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Fin du conflit

Les grévistes d’Onet-Airbus arrachent une partie de leurs revendications

Ce vendredi 16 octobre, après une semaine de grève, les salariés d'Onet à Toulouse, sous-traitant d'Airbus, ont arrachés une partie de leurs revendications initiales. Si la victoire est loin d'être totale, la détermination des grévistes est un exemple à suivre pour l'ensemble du mouvement ouvrier.

Julian Vadis

17 octobre 2020

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Depuis le 8 octobre, les salariés d’Onet-Airbus étaient en grève reconductible, et largement majoritaire, à Toulouse. Une grève offensive, réclamant de nouveaux acquis pour les travailleurs, qui a détonné dans la situation actuelle, largement marquée par une relative atonie sur le terrain de lutte, avec quelques cas de grève majoritairement « défensives » face aux attaques du patronat en ces temps de crise sanitaire et économique.

Ce vendredi 16 octobre, la direction d’Onet, qui jusqu’ici se montrée tout à fait inflexible, rejetant en bloc toutes les revendications, a due se contraindre à certaines concessions. Certes, nous sommes assez loin d’une situation de victoire totale, même si le protocole d’accord a permis l’obtention de la fameuse hausse du taux horaire à 11,6€ de l’heure, mis en place progressivement sur les 24 prochains mois, en trois phases (1er novembre 2020, 2021 et 2022) pour les personnels travaillant sur avion. Une mesure qui ne concerne donc qu’environ 85 grévistes, puisqu’une partie des travailleurs sur avion sont déjà à 11,6€ de l’heure et que les agents au sol ne sont pas concernés par cette avancée.

Face à ces propositions, si les positions étaient partagées, l’avis général était que les propositions de la direction n’étaient pas satisfaisante, mais les grévistes ont toutefois majoritairement décidé de mettre fin au conflit. Ainsi, et parce que des concessions ont été arrachées, nous pouvons donc par ler d’une victoire partielle et en demi-teinte des grévistes, qui ont réussi par le rapport de force à faire bouger les lignes, face à une direction qui pendant tout le conflit à chercher à briser l’unité des salariés.

La direction joue la carte de la division : les travailleurs décident de reprendre tous ensemble

Une série de facteurs expliquent pourquoi les grévistes ont décidés d’accepter la proposition de la direction. La première et la plus importante est bien sur la raison financière. En effet, une semaine de grève constitue une perte sèche d’environ 400€ pour les travailleurs. Ainsi, la manœuvre de la direction a été de refuser catégoriquement le paiement des jours de grève, contrairement à la grève de 2017, et à proposer à ce qu’une semaine de congés soit retenue. Une manœuvre qui a évidemment mis une énorme pression aux grévistes qui se sont avant tout mobilisés en solidarité avec leurs collègues, celles et ceux qui touchent déjà 11,6€ de l’heure et pour qui une seconde semaine de conflit aurait été très difficile sur ce plan. En ce sens, l’ensemble des grévistes ont aussi trouvé tout à fait normal que celles et ceux qui n’ont « rien gagner » dans le conflit, incluant également donc les agents au sol, bénéficie en priorité des gains de la caisse de grève.

C’est ici que l’on touche du doigt l’un des acquis les plus importants de cette grève. Bien évidemment, et comme depuis le tout début du conflit, la direction d’Onet a cherché jusque dans son protocole d’accord de diviser les grévistes, briser cette unité qui a permis qu’existe ce mouvement dur, reconductible et majoritaire. Ainsi, l’objectif inavoué de cet accord était bel et bien à ce qu’une partie des travailleurs reprennent le boulot, tandis que d’autres se retrouvent isolé dans la grève.

Seulement, la direction a vu une brèche réelle dans laquelle elle s’est engouffrée. Car dans un mouvement comme celui-ci, l’unité des grévistes dans ce qu’ils revendiquent permet de tenir face aux aspects les plus difficiles d’une grève : la perte financière, l’accumulation de fatigue, ou la démoralisation face à une direction qui ne transige pas. Les désaccords sur la continuation du mouvement sont légitimes, et c’est aussi par les discussions collectives qu’ils peuvent permettre de faire avancer la grève. A ce titre, la mise en place d’une assemblée générale des grévistes aurait pu permettre de consolider l’unité en s’accordant sur le cadre des négociations et sur les revendications autour desquelles il ne reculeraient pas.

Pour autant, la manœuvre de la direction n’a pas réussi à diviser leur lutte. En effet, tout au contraire, l’état d’esprit avant de savoir si oui ou non il fallait continuer la grève était simple : Si on rentre au boulot, c’est tous ensemble ! Si on continue la grève, c’est tous ensemble ! C’est pourquoi si les votes étaient divisés, mais majoritairement pour une reprise, ce sont l’ensemble des grévistes qui ont décidés d’arrêter le mouvement, adressant même un avertissement à la direction : A la moindre provocation ou coup de pression contre un, c’est tous ensemble qu’ils retourneront en grève !

Il s’agit là d’un acquis important de la grève, outre le fait que même si les concessions de la direction d’Onet sont insuffisante aux yeux de beaucoup, il s’agit tout de même d’un recul imposé par la grève. En effet, les travailleurs d’Onet ont également arraché la préservation de sa force de frappe, ont soudés les rangs, ont, de leur propre mots, beaucoup appris de leur conflit pour faire mieux plus tard. En d’autre terme, les grévistes d’Onet-Airbus ont réussis à préserver jusqu’au bout leur unité, c’est à dire l’un des ingrédients indispensables pour contrer les attaques de la direction et/ou arracher d’autres revendications à l’avenir.


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