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Communiqué

Education. Face à l’interdiction des abayas, s’organiser contre le racisme et l’islamophobie

Gabriel Attal a annoncé dimanche 27 août l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Face à ce nouveau saut dans l'offensive islamophobe, les travailleuses et travailleurs de l'Education de Révolution Permanente appellent à s'organiser contre le racisme, le sexisme, et l'islamophobie.

RP Éducation

30 août 2023

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Education. Face à l'interdiction des abayas, s'organiser contre le racisme et l'islamophobie

Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’éducation, a annoncé dimanche 27 août au 20H de TF1 l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Après des mois de tension organisée par le gouvernement et alimentée par les médias sur cette question, le nouveau ministre et bras droit de Macron a choisi de donner le ton pour cette rentrée des classes. Et il est une fois encore teinté d’islamophobie. Déjà, Pap Ndiaye dans une circulaire datant de novembre 2022 appelait à « sanctionner systématiquement (...) le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité » et visait particulièrement les vêtements amples, tels que les abayas et les qamis. Avec l’interdiction, c’est un nouveau saut islamophobe qui s’impose !

Un nouveau saut dans l’offensive islamophobe

Ainsi Attal franchit une nouvelle étape et cherche à s’imposer comme celui qui viendrait rétablir l’autorité à l’école, sous prétexte que la République y serait mise en danger par les tenues des élèves… Il s’agit d’une nouvelle offensive visant les musulman-e-s, et plus spécifiquement nos élèves musulmanes ou assimilées comme telles, via le contrôle sexiste et patriarcal du corps et des tenues des jeunes filles. De fait, avec l’interdiction des abayas il s’agira bien de déterminer selon le faciès ou le patronyme de nos élèves si les vêtements qu’elles portent sont des tenues amples ou des abayas, de les interdire, de les humilier en vertu de ce critère raciste.

Cette interdiction s’inscrit dans la continuité des offensives racistes puisque depuis la loi de 2004 la question de la tenue des jeunes musulmanes polarise les débats imposés par les membres du gouvernement et des ministères de l’éducation successifs pour faire du corps de nos élèves un sujet politique. Les offensives se sont multipliées dans le champ politico-médiatique ces dernières années : suppression de l’observatoire laïcité, débat autour du refus possible des mamans d’élèves voilées d’accompagner leurs propres enfants en sorties scolaires, piscine et burkini… sans jamais donner la parole aux premier-e-s concerné-e-s, relayant ainsi tous les fantasmes de l’extrême droite sur l’islam et construisant par là même un ennemi intérieur au nom de la laïcité !

Ce harcèlement permanent a eu comme terrible répercussion de pourrir la scolarité des premières concernées en les stigmatisant, en les mettant dans le viseur de l’extrême droite et en les harcelant quotidiennement. La loi de 2004 et les mesures qui s’en sont suivies ont également eu comme répercussion d’exiger des travailleurs de l’éducation et notamment des professeurs d’exercer un flicage permanent et une délation insupportable des élèves, sanctionnant et menaçant les plus réfractaires de répression. L’école agit ainsi comme un espace de racisme décomplexé, avec une véritable chasse des élèves musulmanes et de toutes celles et ceux qui osent dénoncer les mesures islamophobes.

Une mise au pas pour mater les mobilisations de la jeunesse et des travailleurs de l’éducation

Dans l’éducation, cette nouvelle offensive est pensée en même temps qu’un certain nombre d’attaques économiques dans la continuité de la destruction du service public d’éducation où les moyens humains et matériels se réduisent de plus en plus à peau de chagrin rendant les apprentissages douloureux voire impossibles, avec pour conséquence la multiplication des classes sans enseignant-e-s. Aussi, cette attaque visant nos élèves musulmanes n’est en rien un « contre feu » ou une « diversion », comme a pu le dire Sophie Binet, numéro une de la CGT, ni une décision qu’il suffirait d’adoucir pour la rendre acceptable par l’instauration d’un « dialogue » comme le voudrait Sophie Vénétitay, secrétaire du Snes-FSU. Bien au contraire, cette interdiction vise véritablement à diviser le corps enseignant, en opposant lutte anti-raciste et lutte pour les salaires et contre la casse de l’enseignement, alors que le gouvernement nous rappelle que les offensives islamophobes à l’école et la destruction du secteur de l’éducation vont de pair depuis de la fin des années 1980. En effet, l’instrumentalisation de la laïcité sert tout autant à la mise au pas des élèves qu’à la répression des collègues enseignant-e-s qui luttent pour défendre leurs conditions de travail dans leurs établissements et qui se retrouvent de plus en plus souvent convoqué-e-s en procédure disciplinaire, non pour fait de grève ou pour leur appartenance syndicale – à ce jour interdit – mais sous couvert d’une non application de la loi de 2004. C’est pourquoi nous devons lier la lutte contre l’offensive raciste, islamophobe et autoritaire du gouvernement au combat pour les salaires, pour des moyens, et contre la casse du service public de l’enseignement.

En effet, cette interdiction de l’abaya intervient dans la continuité des mobilisations qui ont eu lieu tout au long de l’année 2022/2023, et qui ont mis la classe ouvrière et les quartiers populaires dans la rue contre la réforme des retraites et de la révolte des banlieues après le meurtre policier du jeune Nahel. C’est donc une attaque pensée aussi pour diviser et mettre au pas, autant la jeunesse que les travailleurs de l’éducation, après des séquences de luttes importantes qui ont profondément remis en question Macron et son système.

Pour nous enseignant-e-s, il est temps de refuser que l’école continue d’être le relais de l’islamophobie d’Etat

Les travailleuses et travailleurs de l’éducation doivent être en première ligne pour combattre la stigmatisation raciste de leurs élèves. Il y a urgence à s’organiser face à un gouvernement qui véhicule le racisme, le sexisme et l’islamophobie, réprimant la jeunesse pour la soumettre à l’autorité d’une République profondément réactionnaire. Trop couvertes ou pas assez, aux élèves de décider !

Ainsi, nous réclamons l’abrogation immédiate de la loi de 2004, de la loi dite séparatisme, et de toutes les circulaires et mesures racistes et islamophobes, ainsi que l’abandon de la future « loi immigration ». Nous sommes déterminé-e-s à constituer un front antiraciste et anti-islamophobie pour que plus jamais nos élèves, parents d’élèves ou collègues musulman-e-s ne subissent un tel harcèlement et pour mettre fin à l’omerta que nous subissons face aux pressions de l’institution. Nous réclamons enfin la fin des mesures répressives contre tou-te-s les collègues qui ont su dénoncer les offensives racistes du ministère de l’Education et de ses relais dans les établissements scolaires, et nous exigeons l’amnistie de l’ensemble des condamnés lors de la révolte des quartiers populaires.

Mais aussi, face à l’inflation, nous voulons de véritables augmentations de salaire et l’abrogation du pacte enseignant, qui impose de travailler plus pour des primes qui ne permettent pas d’augmenter les retraites, ainsi qu’une surcharge de travail face aux élèves. Nous réclamons la baisse des effectifs en classe, la hausse des moyens, ainsi que l’abrogation du SNU qui cherche à l’enrégimenter.

Il s’agit de s’atteler dès aujourd’hui à la constitution d’un front de résistance large, qui pose la nécessité de combattre par la rue et par la grève, l’offensive raciste et sexiste et de casse de l’éducation publique lancée par le gouvernement.

Organisons-nous !


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