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Guerre en Ukraine

Quand la russophobie amène le Parlement canadien à rendre hommage à un ex-soldat nazi

La semaine dernière, le Parlement canadien rendait hommage à un ancien soldat nazi ayant combattu contre l’Union Soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. Si les représentants canadiens se sont excusés, se défendant d’avoir eu connaissance du passé de ce vétéran, l’incident révèle la complaisance croissante des alliés de Kiev envers l’extrême-droite en Ukraine, dans le cadre de la propagande antirusse.

Jyhane Kedaz

27 septembre 2023

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Quand la russophobie amène le Parlement canadien à rendre hommage à un ex-soldat nazi

Hommage au Parlement canadien à un vétéran canado-ukrainien ayant combattu les Russes au sein d’une division nazie. Capture d’écran Youtube/CBC News

"C’est avec le cœur lourd que je me lève pour informer les membres de ma démission en tant que président de la Chambre des communes". Face à la polémique suscitée par l’ovation d’un ex-soldat nazi ayant combattu "les Russes" lors de la Seconde Guerre mondiale, le président de la chambre basse du Parlement canadien, Anthony Rota, a annoncé se retirer de ses fonctions mardi.

De nombreuses associations juives avaient dénoncé cette scène, qui s’est déroulée vendredi, lors de la réception de Volodymyr Zelensky par le Parlement, dans le cadre de son déplacement à Ottawa. Anthony Rota, saluant l’amitié canado-ukrainienne, a ainsi souhaité rendre hommage à “un héros de la Seconde Guerre mondiale”, le vétéran Yaroslav Hunka, 98 ans. Problème, celui qui a alors été présenté comme “un Ukrainien-Canadien, qui a combattu pour l’indépendance ukrainienne contre les Russes”, selon CBC News s’est révélé être un ancien membre d’une unité nazie ukrainienne.

“Civils brûlés vifs”

La 14e division Waffen Grenade de la SS, aussi appelée division SS Galicie, créée en 1943, est en effet accusée de plusieurs crimes de guerre. Selon un article du site d’informations juif Forward, repéré par Le Monde, “l’unité était armée et entraînée par les nazis et commandée par des officiers allemands. En 1944, la division reçut la visite du chef SS Heinrich Himmler, qui parla de la volonté des soldats de massacrer les Polonais”, indique Forward. “Trois mois plus tôt, les sous-unités SS Galichina avaient perpétré ce que l’on appelle le massacre de Huta Pieniacka, brûlant vifs 500 à 1 000 villageois polonais”.

Si le président de la Chambre des Communes, Anthony Rota, s’est par la suite défendu de connaître le passé du vétéran mis à l’honneur, ce n’est pas la première fois que cette unité suscite la polémique outre-atlantique. Accusé d’avoir été un refuge pour d’anciens soldats nazis, le Canada dispose de plusieurs monuments à la gloire de cette unité, dont le retrait est régulièrement demandé par des associations juives, explique Le Monde.

En réalité, cet incident est révélateur de la complaisance des alliés de Kiev envers l’extrême-droite ukrainienne actuelle et plus ancienne, dans le cadre de la guerre contre la Russie. Cette complaisance se traduit par une certaine relativisation d’éléments historiques, souvent enveloppée de tendances russophobes. On peut notamment penser à la manière dont l’actuel bataillon ukrainien Azov, né en tant que groupe paramilitaire fortement influencé par des néo-nazis, avant d’être intégré à la garde nationale ukrainienne, a été largement normalisé auprès de la presse occidentale.

Complaisance envers l’extrême-droite

Dans un article publié en juillet 2023, The Nation analyse ainsi comment la presse anglo-saxonne a “blanchi” ce mouvement de suprémacistes blancs, né après les soulèvements de Maïdan en 2014 et dans le conflit contre les séparatistes pro-russes à l’est de l’Ukraine. “Peu après l’invasion de Poutine, la BBC a commencé à qualifier le bataillon Azov (..) de régiment "faussement dépeint comme nazi" par Moscou”.

Alors que Poutine utilise l’argument de la “dénazification” pour justifier l’invasion militaire réactionnaire de l’Ukraine, d’autre part, les alliés occidentaux tendent à relativiser l’influence de l’extrême-droite dans le paysage politique ukrainien, et à disqualifier toute critique à cet égard comme servant les intérêts de la Russie. Depuis plusieurs années, on assiste ainsi à la réhabilitation en Ukraine de personnages nationalistes comme Stepan Bandera, chef de l’Armée insurrectionnelle ayant combattu pendant la Seconde Guerre mondiale l’Armée rouge en collaborant avec les Nazis. Cette organisation militaire nationaliste ukrainienne est notamment responsable du massacre de milliers de Polonais et de Juifs.

Et pour cause, le chaos provoqué par l’invasion russe il y a un an et demi laisse le champ politique libre à une extrême-droite décomplexée et de plus en plus organisée militairement. L’extrême-droite est l’ennemie jurée de la classe ouvrière à travers le monde et plus particulièrement en Ukraine où elle compte sur la complaisance occidentale et, pire encore, est armée et intégrée à l’appareil de défense ukrainien d’où elle pourrait étendre son influence politique pendant et après la guerre. Bien que le nazisme et le fascisme aient été des produits du capitalisme, la « bienveillance » à l’égard de ces courants politiques de la part des dirigeants occidentaux est l’un des résultats de la décadence impérialiste.

Ni les impérialistes, ni Zelensky et les oligarques ukrainiens sont amis de l’auto-détermination ukrainienne face à l’oppression russe. Cet « hommage » à un ex combattant nazi en plein cœur d’un pays occidental le montre bien. Encore une fois, une véritable auto-détermination pour l’Ukraine ne sera possible en totale indépendance des différentes fractions capitalistes, des impérialistes occidentaux et de Poutine bien évidemment. Les travailleurs et les masses ukrainiennes trouveront leurs vrais alliés du côté du mouvement ouvrier russe et à travers l’Europe contre leurs exploiteurs et oppresseurs communs.


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