« On n’a pas des températures extrêmes, elles sont plutôt normales, pour un été ». Quelques jours après ses déclarations quasi-climatosepctiques, la canicule rappelle le ministre de l’agriculture Marc Fesneau à la réalité, avec des températures record dans plusieurs départements du sud-est de la France. Des incendies en Grèce à la vague chaleur en Italie, la France rejoint tout le bassin Méditerranée qui est touché par la canicule, tandis que le reste de l’hémisphère nord connaît également des vagues de chaleur extrême. Une situation généralisée qui confirme que l’on se dirige vers un nouvel été catastrophe.

81 incendies en Grèce, Athènes sous 39 degrés

En Europe, les effets les plus dévastateurs de la vague de chaleur actuelle se concentre en Grèce. Alors que ce week-end la capitale Athènes était étouffée par une chaleur de 39 degrés, qui atteint 44,2°C dans la région de Thèbes au centre du pays, des feux de forêts se sont propagés. Sous de vents forts, de près de 60 km/heure, les incendies se sont étendus et peinent à être contenus. A l’heure actuelle, 81 feux parcourent le pays, avec 4 foyers principaux, dont celui de Kouvaras, à seulement 50 km de la capitale et un deuxième près de la ville de Loutraki, à 80 km à l’ouest d’Athènes.

Sans victimes humaines pour l’instant, ces incendies ont forcé l’évacuation des zones balnéaires de la région de Kouvaras, quand à Loutraki un camp de vacances hébergeant plus de 1000 enfants a été évacué. L’île de Rhodes a également été touchée par les feux.

Dans le cas de la Grèce, le lien entre la vague de la chaleur et la prolifération des incendies ne fait pas de doute. Comme l’explique à Reporterre le professeur Apostolos Voulgarakis, spécialiste sur la question des incendies et du climat à l’université technique de Crète : « Les vagues de chaleur font, entre autres, évaporer l’eau qu’il y a dans la végétation, comme dans les plantes, ce qui rend ces régions plus sèches et donc plus vulnérables », alors que le pays a connu des scénarios de ces type par le passé, en 2021 ou en 2018. Dans un pays rongé depuis des années par l’austérité et la destruction des services publics, l’impréparation des pouvoirs publics paraît flagrante, alors que plusieurs pays européens ont du envoyer des pompiers et des Canadairs en renfort.

Record de 42 degrés à Rome, canicule en Italie et en Espagne

La vague de chaleur qui touche la Grèce s’étend sur tout le bassin méditerranéen, et touche notamment l’Italie et l’Espagne. La capitale italienne a connu mardi un nouveau record de température, avec 41,8°C à Rome, soit 1,1°C que son précédent record, et devrait atteindre 45 degrés dans la semaine. Sur la côte sud de la Sicile, la température dépasse même les 46 degrés. Comme le relaie Le Monde les travailleurs sont durement exposés par cette vague de chaleur, le syndicat CGIL estime par exemple qu’en Sardaigne 30 000 ouvriers dans le bâtiment sont en danger alors qu’ils travaillent sous les 45 degrés qui assomment l’île.

Face à cette situation le gouvernement d’extrême-droite italien s’est inspiré de son homologue français en mettant en place un … numéro vert pour s’informer sur la canicule. L’exposition des travailleurs italien à la chaleur est pourtant connue : l’enquête de Nature Medecine que nous citions la semaine passé estime ainsi que, sur les 60 000 décès causés par la chaleur en Europe pendant l’année 2022, 18 000 concernaient l’Italie.

En Espagne également, on fait face à un été record, avec 45 degrés recensés en Catalogne, et près de 44 dans les Baléares. D’après l’agence météorologique du pays, les températures seraient 10 voir 15 degrés au-dessus des normales saisonnières.

Loin d’être une coïncidence, cette vague de canicule dans toute la Méditerranée s’explique par des « dômes de chaleurs » à savoir « une zone fermée de hautes pressions qui emprisonne de l’air chaud à tous les étages de l’atmosphère » comme l’explique Météo-France, ce qui empêche l’air chaud de s’évacuer. Pour Reporterre, le climatologue Christophe Cassou estime que ce phénomène naturel est « dopé par l’influence humaine » qui en aggrave considérablement les effets.

52 degrés en Californie et dans l’ouest de la Chine : une vague de chaleur généralisée

Mais la vague de chaleur n’est pas circonscrite à une zone géographique particulière. De la Californie à la Chine, c’est dans l’ensemble de l’hémisphère nord, en période estivale, que la chaleur étouffe.

Dans la vallée de la Mort en Californie, habituée aux fortes chaleurs, la température a atteint 52 degrés, quand la ville de Phoenix a vécu un record de température avec 45 degrés, après 18 jours consécutifs au-dessus de 43 degrés Celsius. Au Canada, après les incendies qui ont traversé le pays au mois de juin, 882 feux étaient actifs ce lundi, dont 579 hors de contrôle, quand en Chine le record de chaleur du pays était battu en début de semaine, avec 52,2 degré dans le Xinjang à l’Ouest du pays.

Une vague de chaleur généralisée, alors qu’on sort du mois de juin le plus chaud jamais enregistré, et que la première semaine de juillet a été la plus chaude jamais recensée, avec environ 17,2 degrés, loin de la moyenne de 15 degrés que connaît le globe habituellement. Autant d’éléments qui laissent craindre que nous avons atteint le « point de bascule » dans le changement climatique, synonyme de dépassement des seuils entraînant des changements significatifs sur le climat, et potentiellement irréversibles.

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Canicule en France : un gouvernement toujours plus loin dans l’inaction climatique

Dans ce contexte de catastrophe climatique, les déclarations du gouvernement français apparaissent plus en décalage que jamais. Les propos du ministre de l’agriculture Marc Fesneau, grand défenseur du patronat la FNSEA estimant que « On n’a pas eu des températures extrêmes, on a plutôt des températures qui sont assez normales pour un été » ont été immédiatement détrompés par la vague de chaleur dans le sud-est du pays. Avec 40 degrés mardi dans le Var et dans les Pyréennées-Orientales, des températures parfois 12 degrés au-dessus de la normale et de nombreux de records, la France est touchée par la même vague que le reste du bassin méditerranéen.

Loin de la posture de Macron en début de mandat, jouant hypocritement le rôle de défenseur du climat sur la scène internationale, le gouvernement français ne fait désormais plus secret de son désintérêt de la lutte contre le réchauffement climatique. La provocation que marque la décoration de Patrick Pouyané patron de TotalEnergies, une des principales entreprises polluantes de la planète, au rang d’officier de la légion d’honneur, en constitue un nouveau signe.

Interrogé à l’Assemblée nationale sur cette nomination et sur la canicule, le ministre de l’écologie Christophe Béchu a préféré mettre en cause l’opposition de gauche coupable de ne pas avoir dénoncé les émeutes dans les quartiers populaires. Mis en cause quant à sa responsabilité dans le réchauffement climatique, le gouvernement continue donc de criminaliser l’opposition, comme lorsqu’il envoyait des brigades anti-terroristes arrêter des militants écologistes il y a quelques semaines.

Face à une vague de chaleur généralisée, conséquence du réchauffement climatique et de l’action des entreprises polluantes, le cas français résume l’attitude générale des gouvernements capitalistes, de la Grèce à l’Italie en passant par le Canada, qui décorent les patrons-pollueurs, détruisent les services publics et laissent les travailleurs et les plus précaires mourir sous la chaleur au travail, quand ils ne doivent pas fuir des incendies ou des catastrophes climatiques.