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Bordeaux

« Elior, tu vas payer ! » : Les agents de services hospitaliers convergent pour afficher leur colère

Pour leur première journée de grève commune, les ASH de plusieurs sites hospitaliers bordelais se sont réunies devant l’ARS ce jeudi. Accompagnées par des soutiens, elles ont adressé un message clair à leur direction : tant que les conditions de travail et les salaires ne bougent pas, elles étendront et amplifieront la mobilisation.

Yann Causs

20 octobre 2023

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« Elior, tu vas payer ! » : Les agents de services hospitaliers convergent pour afficher leur colère

Révolution permanente

« Elior, Elior, tu vas payer ou ça va péter », scandent de toutes leurs forces les agents de services hospitaliers. Ce jeudi midi, dans une ambiance festive, combative et déterminée, plusieurs dizaines d’ASH (Agent de service hospitalier) étaient rassemblées devant l’Agence Régionale de Santé de Gironde à Bordeaux pour exprimer leur colère. Des délégations de plusieurs sites étaient présentes : Langon, le CHU de Pellegrin, de Haut Lévêque, de Saint-André ou encore de la clinique mutualiste de Pessac. Toutes sont venues dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des augmentations de salaires.

Convergence de colère contre Elior et les conditions de travail imposées

À l’initiative des ASH de l’hôpital de Langon, en grève depuis 3 semaines, ce rassemblement a vu le jour grâce au travail d’expansion du conflit des grévistes, qui ont multiplié les tournées dans les différents sites. Au micro de Révolution Permanente, Francesca revient sur cette démarche : « Au début, on était seuls, on a essayé de nous mettre des bâtons dans les roues. Mais on n’a pas arrêté, on a trouvé du soutien, on est allé voir sur les autres sites pour voir si les conditions de travail étaient les mêmes et on s’est aperçu qu’elles étaient similaires, voire pires. À partir de là et des discussions, on a vite vu que les agents d’autres sites étaient prêts à suivre la mobilisation. »

En effet, sur le rassemblement, entre deux danses et cris de slogans, la colère était palpable pour l’ensemble des ASH. La délégation de grévistes du CHU de Pellegrin s’insurge au micro de Révolution Permanente, à l’image d’Arlette, ASH depuis 2 ans au CHU : « On se réveille à 4 heures du matin, on commence à travailler à 5 heures, on n’est pas payés pour les heures de nuit, on fait le travail de deux personnes, on fait des heures supplémentaires, on n’a pas de chaussures de sécurité, on est obligé de laver nos blouses infectées chez nous, car Elior ne le fait pas. »

À sa suite, une seconde ASH prend la parole et dénonce le mépris quotidien qu’elles subissent : « Le pire, c’était après le Covid, on n’a eu zéro prime. J’ai travaillé jours et nuits, le matin, le soir je faisais des remplacements à la crèche. L’État l’a promis pour tout l’hôpital, mais nous, ASH, on n’a rien eu. Je peux vous dire que le salaire, ce n’est pas ça qui nous donne le moral, au contraire, on continue de travailler seulement par la pression. Sans cesse : "fais ça, puis ça, après fais ça", ça ne s’arrête pas. On doit nettoyer les boxes en deux heures, c’est de la folie. Et quand on a fini, on nous dit "fais les plaintes, fais les sols, fais l’auto-laveuse". On n’en peut plus, on en a marre. Tous les matins, on vient la boule au ventre avec le stress, à 5 heures même pas un bonjour, un merci. » Au milieu de la conversation, une ASH ajoute que ceux-ci sont payés « à la tâche, pas à l’heure. Ça veut dire que même pendant nos pauses, on n’est pas payés ! »

Les grévistes interpellent en chœur leur direction : « Venez voir ce qu’on fait, nettoyez rien qu’un box et voyez combien de temps ça prend avec le matériel que vous nous fournissez. On va voir si, comme nous, vous pouvez couvrir tout le CHU de Pellegrin en une journée, vous allez comprendre qu’on n’est pas Spiderman. »

« Ce n’est que le début »

« Demain, on continue la grève, on ne retourne pas travailler, il faut qu’ils nous écoutent », lance Arlette pour donner le ton de la suite. En effet, reçus en délégation ce jeudi par l’ARS, les ASH ont été surpris de constater que cette dernière prétendait ne pas être au courant de leur condition de travail. Francesca nous explique : « On leur a fait part de la manière dont nous étions traité à Elior, ils nous ont dit qu’ils n’étaient pas au courant. Pour nous, il est important d’être clair avec eux, de les responsabiliser pour qu’ils ne puissent plus dire demain qu’ils ne savaient pas. Maintenant, il faut qu’ils agissent. »

Francesca dresse un bilan positif de cette journée qui n’est pour elle qu’une étape : « Le rassemblement d’aujourd’hui ça nous fait énormément de bien, nous nous sommes retrouvé entre collègues de différents sites. Toutes les ASH sont courageuses, ce n’est pas évident pour nous, mais nous allons poursuivre, et je suis convaincu que le mouvement va continuer de grandir. Nous ne sommes que la première ligne, d’autres vont nous suivre derrière. »

Enfin, lors des prises de paroles, Marie-Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT blanchisserie du CHU de Bordeaux et militante à Révolution Permanente a souligné à nouveau les aspects positifs de cette mobilisation : « Ce rassemblement inter-site n’aurait jamais été possible sans votre investissement corps et âme depuis Langon, sans être syndiqués et sans l’appui de syndicats pour faire tache d’huile ! Maintenant, votre grève a énormément de potentiel, et elle vous appartient entièrement. Elle est à vous, c’est vous qui décidez et personne d’autre. Nous serons à vos côtés, nous vous soutiendrons, et nous militerons vos décisions à vos côtés. »

Les travailleuses de chaque site se sont retrouvées dès le lendemain devant la clinique mutualiste à partir de 9h30, et elles donnent rendez-vous lundi matin devant le CHU de Pellegrin pour venir les soutenir. En optant pour l’instant sur une méthode de piquet tournant sur les différents sites, les grévistes ont la volonté de maintenir cette coordination et de continuer à étendre la grève. Consciente d’avoir la possibilité de construire une grève importante et qui peut aller jusqu’au bout, elles attaquent ce défi avec un enthousiasme contagieux.

Pour les aider dès à présent, remplissez et partagez la caisse de grève en ligne qui va être un pivot central de la bataille en cours. Signez et partagez également leur pétition qui appuie leurs revendications.


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