Après des mois d’opacité sur cette affaire, une autopsie réalisée par l’État de Géorgie aux États-Unis révèle que la police a tiré au moins 57 fois sur un.e militant.e écologiste Manuel Esteban Paez Terán, dit « Tortuguita », qui meurt en janvier suite à ses blessures au visage, aux mains, au torse, et aux jambes. Cette étude vient compléter l’autopsie indépendante demandée par sa famille, et qui avait révélé initialement que la police avait tiré 13 fois sur Tortuguita. De plus, alors que les policiers l’accusaient d’avoir tiré sur un des leurs, l’autopsie n’a trouvé aucun résidu de poudre à fusil sur son corps.
Tortuguita, d’origine vénézuelienne, était soignant.e sur une ZAD contre la construction d’une caserne policière surnommée « Cop City » (flic-ville en anglais). Les militants se mobilisaient depuis novembre 2021 contre ce projet s’étendant sur plus de 35 hectares pour un budget de 90 millions de dollars. L’occupation s’inscrivait autant dans la lutte écologiste qu’antiraciste, dénonçant la destruction de la foret d’Atlanta au profit d’une surenchère sécuritaire et policière. La répression contre la ZAD, qui a atteint son pic de violence avec l’assassinat de Tortuguita, sera très forte : en mars, la police poursuit plus de 23 personnes pour « terrorisme domestique ».
Pour autant, la mobilisation contre Cop City se poursuit, avec plusieurs rassemblements qui ont eu lieu il y a deux semaines, notamment en mémoire de l’anniversaire de Tortuguita. Les militants présents ont exprimé leur solidarité avec les autres victimes de violences policières cette année, d’une fréquence effrayante aux États-Unis : selon le Washington Post, la police a tué 322 personnes rien que cette année, les personnes noires étant surreprésentées parmi les victimes. Dans d’autres États, des manifestations contre le racisme systémique et les violences policières ont éclaté cette année notamment suite au meurtre de Tyre Nichols par la police à Memphis en janvier, et plus récemment suite au meurtre de l’adolescent noir Ralph Yarl par son voisin blanc, au Kansas.
Les violences policières à Atlanta et aux Etats-Unis font écho à l’intensification de la répression en France dans le contexte de la crise politique que traverse le gouvernement, avec notamment le déchaînement brutal contre les manifestants écologistes à Sainte-Soline ou encore l’opération d’expulsions quasi-militaire à Mayotte entamée il y a plus d’une semaine au cours de laquelle un jeune de 17 ans a déjà été blessé par balles par la police.
La lutte contre Cop City aux Etats-Unis démontre que le combat écologiste pour une planète vivable est indissociable du combat anti-raciste. La répression physique et politique de ces luttes met à nue le rôle de la police dans le maintien d’un État mortifère. De Sainte-Soline à Atlanta, il y a urgence à ce que les mouvements écologistes, les organisations du mouvement ouvrier et les organisations du mouvement antiracistes se solidarisent et fassent front contre la répression.
