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Violences policières à Bézier

Mort de Godefroid Djinekou après une intervention policière : la famille dénonce une enquête bâclée

Le 22 septembre 2016, Godefroid Djinekou, en proie à une crise de panique dans les rues de Béziers, meurt lors de l’intervention conjointe de la police nationale, municipale et de la BAC. Dans un processus qui est devenu habituel dans les cas de violences policières, tout est fait pour « justifier » la mort d’un homme en souffrance psychique : corpulence exagérée, soupçons de prise de stupéfiants, comportement violent, etc. Quatre ans après les faits, l’affaire est classée mais les proches ne renoncent pas à voir la vérité sur les circonstances de sa mort être révélée.

Jaque Mate

22 septembre 2020

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 Crédits photo : LP/Olivier 

Retour sur les faits

Comme le raconte Mediapart, dans la nuit du 22 septembre (aux alentours de 4h du matin), alors que son frère en pleine crise de panique réveille Cénavi Djinekou, elle appelle la police avec l’espoir qu’ils puissent aider son frère en s’assurant qu’il ne se blesse pas lui ou une autre personne. Comme l’explique l’article de Mediapart, « Godefroid fait régulièrement des crises clastiques – où la violence est dirigée vers des objets et du mobilier, perçus comme des obstacles ». C’est alors une toute autre histoire qui va se dérouler sous les yeux de la sœur de la victime, corroborée par un témoignage anonyme relayé par Mediapart.

Alors que Godefroid déambule dans la rue toujours en proie à ses problèmes psychiques, une équipe de la BAC et deux de la police (nationale et municipale) interviennent et le gazent. Face aux protestations de sa sœur elle est menacée à son tour. S’ensuit alors une interpellation musclée : selon le témoignage Godefroid est victime d’un plaquage ventral (avec genoux sur la colonne vertébrale et clé de bras).

Une expertise médicolégale réalisée plus tard expliquera que la victime souffrait d’une insuffisance coronarienne et que « la contention physique prolongée au sol en décubitus ventral, et l’ exposition à du gaz lacrymogène » avaient bien joué un rôle dans sa mort. Ce que confirment respectivement Aimé et Magloire, les deux frères de la victime, : « Pour moi, ils l’ont aidé à mourir », « On intervient à deux ou trois, on se protège et on protège la personne, en lui bloquant les mains ou les pieds au besoin ; on ne l’empêche pas de respirer et on lui administre les soins nécessaires. »

Enquête à charge et affaire classée, ou « comment justifier l’injustifiable »

Le 3 février dernier, alors qu’il classait l’affaire sans suites, le procureur de la république de Béziers expliquait que « si les policiers ont dû utiliser la force pour maîtriser Kouami Djinekou, compte tenu de son agressivité et de son état d’agitation, l’usage nécessaire de cette force était raisonné, proportionné et conforme aux techniques d’interventions professionnelles en vigueur ».

Pourtant de nombreux éléments tendent à montrer la responsabilité des policiers et de la BAC dans la mort de l’homme de 46 ans. Comme c’est le cas dans de nombreuses situations de violences policières les témoignages des agents étant intervenus ne concordent pas, de la même manière le premier certificat de décès établi était faux, les images de vidéo surveillances sont illisibles ou disparues, le témoignage du témoin cité par Mediapart est marginalisé dans le rapport d’enquête alors qu’un autre témoignage n’apparait même pas dans le dossier.

Malgré tous ces éléments l’affaire a été classée sans suite et 4 ans plus tard il est de nouveau nécessaire pour la famille de se constituer partie civile pour « infraction de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner commises par des personnes dépositaires de l’autorité publique à l’encontre d’une personne vulnérable en raison d’une déficience psychique ». Comme l’expliquent l’avocat et la famille « cela en dit long sur la façon dont les violences policières sont traitées par la justice en France… »

La mort de Godefroid Djinekou entre les mains de la police rappelle tragiquement celle de Daniel Prude à New York en Mars dernier qui avait alors ravivé la colère des personnes Afro-Américaines largement victimes de violences et meurtres policiers ! Ou encore la mort de Mohamed Gabsy, lui aussi mort dans le cadre de son interpellation par la police de Ménard à Béziers le 8 avril dernier.

Face à ces violences qui sont loin d’être des cas isolés et alors que le mouvement antiraciste massif de ces derniers mois a mis en évidence le caractère systémique du racisme d’État et des violences policières, c’est l’institution policière dans son ensemble qui vise à garantir le maintien de l’ordre social, l’exploitation et les oppressions qui le caractérisent, qu’il s’agit de dénoncer, ainsi que l’impunité dont jouissent les force de l’ordre pour exiger justice pour Godefroid, Steve, Adama, Zineb et toutes les victimes de violences policières.


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