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Transports

Grève des aiguilleurs les 23 et 24 février : les salaires continuent d’attiser la colère cheminote

Après la maintenance et les contrôleurs, un appel national à la grève est lancé dans le secteur de la circulation ferroviaire pour les vendredi 23 et samedi 24 février. Face aux faibles rémunérations, au sous-effectif chronique et aux conditions de travail difficiles, les agents de circulation, aiguilleurs, régulateurs et des autres métiers du rail se préparent à entrer dans la bataille.

Olive Ruton

21 février

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Grève des aiguilleurs les 23 et 24 février : les salaires continuent d'attiser la colère cheminote

Crédits photo : Geralix

Les cheminots en lutte pour la reconnaissance de leurs métiers !

Depuis quelques mois, la colère est grandissante parmi les cheminots de la SNCF et des conflits éclatent dans différents secteurs de l’entreprise. Mi-janvier, les travailleurs de la maintenance des TGV commençaient la nouvelle année avec des débrayages importants, qui ont mis pas moins de 5 technicentres à l’arrêt. Dès le 15 février et jusqu’à ce lundi 19, les contrôleurs sont entrés à leur tour en lutte avec une grève massive dans le secteur TGV et Intercités. Au cœur des revendications, la question des conditions de travail, de la pénibilité et celle des salaires.

Alors que la direction s’appuie sur l’issue des dernières NAO (négociations annuelles obligatoires) pour prétendre avoir déjà accédé aux demandes des cheminots dont la colère serait dès lors « incompréhensible », c’est au tour du secteur de la circulation d’annoncer une grève pour le week-end de chassé-croisé du 23 et 24 février - marquant la fin des vacances d’hiver de la zone C, le milieu pour la zone A et leur début pour la zone B. SUD-Rail appelle les aiguilleurs, agents de circulation, régulateurs et tous les autres métiers de la circulation ferroviaire à se mettre en grève pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail et de leur rémunération. Les cheminots demandent notamment une « revalorisation de l’indemnité opérationnelle de circulation », une manière pour eux d’avoir une reconnaissance de la technicité de leurs métiers. Il revendiquent l’augmentation de cette prime mensuelle de 60 euros à 300 euros par mois. À cette revendication, s’ajoute la demande d’embauches massives, et des améliorations de leurs conditions de travail : il demandent notamment un aménagement du rythme de travail, qui a un impact sur la santé et la vie des cheminots qui travaillent en horaires décalés et notamment en 3x8.

Les JO n’auront pas lieu sans les cheminots

L’émergence de tous ces mouvements de grève reflète un ras-le-bol qui se généralise au sein de la SNCF. En effet, ces grèves catégorielles sont le produit de la dégradation continue des conditions de travail des cheminots qui s’est encore accentuée ces dernières années, ainsi que de l’inflation qui touche l’ensemble du monde du travail, et d’un mépris total de la part d’une direction qui n’hésite pas à mentir ouvertement dans les grands médias pour stigmatiser les cheminots qui relèvent la tête et se battent.

Si ces grèves voient le jour maintenant, c’est également parce que les cheminots savent que les JO ne pourront pas avoir lieu sans les travailleurs des transports, et tentent de saisir cette fenêtre de tir pour se mobiliser. C’est pour cette raison que sur la région de Paris Nord en particulier, épicentre des JO au vu des nombreuses épreuves qui vont se dérouler dans la région, SUD-Rail Paris Nord a décidé de mettre la question des Jeux olympiques sur la table, en plus des revendications propres aux métiers de la circulation dans le cadre du mouvement national.

En effet, de nombreux travaux de maintenance, de remplacement d’appareils de voie (aiguilles) ont actuellement lieu en amont des JO. Si la direction a voulu calmer la colère en donnant une prime de 50€ brut par journée de service pendant la tenue des JOP, cela n’est pas suffisant pour les cheminots à qui on va demander de ne pas partir en vacances en famille cet été, et d’autant plus qu’il existe une charge de travail supplémentaire dès maintenant qui n’est pas récompensée à la hauteur des efforts demandées.

Cette charge de travail engage par ailleurs fortement la responsabilité des cheminots de la circulation, qui doivent assurer la sécurité non seulement des passagers mais aussi de tous les cheminots travaillant sur les voies. Pour être rémunérés à la hauteur de la surcharge de travail que représentent les JO pour le secteur des transports, les cheminots de Paris Nord demandent donc une prime exceptionnelle, car c’est sur leur travail que repose la tenue de l’événement.

Pour les cheminots de Paris Nord, il est urgent de poser cette question en lien avec la nécessaire augmentation des salaires. Comme l’explique Laura, agent circulation dans la région de Paris Nord, « Ce ras-le-bol s’explique à la SNCF par la systématisation d’une politique de la part de l’entreprise d’avoir gelé les salaires pendant des années, pour ensuite donné des augmentations dérisoires comme les 1,8% des NAO 2023, qui ne sont pas à la hauteur de l’inflation et des revalorisations nécessaires de nos salaires. Il est inadmissible qu’aujourd’hui à la SNCF il y ait encore des salaires de base en dessous du SMIC. Avec SUD Rail Paris Nord, cela fait des mois que nous avons posé sur la table la nécessité d’une bataille de l’ensemble des cheminots, pour des augmentations de salaire de minimum 400€ net et leur indexation sur l’inflation ».

Des grèves catégorielles qu’il faut unifier pour gagner

Si toutes ces luttes émergent métier par métier, des revendications communes centrales se dégagent assez clairement. En premier lieu la question des salaires, qui ne permettent plus à de nombreux agents de faire face à l’inflation, et celle des conditions de travail qui rendent difficile de se projeter dans le métier jusqu’à 64 ou 67 ans. Cause parmi d’autres des difficultés de recrutement que connaît la SNCF, la rémunération est l’un des premiers déclencheurs du ras-le-bol et de la colère dans tous les secteurs de l’entreprise. Certains secteurs, tels que les contrôleurs, revendiquent que les primes qu’ils perçoivent soient intégrées dans leurs salaires, car ces primes qui essentielles au maintien de leur niveau de vie mais ne sont pas prises en compte pour le calcul de la retraite.

La réalité est bien loin de tout le matraquage médiatique et politique qui vise à installer dans l’opinion publique l’idée que les cheminots ne seraient que des privilégiés, bien mieux payés que le reste du monde du travail et profitant du caractère stratégique de leur secteur pour « prendre en otage » les usagers afin d’obtenir toujours plus d’avantages comme le rappelle Anasse Kazib. Le discours selon lequel les mobilisations cheminotes ne seraient qu’un « rituel qui a le don de mettre les Français en colère » (Le Figaro), n’est en réalité qu’une tentative de décrédibiliser des mouvements dangereux pour la direction de la SNCF et pour le patronat français.

Gabriel Attal est ainsi monté au créneau face aux dernières grèves, « rappelant » que si la grève est un droit, le travail est un « devoir » : plus qu’un enjeu spécifique à la SNCF, l’enjeu est tout aussi important pour le gouvernement qui craint une mobilisation généralisée à la veille des Jeux olympiques alors que le mécontentement des cheminots autour des salaires bas et des conditions de travail dégradées est également partagé par une grande partie des travailleurs. De quoi dessiner la perspective d’une riposte d’ensemble qu’il y a un enjeu central à construire.


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