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Augmentation des salaires !

Salaires : une conférence sociale pour nous balader, les directions syndicales cautionnent la mascarade

Ce lundi s’est tenue la « conférence sociale » sur les salaires du gouvernement, avec les organisations syndicales et patronales. Une discussion qui a débuté par le refus de Bruno Le Maire d’augmenter les salaires, qui n’a rien donné si ce n’est une vraie séquence d’enfumage.

Yann Causs

16 octobre 2023

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Salaires : une conférence sociale pour nous balader, les directions syndicales cautionnent la mascarade

Photo : Twitter Bérangère Couillard

Ce lundi 16 octobre se déroulait la « conférence sociale sur les salaires », annoncée fin août par l’exécutif à l’issue des « rencontres de Saint-Denis ». L’échéance a réuni les organisations syndicales et patronales avec le gouvernement, afin de traiter de la situation des travailleurs percevant de bas salaires et notamment ceux en-dessous du SMIC, dans un contexte où l’inflation continue de grimper. Un cadre pensé pour canaliser sur le terrain du dialogue social la question des salaires, centrales en cette rentrée marquée par l’inflation, sans apporter évidemment le moindre début de réponse.

Une « conférence sociale » pour ne surtout pas augmenter les salaires

Pour diluer les questions brûlantes qui se posent aux travailleurs face à la crise économique, le gouvernement avait prévu un ordre du jour très vaste : grilles de salaires, emplois à temps partiel imposés, contrats à durée courte, exonérations de cotisations et de prime d’activité pour les entreprises, égalité salariale entre les femmes et les hommes. Mais Bruno Le Maire a très vite tranché la position du gouvernement sur les questions centrales lors de son discours d’ouverture de la conférence en décrivant « trois impasses » : « l’indexation des salaires sur l’inflation », « le coup de pouce au Smic » et « l’augmentation générale des salaires décidée par l’État ». Une façon claire d’annoncer la couleur : rien de significatif pour les travailleurs ne se décidera dans cette conférence.

La restitution des discussions à la fin de la journée a été dans la continuité de ces déclarations, Elisabeth Borne annonçant seulement une série de consultations et de promesses vagues. Parmi celles-ci, la création d’un « Haut Conseil des rémunérations », dont les contours, les objectifs et le fonctionnement seront définis après échange avec l’ensemble des partenaires sociaux par le ministre du Travail. Autre mesure cosmétique : un nouvel indice d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, qui doit être achevé d’ici 18 mois. Dans le même sens, une concertation sur la réforme du congé parental devrait voir le jour.

Si l’on devait finir de se convaincre que la conférence sociale était un nouvel enfumage du gouvernement pour acheter la paix sociale et qu’il ne fallait rien y attendre, les « propositions » retenues par le gouvernement à l’issue de la conférence ne laissent aucun doute. La seule déclaration un peu concrète concerne les branches ayant des minima salariaux inférieurs au SMIC. Si les entreprises ne font pas de progrès significatifs d’ici là, le gouvernement envisage de présenter un projet de loi qui pourrait fixer les exonérations de cotisations sur la base des salaires minimums de branche et non plus sur la base du SMIC, baissant ainsi le montant des cadeaux au patronat. Une mesurette piochée en partie dans les propositions des syndicats, et conservée pour éviter que ces derniers repartent bredouille de la conférence.

Une annonce qui témoigne du refus total de contraindre le patronat, même sur un enjeu aussi minimal que le respect du maintien des salaires minimum de branche au niveau du salaire minimum légal. Le choix du patronat de déroger à cette règle a une fonction claire : maintenir les salariés le plus longtemps possible au niveau du SMIC, en dépit de leurs évolutions de carrières. Comme l’explique Anne Eydoux, économiste au Cnam à 20 Minutes : « quand une branche a une grille salariale avec plusieurs échelons en dessous du salaire minimum, si les salariés ne peuvent pas être payés moins, ils peuvent rester bloqués au smic. Les revalorisations salariales et autres promotions ne les feront pas nécessairement s’élever au-dessus. ».

Les directions syndicales cautionnent un énième retour du dialogue social

Au final, comme l’affirme Solidaires à la sortie de la conférence, il a été question d’« un empilage de mesurettes qui ne résolvent rien et ressemble à un mauvais bricolage dont l’unique objectif est de ne pas coûter un seul euro au patronat ». Mais on se demande dès lors pourquoi, alors que cette issue était totalement prévisible, la centrale a accepté de participer à cette mascarade, au même titre que l’ensemble des directions syndicales !