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La HEAR c’est la HESS !

Les Beaux-Arts de Strasbourg occupés et en grève contre le renforcement de la sélection

La HEAR (Haute École des Arts du Rhin) s’est animée, jeudi 18 avril, à l’occasion d’une deuxième journée de grève : une assemblée générale et des actions se sont tenues et l'occupation a commencé contre la casse des conditions d’études et de travail dans l’école !

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Les Beaux-Arts de Strasbourg occupés et en grève contre le renforcement de la sélection

Après une première journée de mobilisation le 26 mars dernier, qui avait réuni une centaine d’enseignant.es, de membres du personnel.les et d’étudiant.es des trois sites de la HEAR la mobilisation se poursuit et s’intensifie. Ce jeudi 18 avril, les Beaux Arts de Strasbourg ont connu une longue journée de mobilisation : étudiant.es, enseignant.es et personnel.les se sont réuni.es dès 9h à l’entrée de l’école et un barrage filtrant a été mis en place pour appeler à se mobiliser contre le plan de casse des conditions d’études et de travail dans l’école, maintenu par la direction.

A 11h, les étudiant.es ont initié une action collective pour dénoncer les méthodes antidémocratiques dont a fait usage la direction ces derniers mois, qui a mis en place un simulacre de concertation collective pour mieux faire passer sa réforme agressive. Le hall de l’école a ensuite été investi par près de 100 personnes qui y ont tenu une assemblée générale. Étudiant.es, enseignant.es et membres du personnel ont pu partager leurs inquiétudes et exprimer leur colère vis-à-vis de la réorganisation imposée unilatéralement par la direction. Les raisons de la colère ne manquent pas : refus des renouvellements de postes, augmentation drastique de la sélection du fait de la diminution de moitié des admissions en première année dans une école déjà très sélective, souffrance au travail, précarisation du personnel.

Dans la continuité de la première journée de mobilisation, les enseignants et membres du personnel déplorent une dégradation brutale de leurs conditions de travail depuis l’arrivée de la nouvelle direction l’an passé. Thomas Voltzenlogel, enseignant et délégué CGT de l’école, témoigne : « Cela fait des mois que des collègues sont en souffrance, inquiets de savoir s’ils verront leur poste renouvelé ou non, sont poussés à bout jusqu’à partir de l’école, c’est notre dignité au travail qui est en jeu ».

La mobilisation a été rejointe par de nombreux.ses étudiant.es, préoccupé.es par la détérioration de la qualité d’étude qu’entraînera la dégradation des conditions de travail du personnel. L’augmentation drastique de la sélection est également unanimement dénoncée. En effet, la direction a confirmé publiquement cette semaine, sans concerter les instances collectives de l’école, qu’elle réduirait par deux les admissions en première année tout en délocalisant les enseignement des nouveaux entrants sur le site de Mulhouse. Alors que les cursus sont déjà très sélectifs et quasiment inaccessibles aux classes populaires, le projet de la direction relaie celui du gouvernement : faire payer la crise aux étudiant.es et aux travailleur.euses !

Les étudiant.es ont rappelé leur rejet de cette réforme de l’école qui va à l’encontre de leurs droits et de ceux des futurs candidats. Un candidat aux concours d’entrée était présent à l’AG et a témoigné du choc suscité par l’annonce de la direction : « Déjà que l’on s’attend à ne pas être pris dans ce genre d’école, là ça devient carrément impossible. Surtout que la majorité d’entre nous n’avons pas les moyens financiers de multiplier les déménagements entre Mulhouse et Strasbourg, beaucoup ont déjà retiré leur candidature. ». Dans une situation où la précarité étudiante est déjà critique, comme le montre l’enquête nationale du Poing Levé et alors qu’un.e étudiant.e vit en moyenne avec 718 euros par mois, soit 450 euros en dessous du seuil de pauvreté, le durcissement de la sélection à la Hear et le coût qu’implique la délocalisation des enseignements sur un seul campus pour les étudiants ont tout du tri social.

Loin d’être un cas isolé, le projet de la direction de la HEAR participe d’une offensive plus large contre l’ensemble des études artistiques et du reste de l’enseignement supérieur. En effet, le mois dernier, la ministre de la culture Rachida Dati menaçait de fermer certaines écoles d’art territoriales alors que plusieurs d’entre elles sont déjà menacées. Des attaques qui concernent également le reste de l’enseignement supérieur et qui s’inscrivent dans la continuité du projet macroniste pour l’enseignement public !

Le soir, de nombreux étudiant.es mobilisé.es ont décidé d’occuper les locaux de l’école jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites, afin de poursuivre la lutte. Des ateliers de création de banderoles, de pancartes ont eu lieu pour visibiliser le début de la mobilisation.

La réorganisation de la HEAR sacrifie la dignité des travailleur et travailleuses de l’école, les conditions d’étude et l’accès à l’enseignement artistique sur l’autel de l’austérité. Pour stopper ce rouleau compresseur et lutter contre la division par ateliers et par sites promue par la direction, il nous faut construire la mobilisation autour d’assemblées générales pour discuter et décider collectivement de la poursuite de la lutte pour le retrait total de la réforme !

La mobilisation, pendant les prochaines semaines, doit être à la hauteur des revendications portées par les enseignants, agent.es et étudiant.es mobilisé.es :

Pour des écoles et universités ouvertes à toutes et tous : suppression de la réorganisation pédagogique de la HEAR et des réformes sélectives Parcoursup et MonMaster !

Pour le renouvellement de tous les postes menacés à la rentrée 2024 et la titularisation de tous ceux sous contrats précaires !

À rebours des décisions managériales, unilatérales, brutales et anti-démocratiques de la direction : revendiquons la création d’un « comité de pilotage de la HEAR » composé de membres élu.es qui représenteront les agent.es et les étudiant.es des trois sites, la suppression du poste de « directeur général de la HEAR » et l’ouverture des livres de compte de l’école !
Pour le Poing Levé, derrière la casse de l’ESR, l’avenir de la jeunesse est en jeu, dans le travail de l’art et de la culture mais aussi dans la société en général.
Le gouvernement et les directions des écoles et des universités attendent des étudiants en art un rapport à la création neutralisé et inoffensif. Nous pensons au contraire qu’il faut un art qui soit au service de l’émancipation de toutes et tous et que nos lieux d’études deviennent des points de départ pour lutter contre l’agenda austéritaire que le gouvernement souhaite nous imposer !


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