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Hors de nos facs !

L’Oréal, un soutien d’Israël et de la colonisation partenaire de l’Université Paris-Cité

L'Oréal est un partenaire stratégique de l’Université Paris-Cité, siégeant au sein de son Conseil d'administration. Mais elle a également des intérêts importants en Israël et en Cisjordanie occupée. Dégageons les entreprises de nos universités !

Roxane Sinigaglia

2 décembre 2023

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L'Oréal, un soutien d'Israël et de la colonisation partenaire de l'Université Paris-Cité

Crédits photo : Ted Potters

Depuis le début de la mobilisation en soutien à la Palestine, de nombreuses entreprises qui participent à la colonisation et soutiennent Israël sont pointées du doigt, et les appels au boycott sont suivis par des milliers de personnes, contre McDonalds, Carrefour ou LIDL.

De la même manière, beaucoup d’étudiant·es dénoncent la complicité de leurs universités avec le génocide en cours, comme à Sciences Po ou à Toulouse, ville jumelée avec Tel-Aviv. C’est également le cas de l’Université Paris-Cité, qui entretient des liens majeurs avec l’entreprise l’Oréal, qui travaille main dans la main avec Israël. La multinationale est en effet fortement implantée dans l’Etat sioniste et ce depuis 30 ans, avec des installations industrielles et des investissements importants en Israël et en Cisjordanie occupée, et réprime ses salariés lorsqu’ils s’expriment en soutien à la Palestine.

L’Oréal, un appui décisif pour la stratégie élitiste de Paris Cité

L’Oréal occupe une place centrale au sein de l’Université Paris-Cité. L’entreprise, en la personne d’Elisa Simonpietri, directrice internationale des programmes Science au sein de la Fondation L’Oréal, est présente dans deux organes clés de la direction de l’université. Elle siège en effet au Conseil d’Administration en tant que personnalité extérieure et participe ainsi à décider de la politique de l’établissement, et figure également parmi les 12 membres du Conseil d’Orientation stratégique de l’UPC. Ce conseil joue un rôle important dans l’organisation et la stratégie de l’université : ses missions principales sont en effet d’« évaluer et conseiller Université Paris Cité dans le but de suivre sa trajectoire de développement. ». Autrement dit, les membres du conseil prennent des décisions financières et stratégiques concernant l’avenir de la faculté, et évaluent ses avancées en vue des objectifs de Paris-Cité, à savoir mettre sur pied une université d’élite, ultra-sélective et sans moyens pour les étudiants.

La multinationale l’Oréal, aux côtés d’autres comme Sanofi, possède donc un droit de regard majeur sur la direction de l’université. Son partenariat avec Paris-Cité a en ce sens grandement contribué à ce que l’université bénéficie du label Idex (Initiative d’Excellence), qui lui alloue 12 millions d’euros de budget pour les années 2022 à 2024, comme le mentionne le rapport « Stratégie d’Excellence Université Paris Cité » présenté au Conseil d’admnistration en avril 2022.

Ce partenariat passe également par le fait que l’Oréal finance les recherches d’une dizaine d’étudiantes de Paris-Cité à travers son prix « Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science ». En déclarant par ce prix vouloir « combattre les inégalités de genre » et valoriser « l’importante contribution des femmes scientifiques à la résolution des grands défis environnementaux, sanitaires et sociaux », la multinationale veut assoir son influence sur la recherche scientifique à l’aide d’une vraie campagne de pinkwashing et de greenwashing. Pendant qu’elle cherche de la sorte à améliorer son image en France, de l’autre côté de la mer Méditerranée, l’Oréal exploite des territoires colonisés et soutient l’État colonial d’Israël, qui a tué plus de 15 000 personnes, dont au moins 6 150 mineurs et de nombreuses femmes.

Les intérêts de L’Oréal en Israël et en Cisjordanie occupée

Les intérêts stratégiques et financiers de l’Oréal en Israël sont majeurs. La multinationale est installée en Israël depuis 1995 avec un siège administratif basé à Netanya (devenu le siège commercial de l’Oréal pour tout le Moyen-Orient), un centre logistique à Césarée et une usine de production dans le village de Migdal Haemek dans une ville fondée en 1950 par les colons israéliens et dont les Palestinien·nes ont été chassé·es.

