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Répression de l’activité politique étudiante à Nanterre : un front dénonce la politique de la Présidence

Dans un contexte de répression des initiatives politiques des étudiant·es sur les facs, plusieurs organisations étudiantes de l'université de Nanterre dénoncent les entraves aux droits de réunion et d'information auxquelles elles font face, depuis plusieurs mois, sur le campus.

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Répression de l'activité politique étudiante à Nanterre : un front dénonce la politique de la Présidence

Crédits photo : CC BY 2.0 Deed

Le 12 février, plusieurs organisations étudiantes de l’université Paris Nanterre ont publié un communiqué qui dénonce les attaques contre les droits démocratiques des étudiant·es sur le campus : depuis plusieurs mois, se réunir, emprunter une salle, une table ou simplement diffuser un tract sont autant d’actions qu’il est devenu difficile de tenir.

Le communiqué signé par la FSE, l’UNEF Nanterre, Le Poing Levé Nanterre, le NPA Jeunes 92, Le Cercle Marxiste Nanterre, le Collectif féministe Nanterre et les Jeunes Insoumis·es dénonce ainsi le fait, qu’à : « plusieurs reprises, les étudiant·es mobilisé·es et des organisations ont été perturbées alors qu’elles tenaient des tables, où elles exposaient des tracts ou de la presse militante, par des agents de sécurité qui leur demandaient de quitter les lieux. Parfois en menaçant de recours à la force physique ». De plus, neuf représentant·es de l’UNEF Nanterre sont poursuivi·es en sections disciplinaires par la présidence en raison de leur activité syndicale.

Une situation qui s’est fortement dégradée au cours des dernières décennies. Alors que les organisations et associations étudiantes pouvaient historiquement bénéficier de locaux au sein de l’établissement, à l’image de l’UNEF, depuis les années 1960, de la CNT ou du NPA Jeunes, qui disposaient encore très récemment de salles, avant que cette dernière soit délogée en 2021. Les directions successives de Paris Nanterre se sont inspirées de méthodes qui se sont répandues dans la plupart des universités et ont, progressivement, confiné l’ensemble des activités associatives et militantes dans un unique bâtiment, la Maison des étudiant.e.s, éloigné des lieux d’études et facilitant le contrôle des services de l’université sur les activités qui s’y déroulent. Un moyen de priver les organisations et association et de locaux propres et d’interdire arbitrairement toute réunion publique qui déplairait à la présidence. Alors que l’université Paris Nanterre était connue pour son foisonnement politique et culturel, cette succession de décisions entrave très sévèrement le droit de réunion des étudiant.e.s

Ainsi, loin de l’image progressiste que l’actuelle présidence souhaite se donner, comme héritière de 1968 et du mouvement étudiant qui a marqué le campus, cette dernière applique sans broncher et avec zèle une politique de mise au pas de la jeunesse, dans le sillage des précédentes direction et du gouvernement. La moindre expression étudiante est scrutée, alors que le nombre de vigiles et d’agents de sécurité augmente de manière croissante et que des caméras sont disposées dans l’enceinte de l’établissement. La nomination de Yamina Salhi, passée par les services des universités Descartes et Dauphine, à la tête de la direction de la Sureté et de la Sécurite de l’université, témoigne de ce tournant autoritaire à Nanterre, au lendemain de la mobilisation contre la réforme des retraites et des révoltes dans les quartiers populaires.

Le soutien à la Palestine dans le viseur de la présidence

Dans un contexte de criminalisation nationale du soutien à la Palestine, la présidence a fait un saut de plus dans la répression des initiatives politiques menées sur la fac, alors que les étudiant·es et les personnels de l’université se mobilisent pour la Palestine afin de dénoncer le génocide en cours.

Ainsi, en novembre dernier, alors que deux militantes du Poing Levé Nanterre avaient installé une table pour la Palestine, elles ont immédiatement été entourées par six vigiles, les empêchant de de dialoguer avec les étudiant·es, avant de finalement leur ordonner de quitter les lieux.

Dans le même sens, quelques semaines plus tard, la présidence de l’université a interdit un meeting en soutien à la Palestine. Organisé par le Comité de soutien à la Palestine de Nanterre, réunissant étudiant·es et habitant·es de la ville, celui-ci devait se tenir le 30 novembre 2023 sur le campus, avec des représentant·es d’organisations telles que l’Union des Juifs pour la Paix, Samidoun ou BDS. Alors que l’université avait donné son accord, la veille du meeting à 22h, celle-ci s’est rétractée, prétextant qu’aucune organisation étudiante ne figurait sur l’affiche du meeting… alors même que ces dernières avaient déposé la demande et l’attestation de responsabilité civile qui couvrait l’évènement. En agitant des justifications infondées et mensongères, celle-ci a interdit la tenue de l’événement dans les locaux de l’université.

Derrière cette décision arbitraire, figure en réalité une véritable abdication de la présidence face aux sirènes de l’extrême droite. Dès les premières expressions de soutien au peuple Palestinien, les médias réactionnaires, aussitôt suivis par le gouvernement, s’étaient en effet empressés de dénoncer cette mobilisation.

Une répression nationale

La situation à Nanterre est loin d’être isolée : dans de nombreuses villes, les étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine et contre la loi immigration ont fait face à la censure. Le 25 janvier, devait se tenir une réunion publique sur la loi immigration à Rennes 2 sur le campus de la Harpe, mais la présidence a fermé le campus. Quelques jours plus tard, à Paris-Cité, la direction de l’université a fait appel à la Préfecture de police et à la DGSI pour que ces instances décident d’autoriser, ou non, une réunion anti-raciste organisée par le Poing Levé. Si l’événement a finalement été autorisé, les organisateur·ices ont dû inscrire le nom des participant·es et transmettre la liste à la présidence, qui entame donc, ni plus ni moins qu’une politique de fichage des étudiant·es mobilisé·es.

Dans les deux cas, les présidences des universités en question s’était pourtant exprimées publiquement contre la loi immigration, attaque d’ampleur contre les étudiant·es étranger·es, mais n’ont pas hésité, dans la réalité, à empêcher la tenue d’évènement visant à s’organiser contre celle-ci.

La jeunesse a été un élément moteur des mobilisations des dernières années et des récentes initiatives en faveur de la libération de la Palestine et, alors que les présidences d’université se font le relais des politiques sécuritaires du gouvernement, les étudiant·es continuent de s’organiser. Nous dénonçons fermement ces attaques envers nos droits, ces offensives autoritaires au sein de nos universités et exigeons un droit d’organisation plein et entier sans regard de la présidence sur le contenu.


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