous détourneront pas du travail urgent à accomplir : mettre fin au génocide à Gaza. Les Palestiniens creusent avec leurs mains pour déterrer les corps de leurs proches enveloppés dans du plastique et jetés dans des fosses communes à l’extérieur des hôpitaux Nasser et Al-Shifa, certains d’entre eux ayant les mains liées, d’autres étant toujours reliés à des perfusions. Comme l’a dit l’écrivain palestinien Mohammed El Kurd : « Nous sommes en train de mourir. Restez attentifs. »

Nos mouvements continuent d’être inspirés par la fermeté de ces étudiants courageux face à la violence de l’État et aux attaques incessantes à leur égard.

Lorsque nous nous organisons, nous voyons des résultats. Lundi, après cinq jours consécutifs de manifestations, les étudiants de Northwestern ont obtenu une série de concessions de la part de leur université, notamment une plus grande transparence sur les investissements de l’école. À New York, plus de 90 % des étudiants de Barnard ont voté en faveur du « désinvestissement » de l’université de l’apartheid israélien, et à Rhode Island, les étudiants ont réussi à faire pression sur les administrateurs de l’université Brown pour qu’ils organisent un vote sur le désinvestissement.

Notre solidarité est plus forte que ceux qui cherchent à nous diviser et à nous dresser les uns contre les autres. Mais notre travail ne fait que commencer. Près de sept mois après le début du génocide perpétré par le gouvernement israélien, nous continuons à nous battre pour obtenir un cessez-le-feu permanent. Alors que les étudiants de tout le pays tiennent bon et intensifient leurs tactiques face à la violence croissante de l’État, il est essentiel que nos mouvements poursuivent l’élan que nous avons créé.

Traduction : Révolution Permanente


Facebook Twitter
Pourquoi le vote du dégel du corps électoral a fait exploser la colère du peuple kanak ?

Pourquoi le vote du dégel du corps électoral a fait exploser la colère du peuple kanak ?

Tortures, humiliations, amputations… : CNN révèle l'horreur d'un camp de détention de Palestiniens

Tortures, humiliations, amputations… : CNN révèle l’horreur d’un camp de détention de Palestiniens

État d'urgence, armée, réseaux sociaux coupés : face à la répression coloniale, soutien au peuple kanak !

État d’urgence, armée, réseaux sociaux coupés : face à la répression coloniale, soutien au peuple kanak !

Kanaky : après l'adoption de la loi coloniale, l'État réprime la révolte dans le sang

Kanaky : après l’adoption de la loi coloniale, l’État réprime la révolte dans le sang

Interdiction de TikTok en Kanaky : une censure grave pour empêcher la mobilisation

Interdiction de TikTok en Kanaky : une censure grave pour empêcher la mobilisation

Tarifs douaniers records : Joe Biden intensifie l'offensive contre la Chine avant les élections

Tarifs douaniers records : Joe Biden intensifie l’offensive contre la Chine avant les élections

États-Unis : où en est le mouvement de solidarité avec la Palestine ?

États-Unis : où en est le mouvement de solidarité avec la Palestine ?

Xénophobie : les agents de Frontex bientôt déployés en Belgique pour traquer et expulser les migrants

Xénophobie : les agents de Frontex bientôt déployés en Belgique pour traquer et expulser les migrants