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Mobilisation

Paris 1. Les vacataires font la grève des notes pour exiger de meilleures conditions de travail

A l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, les enseignants vacataires sont en grève depuis le 11 mai pour leurs conditions de travail et leurs salaires. Ils rejoignent la mobilisation de leurs collègues dans une dizaine d’autres universités telles que Bordeaux ou Paris 8 en refusant de noter les copies de partiels du second semestre.

22 mai 2023

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Paris 1. Les vacataires font la grève des notes pour exiger de meilleures conditions de travail

Crédit photo : Révolution Permanente

Depuis plus d’une semaine et à l’appel du collectif Vacataires.org, les vacataires de Paris 1 sont en grève pour exiger de meilleures conditions de travail et dénoncer la précarité de leur situation. Cette grève prend place dans un contexte de recours grandissant à la vacation dans les universités françaises. La grève des notes touche 14 universités, celles de Bordeaux, Dijon, Evry, Lyon 2, ENS Lyon, ENS PSL, Paris 1, Paris 3, Paris 8, Paris 10, Paris 13, Paris Saclay, l’EHESS et l’université de Strasbourg.

En 2018, l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne recensait en effet 3000 vacataires en son sein. Selon les doctorants mobilisés, qui avaient porté un mouvement similaire en 2019 et en 2016, les vacataires à Paris 1 couvrent 30% des cours et représentent 70% des enseignants. Pourtant, selon le site vacataires.org, les vacataires ne représentent que 0,6% de la masse salariale des universités françaises.

Dans un contexte de mobilisation nationale et d’un traitement toujours plus délétère des vacataires, ces derniers organisent une “grève des notes” dans plus d’une dizaine d’universités et d’établissements de l’enseignement supérieur à travers la France. À Paris 1, cette rétention des notes mène à une confrontation avec la présidence de l’université. Grâce aux assemblées générales qui rassemblent des dizaines de disciplines, les grévistes s’arment des revendications suivantes : doublement de la rémunération des heures de vacation, indexée sur l’inflation, ouverture d’une négociation sur les conditions de travail des vacataires de Paris 1, et mensualisation effective des enseignants vacataires, conformément à la loi (n°2020- 1674-article 11).

Les vacataires de l’université Paris 1 estiment en effet que ce n’est pas aux précaires de payer le manque de moyens de l’enseignement supérieur alors que le statut de vacataires signifie aujourd’hui une précarité et une insécurité grandissantes. Sans le statut de fonctionnaire, les vacataires n’ont par exemple pas pu toucher la prime “inflation” de 1800 € qui avait été distribuée aux enseignants titulaires de l’université. Les vacataires sont payés au minimum légal de 42,86€ par cours, alors que cette somme peut aller légalement jusqu’à 125,46€.

D’après le I de l’article 7 du décret n° 84-431 du 6 juin 1984 modifié, une heure de travaux dirigés en présence d’étudiants correspond à 4,2 heures de travail effectif, et la rémunération des vacataires descend alors à 10,20€ par heure de travail, en dessous du SMIC horaire. S’ajoutant à cette précarité, le statut de vacataire signifie une grande insécurité de l’emploi. En effet, les vacataires de Paris 1 signalent une grande incertitude quant au renouvellement de leur contrat, la cotisation des semestres pour la retraite, et dénoncent des sur-charges de travail.

A ce propos, une enseignante vacataire de l’UFR d’Art signale qu’on lui demande d’enseigner des Travaux Dirigés devant 55 élèves et de dispenser un cours sans interactions, ce qui s’apparente à des Cours Magistraux, mais ne sont rémunérés qu’au montant minimum pour un TD (42€). Avec des responsabilités de titulaires, « Il n’y a que la paie qui ne nous valorise pas », lance un vacataire lors de l’assemblée générale du 11 mai. À cela s’ajoutent des retards de paiement systématiques et un non-respect de la loi sur la mensualisation des vacataires.

Les vacataires des universités visent avec leur grève coordonnée à instaurer un rapport de force qui remettent en cause le modèle d’université où « le calcul du budget est fait aux dépends des vacataires », car cela coûte moins cher que d’offrir un emploi stable aux travailleurs de l’université. À l’instar de la mobilisation pour le 10 améliorable, il n’y a rien à attendre d’un prétendu dialogue social avec la présidence, et c’est par la coordination des grèves locales, l’auto-organisation des vacataires et la solidarité des étudiants et des titulaires qu’il est possible d’exiger de meilleures conditions de travail mais aussi la titularisation de l’ensemble du personnel des universités.


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