Ils sont environ une centaine dans le hall principal de ce grand centre hospitalier de la petite couronne. S’ils sont moins nombreux que d’habitude, nous disent certains, c’est parce que c’est vendredi et que le pot de départ d’un collègue a lieu en même temps. En plus des personnels venus spécialement à l’assemblée générale, nombreux sont ceux qui s’arrêtent un moment entre une tâche et une autre, ou ralentissent seulement la vitesse du brancard qu’ils déplacent, pour écouter ce qui se dit. Pendant cinq semaines, ils se sont réunis là tous les jours, jusqu’à 300 personnes, pour décider ensemble des nombreuses actions à mener. Chacun s’accorde à dire que c’est un mouvement d’une ampleur inédite à Beaujon.
Les fédérations syndicales ne sont pas à la hauteur
Un délégué syndical ouvre le débat avec un bilan en demi-teinte de la manifestation de la veille. Selon lui, si les conditions étaient réunies pour une mobilisation bien plus importante, les fédérations syndicales n’ont pas fait le boulot. Au niveau de l’hôpital Beaujon, il souligne la forte mobilisation du personnel, non seulement pour la journée du 25, mais pendant les cinq semaines de mouvement et affirme que les délégués syndicaux sont là pour suivre le mandat de la base et que celui-ci reste centré sur un seul mot d’ordre : retrait du plan Hirsch dans toutes ses formes. Tout le monde applaudit.
Une suspension temporaire sur fond de mécontentement
Les membres de l’intersyndicale de l’hôpital font ensuite la proposition d’une suspension des assemblées générales et du piquet de grève pendant l’été, tout en annonçant que la perspective est celle d’une reprise en force du mouvement dès le début du mois de septembre. En guise de symbole, on propose aux personnels présents de récupérer les photos accrochées aux murs et de les garder comme souvenir de ces cinq semaines de lutte.
Mais tout le monde ne semble pas pleinement satisfait de cette issue. Une salariée exprime son inquiétude par rapport au fait que la direction de l’AP-HP puisse profiter de l’été pour faire passer son plan. Une autre, plus ancienne, rappelle qu’en 1988 les infirmières en grève ont poursuivi certaines activités même pendant l’été. Une autre encore propose de profiter de l’été pour aller voir les collègues d’autres établissements où la mobilisation a été beaucoup plus faible comme l’Hôpital Bichat, Porte de Saint-Ouen. L’idée rencontre un bon accueil, même si rien n’est formellement voté.
Fiers et toujours motivés
L’ambiance est néanmoins bonne à la fin de l’AG ; les salariés semblent fiers de leur mouvement et partent récupérer la photo de leur moment préféré de la lutte. L’équipe de rédaction de Révolution Permanente a même eu droit à la sienne, où l’on voit une étiquette avec les mots « du plan Hirsch » collée juste en dessous du mot « Retrait » inscrit sur la face du distributeur d’argent installé dans le hall de l’hôpital.
Avant de se quitter et de reprendre le travail, ils s’applaudissent et poussent des cris et des slogans en se disant à très bientôt en septembre, pour un nouveau départ… en tout cas on l’espère !
