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Palestine

350 étudiant-es en AG à Paris : « la lutte de la Palestine, c’est celle de toute la jeunesse »

Une dizaine d’universités & lycées étaient représentés lors de la première AG Palestine de jeunesse en Ile-de-France, à l'appel des jeunes d'Urgence Palestine. Les discussions ont permis de dénoncer le massacre mené par Israël et de discuter des suites du mouvement.

Philomène Rozan

16 novembre 2023

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350 étudiant-es en AG à Paris : « la lutte de la Palestine, c'est celle de toute la jeunesse »

Crédits photo : Révolution Permanente

Ce mercredi soir se tenait la première assemblée générale de soutien à la Palestine sur Paris. Appelée par les jeunes d’Urgence Palestine – réunissant des étudiant-es palestinien-nes et de plusieurs organisations de jeunesse comme Le Poing Levé, Solidaire Ehess ou encore la FSE - elle a réuni plus de 350 étudiant-es de la plupart des universités franciliennes. Le facs de Paris 1, Paris 3, Sorbonne Université, Paris 8, Paris Cité, Nanterre Paris 13, mais aussi de l’Inalco, de l’EHESS, Paris 13 et d’écoles comme Science Po, ainsi que plusieurs lycées, étaient représentés.

Israël assassin, Macron complice

Au cœur de cette assemblée générale, la dénonciation du génocide en cours et du soutien de la France à celui-ci. Mina*, étudiante palestinienne à l’EHESS, insiste dès le début depuis la tribune : « je suis en train d’assister au génocide de mon propre peuple, je suis désespérée et terrifiée. Il n’y pas de mot pour parler de notre terreur. On a une responsabilité collective de réagir massivement pour mettre fin au génocide ! ». A ses côtés deux étudiant-es, l’une qui arrive de Jérusalem, « capitale de la Palestine » comme elle l’assure avec force, et l’autre de Cisjordanie.

Toutes deux racontent l’horreur de la vie sous l’occupation israëlienne : « dans le village où je viens cette semaine ils ont assassiné deux enfants. Mes frères sont des prisonniers en Palestine, je me souviens du jour où petite l’armée m’a demandé où étaient mes frères pour les emmener en prison. » Elles racontent les humiliations quotidiennes, le harcèlement, les checkpoints, les mises à nue à l’aéroport pour pouvoir venir en France. Mais face à tout ça elle conclut en disant : « Je suis contente de voir du monde ici, ça montre qu’il y a vraiment du monde en soutien à la Palestine et ça fait chaud au cœur ! »

La colère contre le génocide en cours est palpable. Tout le monde a vu les images des morts et des massacres. « On doit dénoncer ce qu’il se passe, il faut aller manifester en direction des ambassades d’Israël » défend quelqu’un, une autre étudiante lui fait écho « il faut des sanctions contre Israël ». « Israël se sert du pinkwashing pour justifier un génocide et met un drapeau LGBT sur des décombres ! On doit dire comme Etats-Unis que ce ne sera pas en notre nom » insiste une autre étudiante. Dans le sens de dire que les féministes doivent se positionner clairement contre le génocide, un cortège est décidé pour le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes.

La question de la responsabilité de la France traverse également de nombreuses interventions, certain.es dénonçaient le soutien inconditionnel de Macron à l’Etat Israël et le rôle de la France, des Etats-Unis et des pays impérialistes qui ont soutenu la création d’Israël et lui livre des armes qui servent aujourd’hui à massacrer le peuple palestinien. La dénonciation du gouvernement français ne s’arrête pas là. En effet ce dernier a enchaîné les interdictions de manifestations, les menaces de dissolution, les amendes de masses, les mises en garde-à-vue ou encore le traitement terrible réservé à Mariam Abu Daqqa.

Samara* étudiante à l’Ehess et militante à Solidaire rappelle leur situation : « pour avoir soutenu la Palestine et le droit inconditionnel du peuple palestinien à se défendre on s’est pris une vague d’attaques et de menaces d’enseignants pendant que le directeur nous a signalé à l’Etat ». En écho Marina, militante à Révolution Permanente, revient sur sa journée de garde-à-vue pour avoir réalisé un collage en soutien à la Palestine : «  ils veulent nous intimider mais ils n’y arriveront pas, on va répondre ensemble par la solidarité et rappeler que soutenir la Palestine n’est pas un crime ! » Et plus encore c’est toute la politique actuelle xénophobe du gouvernement qui est rejetée quand l’ensemble de la salle vote pour l’abrogation de la loi immigration.

