Depuis ce dimanche soir, l’ensemble de la classe politique française, de droite comme de gauche, s’en prend à Jean-Luc Mélenchon dans un flot d’accusations d’antisémitisme, d’attisement de la haine et d’apologie du terrorisme. « La collaboration, 80 ans plus tard », tweete Laurent Wauquiez pour la droite, tweet de la honte » affirment plusieurs membres du gouvernement, propos « abjects » pour Valérie Rabault du PS et « sous-entendus aussi indignes qu’irresponsables » pour le député socialiste et le maire PS de Montpellier. La condamnation du chef de file de la FI est unanime.
De son côté, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, n’hésite pas à déclarer ce matin sur France Inter de son côté que Mélenchon lui a mis « une cible dans le dos », tandis que le président du CRIF, Yonathan Arfi accuse Mélenchon de « désigner les juifs comme le parti de l’étranger et de la guerre » et d’adopter une « rhétorique antisémite ».
Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! pic.twitter.com/ruxMujq14k
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 22, 2023
La cause de cette déferlante ? Un tweet de Jean-Luc Mélenchon après la manifestation parisienne de soutien à la Palestine : « Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! ». Un tweet qui dénonce à juste titre le déplacement à Tel Aviv et le soutien inconditionnel à Israël de la présidente de l’Assemblée nationale, déformé à l’extrême de façon opportuniste, en allant jusqu’à assimiler l’utilisation du terme « camper » à une référence cachée aux camps de concentration nazis.
De quoi masquer le propos élémentaire du leader insoumis : rappeler le décalage entre la politique du gouvernement, soutien inconditionnel de Israël, et la réalité de la solidarité avec la Palestine qui s’exprime par en bas ces derniers jours malgré l’offensive politico-médiatique. Sur ce plan, la présidente de l’Assemblée nationale est particulièrement à l’avant-garde de l’offensive puisqu’elle affirmait ce week-end que, si le conflit doit faire le moins de victimes civiles possible à Gaza, « rien ne doit empêcher Israël de se défendre. Il y a un attaquant et des attaqués. »
Une déclaration scandaleuse qui légitime l’offensive brutale et meurtrière sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 4000 morts palestiniens. Un soutien plein et entier à l’État colonialiste qui s’exprime également dans la composition de la délégation qui accompagnait Yaël Braun Pivet : Éric Ciotti, président des LR, qui appelle à renforcer le soutien à l’Israël contre « la barbarie », et Meyer Habib, député LR, connu pour sa proximité avec Benjamin Netanyahu et son parti d’extrême droite. Une visite qui a d’ailleurs divisé au sein même de Renaissance, du fait de la ligne pro-israélienne dure affichée.
Alors que les manifestations de ce week-end ont asséné une première gifle au gouvernement, avec notamment 30 000 personnes à Paris, l’offensive contre le tweet de Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans l’offensive maccarthyste contre tout soutien élémentaire à la Palestine. Après l’ouverture d’une enquête contre Danièle Obono à la demande de Darmanin pour « apologie du terrorisme », il faut faire bloc en solidarité avec la France Insoumise.
Alors que cette offensive vient y compris des rangs de partis de la NUPES, coalition formée par LFI au moment des législatives, elle souligne à nouveau la nécessité de construire des mobilisations et des perspectives indépendantes des organisations du régime et de la gauche institutionnelle. Des mobilisations qui, dans les semaines à venir, doivent notamment porter sur la solidarité avec la Palestine et toutes celles et ceux qui subissent la criminalisation de cette cause.
