C’est la première fois que l’ESJ est bloquée pour la cause palestinienne d’après Pierre Savary, directeur de l’école de journalisme de Lille. Les étudiant.e.s ont bloqué l’ESJ ce jeudi matin après que les manifestant.e.s devant Sciences Po Lille, située dans la même rue, se soient fait violemment déloger par la police. « On a tous vu les étudiants de Sciences Po se faire matraquer la gueule. On en a parlé entre nous, et je fais partie de ceux qui trouvaient ça scandaleux de ne pas faire quelque chose » raconte Lucie*, étudiante en Master 1 à l’ESJ Lille. Dans un communiqué publié jeudi dernier, les étudiant.e.s mobilisé.e.s dénoncent « la décrédibilisation, la criminalisation et la répression violente de la lutte en faveur du peuple palestinien ».
En lien avec les étudiant.e.s de Sciences Po Lille, les étudiant.e.s mobilisé.e.s de l’ESJ demandent la fin des partenariats des Écoles avec les universités israéliennes, Sciences Po Lille ayant un double master avec l’Université de Tel Aviv. Les étudiant.e.s demandent également « une reconnaissance du génocide et une prise de position claire » de la part de leurs universités, ainsi que la fin de toutes les sanctions contre les étudiant.e.s soutenant la Palestine. « Il y a une volonté de soutien de la mobilisation étudiante partout dans le monde. On aimerait bien que ça s’implante à Lille » explique Lucie. Cette dynamique dans les écoles lilloises s’inscrit dans le mouvement international de soutien à la Palestine qui a surgi dans les universités ces dernières semaines, notamment depuis les universités étasuniennes. En France, c’est depuis Sciences Po Paris que le mouvement étudiant a démarré, avant de s’étendre dans les autres IEP comme à Lille et dans les universités comme la Sorbonne.
« Nous refusons d’alimenter un système médiatique qui déshumanise le peuple palestinien »
Le blocage à l’ESJ a été renouvelé le lendemain et s’est étendu ce lundi à d’autres écoles comme le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) de Strasbourg. Parmi les revendications conjointes au reste du mouvement étudiant, les futur.e.s journalistes pointent le traitement médiatique souvent partial du génocide à Gaza. « Le traitement médiatique est extrêmement responsable de l’opinion publique sur Gaza en France. Le traitement n’est pas fait correctement. On n’en parle pas assez, et quand on en parle, on ne dit pas que c’est un génocide, et on assimile la Palestine au Hamas » relate Lucie.
« Nous refusons d’alimenter un système médiatique qui déshumanise le peuple palestinien et justifie le massacre commis par l’armée israélienne. » peut-on lire sur le compte Instagram @esj-mobilisée. Les étudiant.e.s refusent également « l’assimilation diffamatoire entre antisémitisme et lutte pour un cessez-le-feu et la fin de l’occupation illégale ». Dans un communiqué publié aujourd’hui par les étudiant.e.s du CUEJ de Strasbourg, qui ont reconduit le blocage ce matin, les futur.e.s journalistes dénoncent « un double standard » dans le traitement de l’actualité en Palestine et en Israël et rejoignent les étudiant.e.s mobilisé.e.s de l’ESJ dans l’appel à un « dialogue ouvert, transparent et durable sur la responsabilité de la formation des journalistes de demain ». La direction de l’ESJ a annoncé un « échange sur le traitement journalistique de la situation humanitaire dans la bande de Gaza » et s’est engagée à recevoir des représentant.e.s des étudiant.e.s cette semaine, mais la mobilisation continue dans les écoles lilloises, les étudiant.e.s s’étant réuni.e.s dans une AG interfacs hier soir sur le campus de Pont de Bois.
Alors qu’Israël a commencé ses opérations militaires sur Rafah, où se trouvent plus d’1,2 millions de réfugié.es, le mouvement de soutien à la Palestine connait une mobilisations inédite dans les universités en France et dans le monde. Les étudiant.e.s mobilisé.e.s dénoncent l’impérialisme de leur propre Etat, se mobilisant contre la répression policière, la complicité de leurs gouvernements avec Israël et la participation des médias de masse à la criminalisation du soutien à la Palestine. Ce mouvement, pour l’heure principalement investi par les étudiants, doit s’élargir aux journalistes professionnels et à tous les travailleur.euses opposés au génocide des Palestinien.ne.s.
