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Aéronautique

Airbus. Face à la politique pro-patronale de FO, la CGT progresse chez le géant aéronautique

Résultats électoraux en hausse, nouvelles adhésions et implantations, la CGT avance chez Airbus. Symptôme, dans une situation de remontée des grèves, d'un possible affaiblissement des syndicats pro-patronaux comme FO-Airbus.

Notti Ness

19 avril 2023

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Airbus. Face à la politique pro-patronale de FO, la CGT progresse chez le géant aéronautique

Crédits photo : Dorian M

Airbus : un score inédit pour la CGT…

Le 3 avril dernier, avaient lieu les élections professionnelles pour élire les représentants des salariés du CSE d’Airbus. Cette « entreprise dans l’entreprise » comme le définit Patrice Thébault, délégué syndical central pour la CGT Airbus interviewé par Radio Mon Pais, compte environ 360 salariés divisés en deux collèges : un premier collège réunissant les personnels du restaurant d’entreprise et un deuxième collège comprenant les personnels administratifs du CSE. Lors de ces élections, la CGT, implantée depuis très peu de temps, présentait une liste pour la première fois depuis de nombreuses années.

Bruno Galaud, délégué syndical central adjoint CGT Airbus, nous raconte ainsi la progression du syndicat CGT : « C’était la première fois que la CGT se présentait aux élections du CSE d’Airbus, les salariés en avaient marre d’être représentés par un seul syndicat, Force Ouvrière qui faisait 100 % aux dernières élections. Il y a plusieurs mois, deux salariés se sont syndiqués à la CGT et ont par la suite créé une section pour mener un travail syndical de terrain qui a permis de syndiquer de nouvelles personnes. Sur cette base, en seulement huit mois d’existence, on a fait 24 %, c’est très prometteur pour les élections d’Airbus de novembre qui concerneront, elle, tout le groupe ».

... un désaveu pour la politique d’accompagnement de FO

Si FO reste le syndicat majoritaire, cette forte progression de la CGT est symptomatique d’une recomposition des forces syndicales qui ne peut se comprendre indépendamment d’un regard sur les derniers conflits qui ont agité l’entreprise et le rôle qu’a pu y jouer FO. Ainsi, alors que le 18 octobre 2022, éclatait spontanément une grève majoritaire sur la FAL A320 (Final Assembly Line, chaîne d’assemblage en français) pour revendiquer, entre autres, 10 % d’augmentations de salaires, FO Métallurgie et FO-Airbus se prononçaient contre cette grève. Un bon nombre de syndiqués FO y ont pris part et ont pu observer les multiples manoeuvres utilisées par la direction de leur syndicat pour briser le mouvement..

Une position lourde de conséquences dans le contexte actuel d’inflation où les salariés voient leurs revenus réels baisser constamment depuis la sortie de la pandémie et qui, loin d’être isolée, s’inscrit au contraire dans la ligne de collaboration avec le patron de FO-Airbus. Or, face aux miettes proposées par la direction d’Airbus qui vient pourtant d’enregistrer des bénéfices record pour 2022, le dialogue social et les collusions avec le patron, fondement de la stratégie de FO, montrent leurs limites de façon de plus en plus évidente.

Comme le résume Bruno Galaud : « Les salariés d’Airbus ont de plus en plus de sympathie pour nous, surtout pour tout le travail qu’on fait sur les salaires, notamment depuis le Covid, avec l’inflation qui a suivi. Beaucoup nous félicitent alors qu’avant, c’était plus compliqué, on ressentait pas mal de méfiance vis-à-vis de la CGT, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Même chez les cadres, on voit qu’il y a une exaspération liée au projet « Reload » que FO accompagne, alors que cette nouvelle convention collective va détricoter le statut des salariés et nous faire perdre des acquis. Un projet de casse sociale qui a été permis par la nouvelle convention collective de la métallurgie, signée par FO, CFE-CGC et la CFDT. D’ailleurs, si aujourd’hui la CFDT dénonce le projet Reload à Airbus, au niveau de la métallurgie, leur syndicat a signé ».

Dernièrement, c’est dans le mouvement social contre la réforme des retraites que FO-Airbus a pu s’illustrer dans sa fonction attitrée de briseur de grève. Comme le raconte Bruno Galaud : « Avant le 7 mars, un délégué de FO a expliqué aux salariés au pôle peinture Airbus qu’il ne fallait pas faire grève car il y avait les prochaines négociations salariales qui s’ouvrait le 7 mars ». Là encore, les conséquences d’une telle politique sont désastreuses puisque, d’une part, le budget global de 5,5 % négocié fin mars (et signé par FO) est loin de rattraper l’inflation et, d’autre part, elle a étouffé la potentialité qu’aurait offerte, pour le mouvement contre les retraites, la mise en grève des milliers de travailleurs du principal donneur d’ordre du secteur aéronautique.

« C’est la politique de Force Ouvrière, mais aussi de la CFE-CGC et de la CFTC. Pour les grèves contre la réforme des retraites, ils appelaient timidement à la grève en ne se donnant pas vraiment les moyens de la construire. Même pour diffuser les tracts qui appelaient aux mobilisations, c’était compliqué. Et sur les salaires, ils signent toutes les politiques proposées par la direction alors que pour de nombreux salariés ce n’est pas à la hauteur de leurs attentes » affirme Bruno Galaud.

Le « dialogue social » mis à mal

Alors que la réforme des retraites vient d’être promulguée par le président Macron, la colère exprimée au cours des 13 journées de grève nationale et qui, bien au-delà de la simple préoccupation des retraites questionnait plus largement les salaires mais aussi les conditions de travail et de vie, est loin d’être retombée. Au contraire, face à un pouvoir qui ne gouverne que par la force, une inflation qui ne cesse d’augmenter et une bourgeoisie de plus en plus inapte à faire des concessions, cette colère risque bien de s’accroître, donnant lieu à de nouveaux conflits plus durs et plus explosifs.

Ainsi, mardi 11 avril dernier, avait lieu à Tisséo une journée de grève inédite pour les salaires, suivie par 70 % des personnels, mettant le métro à l’arrêt pour la première fois depuis 1992.

Or, dans un contexte de radicalisation du patronat et des ses représentants politiques, l’impasse du dialogue social et des stratégies conciliatrices devient de plus en plus claire aux yeux des travailleurs. Cela pourrait signifier une remise en cause du règne sans partage des syndicats pro-patronaux comme FO-Airbus et de leur capacité à étouffer la conflictualité sociale et discipliner les travailleurs. Tant chez les donneurs d’ordre que dans la sous-traitance, ce phénomène commence à s’exprimer parmi les ouvriers, mais également chez certains ingénieurs. Un sous-produit de la séquence, où démonstration est faite que pour maintenir son salaire ou sa retraite, et gagner de nouveaux acquis, seule les méthodes de la lutte des classes paieront.

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