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Le retour d’une Série

X-Files. Pas si loin du réel que ça...

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Edward Neigerie

Cette série à succès – neufs saisons et de très fortes audiences – participa à changer le genre de la série télévisée au cours des années 90. Basée sur une théorie du complot simple – les gouvernements nous mentent sur l’existence des extraterrestres – elle se développa non seulement sur un terreau favorable mais également grâce à des acteurs, une bande son et des moyens qui garantirent son succès. Comme souvent cependant, elle fut incapable de se renouveler et finit par tourner en rond.

Son retour – la mode dite du « reboot » – n’est pas seulement l’occasion pour la multinationale particulièrement réactionnaire qu’est la Fox – qui aime jouer avec le conspirationnisme semant la confusion – de faire monter son audience et ses bénéfices. Elle correspond également à un moment où les théories du complot sont souvent dépassées par les révélations de la réalité.

Depuis 2003 – date de la fin de la première série – la guerre en Irak a été l’occasion pour le gouvernement américain de manipuler ouvertement et cyniquement sa population – en liant Saddam Hussein à Al-Qaïda, en annonçant qu’il possédait des armes de destruction massive et en brandissant des preuves. Quelques années plus tard, le président des États-Unis lui-même annonçait que ces preuves étaient fausses et qu’elles avaient été fabriquées pour manipuler l’opinion publique.

Quant au formidable succès de la politique américain en Irak et au Moyen-Orient, nous le payons aujourd’hui. On pourrait croire que cette politique cherchait délibérément à créer du chaos. Mais il s’agit plus certainement d’une attitude propre au capitalisme lui-même et à ses gouvernements, à leur incapacité de penser sur le long terme, à la nécessité immédiate de ramasser le plus de profit et le plus rapidement possible.

L’incapacité à réagir face au réchauffement climatique, les révélations de Wikileaks ou de Snowden ont depuis ajouté à l’atmosphère de rejet des élites et de leurs politiques, y compris aux États-Unis eux-mêmes. Bernie Sanders et Donald Trump – candidats à la présidentielle en vogue – se présentent d’ailleurs comme des outsiders. Or, cette nouvelle série et saison de X-Files prend solidement appuie sur toutes ces révélations – on y fait directement référence dès ce premier nouvel épisode – au point qu’elle peut paraître comme une sévère critique du système en place.

Une critique à peine déguisée par un argument de science-fiction : un complot mondial possède en réalité une source d’énergie propre et illimitée dissimulée depuis 70 ans. Quand on sait que des rapports des années 70, rédigés par des multinationales du pétrole, ont par ailleurs fuité récemment et préconisaient la nécessité de dissimuler le réchauffement climatique et les formes renouvelables d’énergie, on peut difficilement ne pas faire le lien.

Hier, et peut être encore plus aujourd’hui, la série paranoïaque et conspirationniste de qualité – c’est à dire qui transpose la réalité mais qui ne la renie pas – a un avenir. Parce que oui, la totalité de nos communications sont écoutées et stockées, oui les gouvernements mentent, manipulent et sont au service d’intérêts qui ne sont pas ceux de la majorité de la société mais bien d’intérêts privés – les 1 % des plus riches. Tant que cela restera une réalité, X-Files parlera autant d’ici et d’aujourd’hui que de petits bonhommes verts...


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