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Justice et vérité pour Alhoussein

À Angoulême, une marche contre les violences policières et pour Alahoussein tué par la police

Ce samedi 8 juillet, en parallèle de nombreuses marches appelées partout en France contre les violences policières, un appel était lancé à Angoulême pour exiger justice et vérité pour Alhoussein Camara, tué pour un « refus d’obtempérer » par un policier le 14 juin dernier.

Petra Lou

11 juillet 2023

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À Angoulême, une marche contre les violences policières et pour Alahoussein tué par la police

Alors que de nombreuses marches étaient appelées partout en France contre les violences policières, le comité Vérité et Justice pour Alhoussein Camara appelait ce samedi à se mobiliser à Angoulême. Pas moins de 700 personnes se sont rassemblées près de la gare SNCF, dont de nombreux jeunes des quartiers populaires. L’occasion de réclamer la justice et la vérité pour Alhoussein Camara, un jeune de 19 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier, alors qu’il se rendait au travail. Alors qu’une répression brutale de la part de l’État s’abat ces derniers jours dans la rue et les tribunaux pour essayer de mettre fin à la mobilisation des quartiers, cette manifestation qui a rassemblée des jeunes, des militants anti-racistes et des organisations politiques est une démonstration importante.

La marche s’est ainsi arrêtée à plusieurs reprises devant des édifices symboliques des institutions d’État, comme le Palais de Justice et la Place de la mairie, où ont eu lieu plusieurs prises de paroles. Toute la manifestation était rythmée tout du long par de nombreux slogans comme : « Et une, et deux, et trois générations, nous sommes tous les enfants d’immigrés ».

Si plusieurs organisations politiques étaient présentes, comme le NPA, Lutte Ouvrière ou encore Révolution Permanente, c’était également le cas de militants de quartiers, comme Skalpel, rappeur, qui nous expliquait que : « Le fait que ce genre d’événement arrive dans des petites villes de province montre bien que ce ne sont pas des "accidents" sporadiques qui surviennent uniquement dans la capitale, mais que c’est un racisme systémique des violences policières qui touche tout l’hexagone ».

Le meurtre d’Alhoussein, jeune guinéen arrivé en France il y a seulement cinq ans, fait évidemment écho aux images tragiques du meurtre policier de Nahel à Nanterre, surevenu deux semaines plus tard à peine, qui ont déclenché une immense colère partout en France.

Pour les militants du comité fraîchement monté, c’est seulement suite à ce meurtre qu’ils ont enfin pu mettre la lumière sur la mort d’Alhoussein Camara : « Pendant deux semaines, il n’y a pas eu de réaction de la part de la police, c’est seulement avec la mort de Nahel que le policier a été mis en examen, avant ça l’affaire était invisibilisée ». Ils soupçonnent une opération de censure sur les réseaux sociaux, où leur campagne peine à être visibilisée : « Aujourd’hui on a marché car on n’a pas envie que l’affaire soit oubliée malgré les censures que nous subissons sur tous les réseaux sociaux » témoigne Nmahawa, présidente de l’association pour Révolution Permanente.

Comme pour Nahel, les policiers ont cherché à justifier la mort d’Alhoussein par un « refus d’obtempérer ». Comme à son habitude, l’institution policière a dressé un portrait complètement mensonger en criminalisant Alhoussein, alors qu’il allait simplement travailler.

Mais comme nous l’écrivions dans un précédent article, Alhoussein était un jeune apprécié, qui venait de passer son permis et travaillait dans la restauration. Son ami, guinéen également et proche de sa famille, nous a ainsi expliqué que : « Depuis qu’il est France, il n’a fait que travailler. [...] Nous on a vécu beaucoup de choses, on est là aujourd’hui, on s’est battu âme et coeur, matin et soir, en arrivant sur le territoire français pour payer notre loyer. [...] On veut que cet acte ne se reproduise plus, on est fiers d’être là aujourd’hui. On veut justice, et si on ne l’a pas, on sera tout le temps dehors, jusqu’au bout. On ne veut pas abandonner ce combat. »

Sur la place du Champ de Mars, où la manifestation s’est dispersée, les organisateurs du collectif ainsi que les amis d’Alhoussein se sont rassemblés. Nmahawa, la présidente du comité affirmait ainsi : « On pense que les lois sécuritaires actuellement en place, qui permettent à un policier d’avoir une arme, permettent que ce genre de choses arrivent. C’est une vie perdue, on ne peut pas revenir en arrière. On veut que la justice soit faite correctement face au policier [...] Les policiers ont un syndicat qui leur permet d’être protégés, nous, on n’a pas de syndicat mais on a des voix. On va faire des marches, des actions, cette affaire on va la suivre jusqu’au bout ».

Même son de cloche chez Abdoul, également co-président du comité, qui déclarait : « C’est un combat qui n’est pas que pour Alhoussein mais pour tous les jeunes de quartier, et on invite tous ces jeunes à rejoindre le collectif. Si un jeune subit de la répression qu’il vienne nous voir, on fait ça pour tout le monde et on veut faire en sorte que ce genre de choses ne se reproduise plus ».

Alors que la liste des morts suite à un tir policier ne fait que s’allonger, les amis d’Alhoussein dénoncent également un racisme systémique qui s’abat contre la jeunesse des quartiers. F., autre ami d’Alhoussein, témoignait également de sa propre arrestation une semaine avant le drame à Angoulême : « J’ai eu affaire aux policiers. Je n’étais pas dans ma voiture, les policiers m’ont demandé de souffler [l’éthylotest] alors que j’étais à un barbecue dans le parking de mon quartier. J’étais positif, mais pas au volant, j’ai passé 3 jours en garde-à-vue et j’ai écopé de 4 mois de prison aménageable. Et ça c’était une semaine avant le meurtre d’Alhoussein », quand un de ses amis l’interpelle : « Heureusement qu’ils t’ont pas tué ! ».

Le même jour, dans d’autres villes, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour la justice et vérité pour Adama, Nahel, et tous les autres. A Paris, malgré plusieurs interdictions, plusieurs milliers de personnes se sont réunies à l’appel du comité Adama. Des policiers de la BRAV-M ont violenté les manifestants et ont brutalement interpellé Youssouf Traore, frère d’Assa Traore, qui a été transféré à l’hôpital et qui est ressorti avec de nombreuses blessures. Une tentative de répression brutale qui rentre dans la continuité de l’offensive autoritaire du gouvernement que ce soit entre les violences policières lors des émeutes ou encore le « carnage » judiciaire qui a vu de nombreux jeunes des quartiers populaires condamnés à de très lourdes peines.

Aujourd’hui, il est évident que le gouvernement Macron cherche à faire peur et éteindre la colère de la jeunesse des quartiers populaires. Mais alors que celle-ci continue de gronder, il est urgent que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social se rallient aux luttes des familles de victimes, pour dénoncer l’offensive sécuritaire du gouvernement, le racisme d’État et les violences policières mais surtout pour exiger Justice et Vérité pour tous ceux qui ont été tués des mains de la policiers, ainsi que l’amnistie de tous les prisonniers politiques emprisonnée depuis le début des révoltes.


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