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Répression

Victoire : jugé pour avoir manifesté en solidarité avec les éboueurs en grève, Léo a été relaxé !

Ce mardi matin se tenait le procès de Léo, étudiant interpellé lors d’une manifestation qui tentait le 17 mars dernier de rejoindre les éboueurs en grève reconductible contre la réforme des retraites. Face aux irrégularités et au vide du dossier, le tribunal a annulé l'ensemble de la procédure.

Augustin Tagèl

5 septembre 2023

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Victoire : jugé pour avoir manifesté en solidarité avec les éboueurs en grève, Léo a été relaxé !

Crédits photos : O Phil des Contrastes

De nombreux étudiants, camarades et amis se sont pressés ce mardi matin dans la salle d’audience du Tribunal de Paris pour apporter toute leur solidarité à Léo. Au point que tous n’ont pas pu entrer dans la petite salle, rapidement pleine. Militant à Révolution Permanente, il avait été interpellé lors d’une manifestation étudiante le 17 mars, juste après le 49.3, dans une manifestation de solidarité partie de l’université parisienne de Tolbiac, vers le centre de traitement des déchets d’Ivry, alors en grève reconductible. Accusé d’avoir frappé un policier, il comparaissait ce mardi, après 50 heures de garde à vue et 4 mois de contrôle judiciaire entrainant une interdiction de manifester à Paris.

Un procès écourté grâce au travail de la défense, qui a réussi à démontrer la nullité de la procédure au terme d’un implacable argumentaire, dévoilant une interpellation irrégulière. A la barre, Me. Marcel explique notamment que la fiche d’interpellation, document obligatoirement remplie par la police suite à une arrestation, ne comporte aucun élément de circonstance : la case du formulaire est restée simplement vide. Les agents n’y ont indiqué ni éléments de contexte, ni les circonstances de l’interpellation et l’agent interpellateur ne précise même ni sa qualité ni sous quels ordres il opère. Plus grave encore, le nom de l’agent qui aurait procédé à l’interpellation diffère selon que l’on lit la fiche d’interpellation ou le procès-verbal de cette interpellation.

Des irrégularités de forme grave, qui témoignent d’une interpellation sans motif, visant à intimider les manifestants et à interrompre une manifestation de solidarité, comme des centaines d’autres interpellations et garde-à-vue à l’époque. Une situation dénoncée en avril dernier jusque par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.. Une procédure à ce point viciée que même la procureure explique devoir faire preuve « d’honnêteté intellectuelle » face aux lacunes du dossier, affirmant ne pas être là pour « soutenir à tout prix n’importe quelle procédure ». Un aveu qui en dit long sur la faiblesse de la procédure, qui a conduit à demander au tribunal de constater la nullité de la fiche d’interpellation, et subsidiairement de l’ensemble de la procédure qui en découlait.

Après quelques instants de réflexion, la présidente du tribunal rend le verdict : la nullité de la procédure est recevable. Il n’est dès lors plus nécessaire de juger du fond de l’affaire, des faits eux même, puisque la forme est nulle. Cependant, la présidente précise, que même si le fond ne sera pas abordé, « il n’y avait de toute façon que peu d’éléments sur la caractérisation de l’infraction reprochée ». En d’autres termes, dans cette affaire, le fond semblait aussi pauvre que la forme.

Cependant, dans le cas de Léo comme dans celui des milliers d’autres interpellés, le mal est en partie fait. Le militant aura en effet été privé de son droit de manifester pendant de long mois. « C’est tout de même hallucinant de se dire que l’on peut prendre 6 mois d’interdiction de manifester pour absolument rien, et sans jugement ! », dénonce Me. Marcel auprès de Révolution Permanente. Une situation qui évoque celle de milliers de manifestants contre la réforme des retraites et de jeunes arrêtés dans les quartiers populaires après le meurtre de Nahel, frappés par des interpellations en masse, destinées à intimider et à briser des mobilisations, complétées par des mesures de contrôle judiciaire ou de détention provisoire, pour empêcher les personnes de se mobiliser.

En France, selon l’Observatoire international des prisons, un détenu sur cinq est en détention provisoire, c’est-à-dire incarcéré dans l’attente d’être jugé. En ce sens, selon Me. Marcel : « on peut dire que le procès d’aujourd’hui est une victoire, parce qu’il y a eu des milliers de procédures qui ne tiennent sur rien, notamment pendant la réforme des retraites, sans parler du mouvement des quartiers après la mort de Nahel, avec des interpellations purement arbitraires. Cela permet de mettre aussi à nu les pratiques de répression de masse sans fondement avec, ici, des fiches d’interpellations vides ».

C’est en cela que faire front dénoncer et lutter contre la répression est vital. Il faut continuer d’exiger l’amnistie de l’ensemble des réprimés pour les 2000 condamnations qui ont frappé les jeunes s’étant révolté suite à la mort de Nahel, et l’ensemble des condamnés du mouvement contre la réforme des retraites. La relaxe de Léo n’est qu’un début, exigeons l’amnistie pour tous.tes !


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