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A propos du communiqué unitaire

Parce que « notre pays est en deuil et en colère », il faut construire une riposte d’ensemble

Ce mercredi, 90 organisations politiques et syndicales signaient un communiqué exigeant des mesures en faveur de l’apaisement face aux révoltes de la jeunesse des quartiers populaires et à la répression du gouvernement. Une démarche progressiste, qui se place du côté des quartiers populaires, mais qui se centre sur une stratégie d’interpellation du gouvernement et de réforme de l’institution policière. RP a donc choisi de ne pas signer, tout en s’associant aux mobilisations appelées ce samedi.

Révolution Permanente

7 juillet 2023

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Parce que « notre pays est en deuil et en colère », il faut construire une riposte d'ensemble

Ce mercredi, 90 organisations politiques, syndicales et collectifs tels que LFI, EELV, le NPA, Solidaires, la CGT mais aussi le Comité Adama, le Comité lumière pour Sabri, Dernière rénovation ou Alternatiba publiaient un communiqué unitaire. Face à la révolte des quartiers populaires qui a secoué le pays depuis le 27 juin, le texte prend position contre des « décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires » et de « racisme systémique » à la racine de la colère actuelle.

Il appelle ensuite le gouvernement à des mesures pour permettre un « apaisement durable », allant de l’abrogation de la loi de 2017 à une « réforme en profondeur de la police » en passant par la création d’un organisme indépendant de contrôle de la police, avant de se conclure à un appel à « rejoindre tous les rassemblements et marches autour de ces revendications, partout dans le pays à partir du mercredi 5 juillet, à l’exemple de la marche organisée par le Comité Vérité et Justice pour Adama le 8 juillet, à Beaumont-sur-Oise, et de celle de la Coordination Nationale contre les violences policières du 15 juillet » ainsi qu’à des « marches citoyennes le samedi 8 juillet dans toute la France et les territoires ultra-marins. »

Cette démarche est progressiste dans la mesure où, associant des syndicats, des organisations de gauche, mais aussi des collectifs antiracistes, féministes, LGBT ou écologistes, elle marque une rupture par rapport à l’isolement total dans lequel était restée la révolte de 2005. De nombreux militants antiracistes se sont ainsi félicités à juste titre qu’une large partie de la gauche se place ouvertement du côté des quartiers populaires, à l’heure où le gouvernement tente de criminaliser la révolte pour légitimer une répression brutale.

Si Révolution Permanente a tenu à participer aux réunions du cadre qui a débouché sur le communiqué, nous avons cependant finalement choisi de ne pas le signer. Nous partageons entièrement la démarche de répondre dans l’unité à l’offensive du gouvernement contre les révoltes, et de chercher à dessiner des perspectives pour en finir avec le racisme d’État, les violences policières et plus largement la misère sociale. Cependant, à l’heure de la surenchère de mesures réactionnaires du côté de Macron, nous ne pensons pas que la réponse à apporter puisse passer par une interpellation du gouvernement.

Or, en appelant celui-ci à prendre « ses responsabilités et apporte[r] des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement », le communiqué tend à placer cet enjeu au centre, et ce alors que Macron annonce sa volonté de « sanctions financières » contre les familles des quartiers populaires, de censurer les réseaux sociaux, et est à l’origine de la répression judiciaire brutale qui s’abat sur des mineurs et jeunes adultes ces derniers jours. Pour nous, l’heure doit être à la construction d’une riposte d’ampleur, après des mois de bataille des retraites qui ont démontré combien le gouvernement ne comprenait que le rapport de forces. De ce point de vue, l’appel à manifester le 8 juillet dans toute la France, mais aussi le 15 juillet, ne doit pas être le seul point d’arrivée d’une démarche unitaire, mais bien le premier pas dans la perspective de construire un mouvement d’ensemble, ouvrier et populaire, face aux attaques de Macron et son offensive autoritaire.

Dans le même temps, nous regrettons que les revendications présentées demeurent enfermées dans le cadre d’un projet de réforme de l’institution policière, structurellement violente et raciste. L’heure devrait être à une opposition plus ferme à la répression en cours, en évitant des expressions malheureuses comme « escalade des violences » qui tend à mettre sur un pied d’égalité les expressions de colère et révolte de la jeunesse des quartiers et celle de la répression policière et judiciaire, comme le souligne la Marche des Solidarités. En ce sens, il est urgent d’exiger l’amnistie de l’ensemble des jeunes interpellés, l’abrogation de l’ensemble des lois sécuritaires et racistes ou l’abandon de la loi immigration, mais aussi de porter un programme qui permette de construire une riposte d’ensemble. Celui-ci devrait articuler la lutte contre le durcissement du régime aux enjeux de salaires, de retraites, de partage du temps de travail et des services publics, pour permettre de nouer de façon durable l’alliance entre les quartiers populaires et les organisations du monde du travail qui n’a pas été rendue possible au cours des derniers mois.

Pour toutes ces raisons, Révolution Permanente a choisi de ne pas s’associer au texte. Nous continuerons de participer à l’ensemble des initiatives unitaires et mobilisations dans les jours et semaines à venir, à l’image du rassemblement large tenu ce mercredi à Toulouse ou du recours face à la décision scandaleuse de la préfecture du Val d’Oise d’interdire la marche pour Adama, en continuant d’y défendre l’enjeu d’une riposte par la grève et l’action, mobilisant l’ensemble des secteurs de notre classe. A l’heure où le régime se durcit, où la droite et l’extrême-droite surenchérissent sur un terrain raciste et sécuritaire, seule une telle perspective, sans illusion dans la possibilité d’une réponse gouvernementale à la colère, nous semble à la hauteur des enjeux.


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