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Scandale écologique

Nestlé. L’eau était contaminée et filtrée illégalement, l’Etat a caché le scandale

La multinationale agro-alimentaire a avoué avoir utilisé pendant des années des méthodes de filtration interdites pour son eau en bouteille. Un véritable scandale d'Etat alors que le gouvernement, mis au courant en 2021, a caché ces actions et même allégé les réglementations.

Elea Novak

30 janvier

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Nestlé. L'eau était contaminée et filtrée illégalement, l'Etat a caché le scandale

Crédit photo : Nestlé CC 2.0

La multinationale Nestlé aurait utilisé de l’eau contaminée, puis utilisé des procédés illégaux pour la filtrer afin de la commercialiser en bouteille. C’est ce que Les Echos révèle le 29 janvier, expliquant que Muriel Lienau, tête de Nestlé Waters Europe depuis trois ans, admet que son entreprise a « utilisé des mesures de protection qui n’étaient pas en ligne avec le cadre réglementaire ou avec son interprétation ».

Le lendemain, Le Monde et Radio France dévoilent que cet aveu fait suite à une enquête de la cellule d’investigation de Radio France sur les pratiques de l’entreprise Nestlé Waters, mais aussi quant à l’implication du gouvernement dans l’affaire. L’Etat français aurait été informé de la situation depuis 2021, mais a choisi de ne rien faire face aux pratiques illégales et dangereuses de l’entreprise.

Auprès des Echos, Lienau admet que l’entreprise utilisait jusqu’en 2021 des méthodes de filtration au charbon actif et un traitement aux ultraviolets. Ces méthodes de filtration sont interdites sur l’eau minérale qui n’a pas besoin d’être purifiée. Selon France Info, ce non-respect des normes mène le consommateur à croire que l’eau de source est pure, alors qu’elle ne l’est pas. En réalité, et selon une note confidentielle qu’ont pu consulter Radio France et Le Monde, certains puits exploités par Nestlé, mais aussi par d’autres entreprises, sont contaminés de façon récurrente ou saisonnière par des bactéries coliformes « issues de contaminations fécales », mais aussi par des produits chimiques. Selon l’Igas, l’inspection générale des affaires sociales, si des traitements de l’eau de source ont été mis en place par les grandes entreprises, c’est pour « pallier un défaut de qualité de la ressource ».

En effet, « la pollution des sols affecte la nourriture que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et la santé de nos écosystèmes » d’après Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO. Le réchauffement climatique et le stress hydrique ayant déjà réduit fortement les ressources naturelles en eau de la planète, les ressources d’eau pure se font encore plus rares. Contaminées par les pesticides et les eaux usées, nombreuses sont les sources d’eau à être plus dangereuses pour la santé que l’eau du robinet. Plutôt que de cesser ses activités écocides, Nestlé qui est le quatrième plus grand pollueur du monde, préfère cacher l’état des ressources naturelles ou aller en accaparer en Afrique et Amérique du Sud avec des conséquences humanitaires désastreuses.

Aussi, la complicité de membres du gouvernement Macron dans ce scandale est particulièrement frappante. Le Monde et Radio France révèlent qu’en août 2021, Nestlé Waters a rencontré à Bercy Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de l’Industrie. Au cours de ce rendez-vous, la multinationale a révélé au gouvernement son utilisation de traitements non conformes, mais a aussi fait planer la menace de licenciements massifs si elle n’était pas autorisée à poursuivre ses traitements. Pour satisfaire Nestlé, le gouvernement a accordé la possibilité d’utiliser des microfiltres, qui augmentent la quantité de micro-plastiques. Cela n’a pas empêché le groupe Nestlé Waters d’annoncer malgré tout un plan social avec 171 licenciements en 2023. En octobre 2021, le gouvernement aurait ordonné une enquête administrative confidentielle sur l’ensemble des entreprises d’eau minérale, et mis l’affaire Nestlé sous le tapis. Un silence complice du gouvernement qui a préféré maintenir ses bons rapports avec la multinationale plutôt que d’avertir la population sur l’eau qu’elle a consommé.

D’autant que les pratiques polluantes de Nestlé ne se situent pas qu’à ce niveau de la chaine. En effet, la pollution en micro-plastiques que l’on retrouve dans l’eau vendue par la multinationale s’explique par l’utilisation massive de matière plastiques. Or la multinationale en utilise 1 524 000 tonnes chaque année, et son intense exploitation agricole est la cause même de la contamination des sols ainsi que de la précarité de nombreux petits et moyens exploitants agricoles, en difficulté face aux géants agroalimentaires. Avec en prime un gouvernement qui se fait le complice des pires entreprises capitalistes, il est plus que jamais vital d’arracher les ressources naturelles des mains de ceux qui les détruisent pour le profit. Dans le contexte de la mobilisation actuelle des agriculteurs, ce nouveau scandale d’Etat montre bien à qui il faut s’attaquer : les grands groupes polluants, qui profitent et spéculent sur la destruction de l’environnement.


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