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La police tue

17 ans après la mort de Zyed et Bouna : on n’oublie pas, on ne pardonne pas

Le 27 octobre 2005 Zyed et Bouna trouvaient la mort en tentant d’échapper à la Bac de Clichy-sous-Bois. A l’heure où les morts sous les balles de la police se multiplient, cet anniversaire tragique rappelle plus que jamais la nécessité de la lutte contre les violences policières.

Léo Stella

27 octobre 2022

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Crédit photo : AFP

Il y a 17 ans, Zyed et Bouna trouvaient la mort après avoir été poursuivis par la Bac

Le 27 octobre 2005 au soir , un groupe de jeune de Clichy-sous-Bois décident après un match de foot de rentrer chez eux, pour faire la rupture du jeune durant le ramadan. Dans le groupe, Zyed Benna, Bouna Traoré et Muhittin Altun, tous les 3 mineurs, décident d’emprunter un chemin de traverse au milieu d’un chantier pour rentrer à la cité. Sur le chemin du retour, que les trois jeunes aperçoivent une voiture de la BAC. Les jeunes de la cité du Chêne Pointu savent très bien ce qui se passe lors des contrôles policiers : insultes, humiliations, voire violences. Zyed, Bouna et Muhittin tentent donc échapper à ce contrôle au faciès raciste. En fuyant, ils se cachent dans un transformateur EDF. Un arc électrique de 20,000 volts se crée et tuent Zyed et Bouna et Muhittin est brûlé à 2000 degré. Sébastien Gaillemin, un des policiers qui les a vu rentrés et qui sera inculpé par la suite, dira : « Ils sont en train d’enjamber pour aller sur le site EDF. » en ajoutant « En même temps, s’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ».

Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, le procès des deux policiers s’est conclu par une relaxation de ceux-ci sous prétexte qu’ils n’avaient pas conscience du danger. Et ce malgré les propos pourtant très clairs de Sébastien Gaillemin.

Le point de départ de l’embrasement des banlieues en 2005

Suite à la mort atroce de Zyed et Bouna, une première nuit de révolte éclate dans le quartier des deux adolescents qui cible la police. Très vite, du fait de la répression policière et notamment après le lancer d’une grenade lacrymogène dans la mosquée Bilal à Clichy en plein ramadan par la police, c’est une grande partie des banlieues de la région parisienne qui s’enflamment. La répression de l’Etat est immédiate et sera de plus en plus violente. Le 8 novembre, c’est l’état d’urgence, exceptionnel pour l’époque, qui sera déclaré et prolongé pour 3 mois sur le territoire métropolitain, une première depuis la Guerre d’Algérie. Le bilan de la répression est énorme : en plus des violences commises par la police et les CRS, plus de 6 000 personnes seront interpellés. De plus, le gouvernement et les médias ont tenté de décrédibiliser les révoltes des quartiers populaires en les faisant passer pour « des délinquants connus », chose que même le parquet de Bobigny a contesté.

Alors que l’État tente de dépolitiser le mouvement, les révoltes de 2005 marquent la réaction d’une jeunesse des quartiers populaires contre le racisme, la répression et la misère du capitalisme français. Car au-delà, de la réaction aux violences policières quotidiennes que subissent les gens des quartiers populaires, les révoltes de 2005 a été moment d’une contestation beaucoup plus profonde. Une contestation contre l’exclusion sociale que subissent les quartiers populaires, le chômage systémique, ou encore l’insalubrité des logements mais surtout contre la gestion policière raciste qui s’abat sur ces habitats.

Du côté des forces politiques, de la gauche PS jusqu’à la droite, un front républicain qui condamne les jeunes émeutiers et appelle à la répression se forme. Le PCF demande le retrait de l’Etat d’urgence mais appelle à « restaurer l’ordre » et dénonce les violences. L’extrême-gauche ainsi que les organisations du mouvement ouvrier, sans participer à ce front républicain, se cantonneront à l’inaction et abandonneront cette jeunesse des quartiers qui fait face à l’Etat et sa police. Une organisation comme Lutte Ouvrière relayera même le cliché de révoltes agitées par « des voyous ».

La police tue toujours

17 ans après la mort de Zyed et Bouna, la police tue toujours, mais avec toujours plus de moyens et d’impunité. Aujourd’hui, les violences policières continuent et se multiplient, comme le montre les 12 de morts des balles de la police depuis le début de l’année au prétexte de « refus d’obtempérer. Ces violences risquent bien de se poursuivre avec toujours plus d’impunité comme en témoigne le récent le projet de loi Lopmi, annoncé par Gérald Darmanin et qui prévoit en plus des 15 milliards allouées à la police, et un renforcement policier de 8 500 postes ainsi que de nouveaux équipements répressifs.

17 ans après, à rebours de l’attitude qui a été celle de la gauche et de l’extrême-gauche lors des révoltes 2005, il convient pour les organisations du mouvement ouvrier de se solidariser pleinement avec la lutte contre les violences policières et le combat pour exiger justice et vérité pour les victimes au côté des organisations du mouvement antiracistes et des comités de familles de victimes de violences policières.


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