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Guerre sociale

Baisse du montant et de la durée des indemnités : Attal prépare son attaque contre les chômeurs

Le premier ministre Gabriel Attal a esquissé ce vendredi les contours d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, qui s’inscrit dans la continuité de l’offensive austéritaire généralisée du gouvernement contre les classes populaires.

Arsène Justo

26 février

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Baisse du montant et de la durée des indemnités : Attal prépare son attaque contre les chômeurs

Ce vendredi, à l’occasion d’un déplacement en Charente-maritime savamment orchestré, au cours duquel Gabriel Attal a « rencontré » une dizaine de français triés sur le volet, le premier ministre a annoncé un nouveau projet de réforme de l’assurance chômage. Si ses contours sont pour l’heure encore flous, il est d’ores et déjà prévisible qu’elle s’attaquera à la durée des indemnisations et à leur montant, ciblant de manière prioritaire les plus de 55 ans.

Le JDD rapporte, dans un article dont le lyrisme frôle la caricature, une conversation entre Attal et plusieurs petits patrons, qui font part au nouveau premier ministre des difficultés qu’ils éprouvent à recruter. Une occasion rêvée pour ce dernier de rappeler son diagnostic antisocial de la situation : « une partie des Français [ces petits patrons] ne supporte plus de ne pas vivre de leur travail, de ne toucher aucune aide tout en finançant un système qui permet à d’autres de ne pas travailler ! »

Le ministre poursuit aussitôt : « on est passé de 24 à 18 mois de durée d’indemnisation, on peut encore la réduire. On peut aussi accentuer la dégressivité des allocations, cela fera partie des discussions ». Autrement dit, la solution d’Attal implique d’indemniser les chômeurs moins longtemps et à un montant inférieur. Une déclaration qui n’est pas sans précédent. Le Monde évoque ainsi les propos du ministre de l’économie Bruno Le Maire qui n’a cessé de «  marteler qu’il fallait diminuer la durée de versement de la prestation aux demandeurs d’emploi de plus de 55 ans » et note qu’« Emmanuel Macron a exprimé le souhait d’introduire des dispositions “plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées” ». Comme l’analyse encore le quotidien, l’actuel premier ministre avait déjà envoyé des signaux forts au patronat : « pendant sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, M. Attal a tenu à prévenir les syndicats et le patronat, qui cogèrent l’assurance-chômage par le biais de l’Unédic : si la trajectoire financière du régime “dévie”, il demandera aux partenaires sociaux de rouvrir la réflexion “sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage” gouvernementale, dont la finalité serait d’ “inciter toujours plus à la reprise du travail, sans tabou” ».

Pour autant, de telles déclarations ne visent, d’après le premier ministre, à « stigmatiser personne ». Il ferait, en effet, « très attention » à ne pas employer le terme d’ « assistanat ». Nous voilà rassurés : les chômeurs seront encore plus fliqués, traqués, précarisés, utilisés comme boucs émissaires, mais au moins le gouvernement nous promet qu’il ne les insultera pas.

En réalité, Gabriel Attal tâte le terrain. Alors que le gouvernement traverse avec difficulté la crise agricole qui persiste, une nouvelle réforme pourrait conduire à une explosion sociale. Comme le rappelle d’ailleurs l’économiste Michel Abervhé dans Alternatives économiques, l’argument économique qui sous-tend cette nouvelle réforme est exactement l’inverse de celui dont le gouvernement s’était servi pour justifier la précédente réforme, entrée en vigueur le 1er février 2023, qui réduisait déjà la durée des indemnisations. Alors que le gouvernement affirmait que l’amélioration de la situation du marché du travail justifiait de durcir les conditions des aides sociales, il soutient désormais, maintenant que le chômage regagne du terrain, qu’il faut durcir les règles pour contraindre les travailleurs inoccupés à chercher un emploi. La nouvelle réforme d’Attal - la quatrième à s’attaquer à l’assurance chômage depuis l’élection d’Emmanuel Macron – s’inscrit de part en part dans le projet austéritaire du gouvernement, qui, loin de se soucier de la cohérence, entend maximiser les économies qu’il lui sera possible de faire sur le dos des chômeurs.

Cette nouvelle réforme prend en effet place dans une batterie plus globale d’attaques contre les classes populaires. Après la réforme des retraites qui a repoussé l’âge de départ à la retraite à 64 ans et la loi immigration qui s’attaque violemment aux droits et aux aides des travailleurs étrangers, le gouvernement prépare notamment de nouvelles attaques contre le remboursement des soins liés aux ALD, contre les « arrêts maladie abusifs », contre les aides à la formation professionnelle, contre le budget de l’éducation et de l’enseigneùent supérieur, contre les logements sociaux, ou encore contre le code du travail.

Cette nouvelle réforme, aux côtés des autres mesures anti-sociales du gouvernement, vise à faire payer aux plus précaires la crise du système capitaliste et à faire des économies sur le dos des chômeurs pendant que le patronat fait une nouvelle fois des profits records et que le budget de l’armée explose. Interrogé par le JDD sur le risque qu’une telle réforme « [réveille] la colère sociale », le premier ministre a répondu « oui, et ? ». Ne le décevons pas.


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