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Stellantis

Pendant que Tavares gagne 100 000€ par jour, Stellantis supprime 900 postes sur le site de Metz-Borny

La direction du groupe Stellantis a annoncé des délocalisations et des suppressions massives de postes sur le site de Metz-Borny dans le Grand Est. Face aux demandes de reconversion du site portée par les ouvriers, elle garde le silence et lâche des miettes.

Augustin Tagèl

22 mars

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Pendant que Tavares gagne 100 000€ par jour, Stellantis supprime 900 postes sur le site de Metz-Borny

Crédit photo : X (anciennement Twitter) de Stellantis

« On entre dans le dur », nous prévient Jean Charles Payet, délégué syndical CGT à l’usine Stellantis de Metz-Borny où la direction a prévu de supprimer 900 emplois. « Les annonces de la direction ont été faites il y a quelque temps, mais les effets arrivent maintenant », explique-t-il avant de détailler la production du site : « Ici on fait 3 types de boites de vitesse manuelle. Deux seront impactées dans le courant 2024. En juin, un premier atelier va diminuer la production de 50% et en fin d’année un second cessera complètement de fonctionner ». En termes de casse de l’emploi, les dégâts sont déjà prévisibles et dénoncés par la CGT : « ça représente 900 emplois menacés en tout à moyen terme sur le site ».

Le prétexte mis en avant par la direction pour mettre à la porte ses salariés ? Le passage à la production de véhicules électriques dans le cadre de la transition écologique. « Deux co-entreprises ont été créées pour ça, une fabriquant des boites de vitesse électrifiées et l’autre des moteurs électriques sur le site de Trémery », poursuit le délégué syndical, « la direction encourage la mobilité vers ces co-entreprises, mais ce n’est pas juste un changement d’atelier, c’est un changement d’entreprise, qui implique de démissionner de Stellantis. Pour nous c’est évidemment une forme de sous-traitance ». Sur le site, le pôle électrique devrait prendre environ 500 emplois, alors que la production thermique embauchait 1500 ouvriers, une réduction drastique.

Face à ce bouleversement qui laissera de nombreux ouvriers sur le carreau, la CGT a des revendications claires : « la première chose que nous portons c’est de fabriquer sur place, sur notre site, les pièces qui seront assemblées dans les co-entreprises. Il faut reconvertir l’usine. D’une part ça permettra de replacer l’ensemble des ouvriers qualifiés et de pérenniser le site, mais d’autre part ça contribuera à la transition écologique ».

En effet, alors que la multinationale se targue de se préoccuper de l’environnement en passant à la production électrique, l’ensemble des pièces qui seront assemblées en France seront importées. « Ils parlent de transition écologique mais leurs pièces proviennent du monde entier ! Il n’y aura plus que de l’assemblage à Metz ! », dénonce Jean-Charles Payet. Et à propos des nouveaux postes d’assemblage, il dénonce une déqualification et une précarisation à venir : « Ils n’emploient que des ouvriers peu qualifier, donc facilement remplaçables, avec une forte part d’intérimaires et de précaires. Déjà aujourd’hui, l’usine tourne avec près d’un ouvrier sur huit en intérim ».

Dans un second temps, la CGT revendique une meilleure répartition du travail et des départs. « Nous avons un accord qui permettait aux anciens de l’usine de parti trois ans plus tôt à la retraite, mais la direction considère que sur certains postes, ce sont des métiers en tension, et qu’elle a besoin de ces ouvriers jusqu’au bout ! On se retrouve dans une situation absurde, où les jeunes sont poussés dehors avec la casse de l’emploi alors que les anciens sont obligés de continuer de travailler. Ceux qui ont fait 35 ans de chaîne doivent pouvoir partir plus tôt ! Nous revendiquons l’élargissement de cette mesure à tous les ouvriers sans exception ».

Derrière l’ensemble du plan proposé par la direction, l’ouvrier dénonce l’hypocrisie du patronat : « les constructeurs qui se dirigent vers l’électrique sont loin d’être perdant. Ce sont des voitures à très forte marge, vendues excessivement chères, et sachant qu’il faut quatre fois moins d’ouvrier pour produire une électrique qu’une thermique, c’est doublement intéressant pour le patron ! Tout cela augmente les profits ».

Devant les dernières révélations du salaire du président du groupe, Carlos Tavares, le sort réservé aux salariés du site Stellantis de Metz est d’autant plus scandaleux. « C’est extraordinaire, le président gagne 100 000€ par jour et nous dit qu’il faut se serrer la ceinture ! » s’insurge en ce sens le syndicaliste. De la même manière, comme le rappelle le communiqué publié par la CGT Stellantis : « Cette année encore, Stellantis a annoncé un nouveau record de bénéfices à 18,6 milliards d’euros. Ces profits sont les fruits de la politique de casse sociale du groupe avec la destruction de plus de 130 000 emplois dans le groupe depuis 3 ans ».

De son côté la direction fait pour le moment la sourde oreille aux revendications des ouvriers, et n’a promis que la mise en place d’un petit atelier d’assemblage qui absorberait entre 50 et 60 emplois, bien en deçà de la casse. Quant à la possibilité d’une reconversion de l’usine pour la production des pièces, la direction n’a donné aucune suite.

Au-delà de Stellantis, Jean Charles Payet dénonce une dynamique qui s’étend à l’ensemble du milieu automobile : « Les productions sont délocalisées, les directions jouent au Monopoly pour aller là où il a des subventions, tout en cassant l’emploi localement. Pas seulement en France, mais sur tous les groupes à l’international ».

Contre la casse sociale et les patrons qui utilisent tous les moyens possibles pour augmenter leurs profits, il faut interdire les licenciements et répartir le temps de travail pour que chaque travailleur puisse avoir un emploi et partir à la retraite en avance après une carrière pénible ! Plus encore, il faut exiger les reconversions des usines, qui sont de vrais pas en avant dans la transition écologique, et dénoncer l’hypocrisie des patrons qui utilisent jusqu’à la catastrophe climatique pour précariser toujours plus les travailleurs.


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