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Pinkwashing

Non, le maire adjoint de Stockholm qui s’est habillé en dragqueen n’est pas un ami des LGBT

Le 13 juin dernier, le maire adjoint de Stockholm Jan Jönsson a défrayé la chronique en s'affichant en drag-queen, portant un discours de « lutte contre l'intolérance et le populisme ». Si cette communication pu susciter la sympathie de nombreux jeunes LGBT à travers le monde, rappelons que derrière les faux cils et la perruque blonde se cache un homme de droite, dont le parti n'hésite pas à pactiser avec l'extrême-droite suédoise.

Théo Agapé

28 juin

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Non, le maire adjoint de Stockholm qui s'est habillé en dragqueen n'est pas un ami des LGBT

Crédit photo : Capture d’écran de la vidéo publiée par Jan Jönsson sur Twitter

C’est dans le cadre d’une campagne lancée pour lutter contre « l’intolérance et le populisme » de l’extrême-droite que Jan Jönsson, maire adjoint de Stockholm et membre du parti Libéral (centre-droit), a décidé de passer la journée du 13 juin en drag-queen. Lecture pour enfants, sourire béant devant photographes et caméras... Dans un contexte d’offensive internationale de la droite et de l’extrême-droite contre les droits LGBT, ciblant notamment les drag-queens, le buzz est réussi pour l’homme de 45 ans : sa vidéo a circulé dans la presse du monde entier, suscitant de vives réactions à droite comme à gauche.

Ce coup médiatique répond aux critiques de Jimmie Akesson, dirigeant du parti d’extrême-droite des Démocrates de Suède. Début mai, ce dernier avait dénoncé lors d’un émission télé que « l’argent du contribuable » puisse être dépensé dans des lectures drag. Il avait notamment pris à partie Miss Shameless, une artiste drag suédoise.

« Les histoires ne sont pas dangereuses pour les enfants. Les drag queens non plus. Mais le populisme et l’intolérance sont dangereux pour les enfants et pour les adultes », déclarait Jan Jönsson à la suite de sa campagne. Mais le rouge à lèvre, la perruque blonde et la mise en scène d’une prise de position pour la tolérance et la liberté ne suffiront pas à cacher les politiques menées par l’homme de droite et son parti Liberalerna en Suède.

Au pouvoir dans un gouvernement de coalition de centre-droit de 2006 à 2014, Liberalerna porte une grande responsabilité dans la crise sociale que traverse la Suède. Manque de moyen dans les écoles, prix de l’immobilier en hausse, écart grandissant entre les plus riches et les plus pauvres et doublement du taux de pauvreté en 20 ans, c’est l’ensemble des classes populaires et des travailleur·euses et de la jeunesse qui payent le prix fort de la crise. Jan Jonsson, qu’on appelle « l’ennemi numéro 1 des gangs » pour ses politiques de répression, est aussi responsable des politiques pro-patronales et de casse des services publics, qui ont été un terreau fertile à la montée de l’extrême-droite dans le pays.

Des politiques largement compatibles avec des alliances opportunistes avec l’extrême-droite. En novembre 2022, après les élections législatives, un pacte de gouvernement entre la formation politique d’extrême-droite, les Démocrates Suédois, et le parti du maire adjoint de Stockholm était révélé. Même si l’extrême-droite ne fait pas partie du nouveau gouvernement de Suède, leur résultat aux dernières élections les positionne comme 2è force politique du pays et première force à droite (20,5% des voix obtenues) juste derrière les sociaux-démocrates (30,3%). C’est donc avec ces nouvelles coordonnées, que le bloc de « centre-droit » composé des Libéraux, des Modérés et des Chrétiens-Démocrates, qui a remporté de justesse les élections, a pactisé avec l’extrême-droite pour former une « stabilité gouvernementale ».

Un arrangement politique qui se traduit par « l’accord de Tidö” », un programme de coalition pour gouverner qui transpire la xénophobie et le racisme du parti d’extrême-droite. Réduction drastique du quota d’accueil de réfugiés, abolition du système de permis de séjour permanent, exigences plus strictes pour l’obtention de la citoyenneté, réduction du droit au regroupement familial... Autant d’attaques insupportables qui viennent renforcer les politiques anti-migratoires de l’Europe forteresse, encores meurtrières il y a quelques jours au large des côtes grecs.

C’est donc dans ce contexte de compétition électorale que s’inscrit la campagne du maire adjoint de Stockholm. Une campagne de pinkwahing, visant à redorer le blason d’un parti bourgeois qui n’a pas hésité à négocier directement avec l’extrême-droite raciste, xénophobe et transphobe. Face à l’offensive de la droite et de l’extrême-droite menée à l’international contre nos droits, qui en France cible aussi les drag-queens comme on l’a vu à Bordeaux ou à Toulouse, il est urgent de construire une réponse politique par en bas, en toute indépendance des partis qui instrumentalisent la défense de nos droits pour susciter une adhésion électorale avant de nous précariser en masse une fois qu’ils sont élus.


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