S’organiser et élargir le mouvement dans la jeunesse

Face à cette situation, une préoccupation commune : s’organiser, à la base ! Dès le début Layla* à la tribune insiste : « l’idée aujourd’hui c’est de s’organiser depuis les facs pour mettre fin au génocide. Dans plusieurs universités des comités de soutien se sont lancés, on a lancé un appel à les rejoindre depuis Urgence Palestine, on est là aujourd’hui pour se mobiliser et se coordonner ».

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« La lutte du peuple palestinien c’est celle de toute la jeunesse » a défendu Ariane du Poing Levé Paris 1 en proposant « on doit être dans la rue ce samedi, avec des banderoles des comités de nos universités pour montrer que la jeunesse s’organise ! » Des membres des comités pour la Palestine de l’EHESS, de Science Po, de Sorbonne Université, de Paris 3, Paris Cité, Nanterre, de Paris 1 ont ensuite pris la parole pour parler des actions menées jusque-là, die-in, déploiement de banderoles ou proposition de veillée pour rendre hommage aux mort-es.

La question de l’élargissement du mouvement est également posée. Debunker les fake news et la propagande d’Israël relayées par les médias français, prendre le temps de convaincre ses collègues, ses camarades de classe, faire des expositions photos qui retracent la situation en Palestine ou montrer les visages de celles et ceux qui sont mortes sous les bombes, autant de choses et d’idées qui ont émergé hier soir. Plusieurs lycéen-nes ont appelé à bloquer les lycées ce jeudi matin.

A l’appel à généraliser les comités s’est ajoutée la volonté de préparer une grosse journée de mobilisation dans les universités pour le 29 novembre. Avec l’idée de bloquer les facs, de les mettre « en grève » : pas de cours mais des discussions, des projections de films, des activités de soutien à la Palestine. Et pour concrétiser tout ça une coordination des différents comités avec de représentant-es a été actée.

Plusieurs étudiant-es ont appelé au boycott, rappelant le rôle de Carrefour qui s’implante dans les colonies et d’autres banques et multinationales françaises qui jouent un rôle dans la colonisation de la Palestine. D’autres encore, prenant l’exemple de l’action devant le salon Milipol pour appeler à stopper la vente d’armes à Israël ou des dockers et jeunes qui en Espagne et aux Etats-Unis bloquent les départs d’armes pour Israël, ont proposé des actions pour dénoncer le rôle de l’impérialisme français et de la vente d’armes.

Une jeune salariée salariée a pris la parole en proposant un autre mode d’action : la grève. « Il y a peu j’étais étudiante, aujourd’hui je travaille et je voulais proposer un appel à la grève. Elle a été utilisée en Palestine en 2021 et elle permet de bloquer le pays ! ». Une position qui a fait échos aux appels à s’organiser de façon commune avec les travailleurs et les travailleuses en envoyant notamment une délégation de cette assemblée au comité de soutien à la Palestine qui se tient ce vendredi.

Un premier pas vers la construction d’un mouvement étudiant en solidarité avec la Palestine ?

Cette première assemblée générale francilienne a été une réussite tant en terme d’universités réunies que du nombre totale des personnes présentes. Elle dessine la possibilité de l’entrée des étudiants dans un mouvement consolidé et pensé en tant que tel, où les universités puissent être des points d’appuis pour organiser le soutien à la Palestine.

Cette première initiative en appelle d’autres, à construire des comités là où il n’en existe pas encore, à tenir des assemblées dans les différentes villes étudiantes de France et a pensé une coordination entre les différentes facs dans les pays mais aussi à l’international où le mouvement étudiant s’éveille.

Pour rejoindre la mobilisation étudiante, participe au cortège inter-fac dans la manifestation de samedi dans le pôle Urgence Palestine !

*Les prénoms ont été modifiés.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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