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Anti-colonialisme

Les troupes françaises commencent à fuir le Niger : achevons la Françafrique !

Alors que les troupes françaises au Niger sont en train de plier bagage, pourquoi ne pas renvoyer dans l’Hexagone toutes les forces projetées de l’impérialisme français ?

Arthur Nicola

5 octobre 2023

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Les troupes françaises commencent à fuir le Niger : achevons la Françafrique !

Crédits photos : Ejército del Aire y del Espacio / CC BY-NC 2.0 DEED

La crise au Niger aura finalement eu le dernier mot sur la présence des 1500 militaires français au Niger. Après trois mois de doutes sur une éventuelle intervention de la Cédéao, voir de la France, après deux mois de déclarations arrogantes et suffisantes d’Emmanuel Macron et Catherine Colonna, ministre des affaires étrangères, le président a dû se résoudre dimanche 24 septembre à retirer les forces positionnées au Niger d’ici la fin de l’année. Ce recul de l’impérialisme français, qui fait suite au coup d’Etat du 26 juillet, est indissociable d’une aspiration populaire profonde dans la région : la volonté d’en finir avec l’oppression impérialiste de l’ancien colon. Cette volonté s’est traduite dans les rues de Niamey par un assiègement permanent de l’ambassade et de la base aérienne jouxtant l’aéroport civil de Niamey. Un blocus tel que les militaires et l’ambassadeur ont du mettre en place des rationnements, jusqu’au papier toilette. Une aspiration que les politique tentent d’appeler « sentiment anti-français », pour mieux cacher la domination militaire, économique et politique de l’Hexagone sur cette région.

La fuite des militaires français, qui doivent évacuer 1500 hommes, mais surtout des quantités importantes de matériels, notamment sur la base aérienne de Niamey, doit nous réjouir. Quand l’armée française et la Vème République sont ridiculisés sur la scène internationale, c’est la lutte contre l’oppression des peuples qui gagne du terrain. L’impérialisme français est devenu si décadent en Afrique qu’il n’arrive même plus à convaincre une partie des bourgeoisies de ces pays de le soutenir : il n’est plus capable ni d’enrichir une minorité politique acquise à Paris, ni capable de soutenir les régimes qu’il a installé et qu’il soutient. De surcroît, l’océan de pauvreté et de misère organisé par la France, via le Franc CFA, via les dettes extérieures et par le contrôle des principales ressources naturelles et moyens logistiques est la base du ras-le-bol des populations contre la France.

Lire aussi : Crise au Sahel : 5 clés pour comprendre la crise de l’impérialisme français

Alors que l’impérialisme français est à genoux au Niger, humilié au Mali et au Burkina Faso, il est temps de l’abattre ! Il est grand temps de mettre fin aux bases militaires en Afrique : que ce soit en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Sénégal et à Djibouti, où la France possède des bases permanentes, ou au Niger et au Tchad où la France possède des bases « temporaires », tous les militaires, leurs chars d’assaut et leurs avions de chasse doivent retourner en France. Chaque fois que la France est intervenue en Afrique, elle a laissé des pays encore plus déstabilisés, pauvres et exsangues que lorsqu’elle est arrivée. Que ce soit en Libye ou au Mali ces dernières années, la présence française n’a été que synonyme de bombardements, d’exactions contre les civils et de pauvreté pour les populations locales. Les militaires français doivent partir définitivement des pays africains.

Mais il ne faut pas s’arrêter là. Pour l’instant, les coups d’Etat au Mali, Niger et Burkina Faso s’en sont essentiellement pris à la présence militaire française. Un moyen pour les juntes militaires au pouvoir (que la France a contribué à renforcer en finançant et formant les armées africaines pour défendre les intérêts hexagonaux) de consolider une légitimité populaire, tout en envisageant de nouveaux partenariats (avec les USA, la Chine, la Russie et d’autres), pour peu que ceux-ci offrent plus que la France. Et pour cause, loin d’être des révolutions sociales, ces juntes n’ont aucun caractère populaire et ne comptent pas mettre une fois pour toute fin à l’asservissement des populations par les bourgeoisies locales et les bourgeoisies impérialistes qu’elles défendent. La victoire du départ de la France n’est pas la leur, mais celle du peuple et des travailleurs nigériens, dont la mobilisation et la colère ont rendu très difficile une contre-offensive française.

Lire aussi : Putsch au Niger et impérialisme français : qui est « l’otage » de qui en Afrique ?

Si le retrait des forces françaises au Niger est une défaite pour l’impérialisme français et une victoire pour ceux qui luttent contre celui-ci, seule une mobilisation des travailleurs et des classes populaires, en indépendance de la junte militaire, pourra faire reculer l’impérialisme jusqu’au bout. Pour cela, il faudra s’attaquer au franc CFA, et aux multinationales française en expropriant leurs usines, installations et opérations, et en les mettant sous contrôle et gestion des travailleurs. Au Niger, Orano, qui exploite les mines d’uranium est en tête des entreprises concernées, mais Vinci, la CMA CGM, Veolia ou encore Orange ont aussi des intérêts importants dans l’économie nigérienne. Un combat que les juntes militaires en place ne mèneront pas, mais que toutes celles et ceux qui défendent une Afrique libérée de ses anciennes forces coloniales doivent mener, au Niger et en France. La bête impériale est loin d’être morte, à nous de l’achever !


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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