En plus de ses intérêts importants au sein de l’Etat colonial d’Israël, le premier groupe cosmétique mondial, ayant réalisé plus de 5,7 milliards d’euros de bénéfice net en 2022 est également présent en Cisjordanie. D’après un article de BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) de 2008, l’Oréal prélève les ressources de la Mer Morte en Cisjordanie pour ses produits beauté. C’est aussi le cas de la marque de cosmétiques Ahava, qui ne dissimule pas sur son site internet l’utilisation de « sels de la Mer Morte » pour ses produits. Israël et ces multinationales exploitent ainsi un territoire volé au peuple palestinien pour faire du profit sur le tourisme et l’extraction minière.

En parallèle, l’Oréal tisse des partenariats stratégiques avec des entreprises israéliennes, comme BreezoMeter, société israélienne dans le domaine de « l’information environnementale ». Une tentative de la part de l’Oréal de s’acheter une image écologiste alors qu’elle détruit des territoires colonisés. Le média Times of Israël, qui se positionne largement du côté israélien, titrait même en 2014 : « L’Oréal fait son marché technologique en Israël ». Des éléments qui vont encore une fois dans le sens de la collaboration étroite entre la multinationale de cosmétiques, bien implantée comme on l’a vu dans l’université Paris-Cité, et l’État sioniste.

Une entreprise qui réprime les voix pro-palestiniennes

En plus d’entretenir des liens stratégiques majeurs avec Israël, l’Oréal a clairement pris position en sa faveur dans la guerre à Gaza. La militante Rima Hassan, réfugiée palestinienne du camp de Neirab en Syrie et figure militante de la lutte du peuple palestinien, travaillait chez l’Oréal en tant que « membre experte du conseil global pour la diversité et l’inclusion ». Son contrat a brutalement été suspendu début novembre en raison de ses prises de position en soutien à la Palestine sur les réseaux sociaux. Elle a déclaré sur Instagram : « Aujourd’hui mon contrat avec le groupe l’Oréal a été suspendu en raison de mes prises de position sur la Palestine. (…) Ils m’ont expliqué avoir eu des pressions et qu’ils ne souhaitaient pas se positionner ». Une répression patronale qui marque au contraire la prise de position claire de l’Oréal en soutien d’Israël.

Le lien étroit entre l’Oréal et Israël est à l’image d’une longue liste d’entreprises françaises complices de ses crimes coloniaux, comme Carrefour, qui affirmait ouvertement son soutien à l’État sioniste en préparant les colis des militaires du Tsahal. Le soutien du patronat français envers l’État sioniste va de pair avec le soutien politique et financier que lui apporte le gouvernement français, qui lui a vendu des armes pour 111 millions d’euros depuis 2017.

Entreprises hors de nos facs !

A travers des partenariats stratégiques avec des entreprises qui soutiennent Israël, comme l’Oréal pour Paris-Cité, ou en collaborant avec universités israéliennes comme à Paul Valéry à Montpellier, qui a cessé son accord avec l’université de Bir Zeit en Cisjordanie pour celle de Haïfa en Israël, les institutions académiques jouent également un rôle majeur dans le soutien de l’Etat français au colonialisme israélien. Rien d’étonnant donc que la criminalisation du soutien au peuple palestinien s’exprime particulièrement dans les facs et à l’encontre des enseignants.

A l’inverse du partenariat avec L’Oréal, les étudiants de Paris-Cité expriment une toute autre voix. Mobilisé·es au sein du comité Palestine de la fac, auquel nous participons avec Le Poing Levé, ils multiplient les actions de solidarité avec la lutte du peuple palestinien, notamment à l’occasion de la journée du 29 novembre, avec une exposition sur l’histoire de la Palestine, des actions symboliques et des déploiements de banderoles, et ce malgré la présence de la police sur place pour les intimider.

Nous exigeons donc l’arrêt du partenariat entre l’Oréal et l’Université Paris-Cité. Les entreprises, et encore moins celles soutenant le génocide de l’État d’Israël, n’ont pas leur place dans nos facs, au sein desquelles les étudiant·es devraient avoir le droit d’assumer leur soutien à la Palestine sans être réprimé·es. Entreprises, hors de nos facs !


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