Crédits photo : Révolution Permanente
Dimanche matin, une quinzaine de travailleuses et travailleurs se sont retrouvées dès 7h30 pour tenir un piquet de grève devant le magasin Lidl Chevreul de Nantes. L’équipe de la matinée a en effet lancé une grève surprise en soutien à un de leur membre, harcelé par la direction et les encadrants depuis son arrivée dans l’entreprise, qui a été récemment intimidé verbalement et forcé à démissionner. « Ils l’ont chopé à trois dans un bureau, c’était un guet apens » raconte ainsi une gréviste à Révolution Permanente.
En effet, début septembre, un adjoint de la direction l’aurait menacé sous le regard de deux membres de la direction : « je vais te baiser ta mère, on va te défoncer à trois sur le parking ». Il aurait ensuite été forcé d’écrire une lettre de démission par la direction. Suite à cet événement, les trois personnes concernées ont été convoquées par la direction régionale du magasin, et n’ont écopé d’aucune sanction.
C’est donc en réaction que l’équipe de salariés du dimanche du magasin a organisé une grève surprise. Dimanche matin, ils ont installé une table devant le magasin et distribué des tracts aux clients qui ont été nombreux à s’arrêter pour discuter avec les grévistes de leurs revendications. Alors que le dimanche est une journée où le magasin réalise un chiffre d’affaires important, il n’a donc pas pu ouvrir avant 10h30, et ce uniquement parce que la direction a mobilisé des salariés d’un magasin voisin pour casser la grève.
? Grève contre le management brutal et pour les salaires au Lidl Chevreul à Nantes
Dimanche matin, les salariés se sont mis en grève en réaction au harcèlement d’un de leur collègue par la direction. Ils dénoncent des cadences infernales et réclament l’indexation de leur… pic.twitter.com/xpCnRLBVqi
— Révolution Permanente (@RevPermanente) September 17, 2023
Une colère face au management brutal et aux salaires de misère
Sur le piquet, les grévistes discutent des méthodes managériales brutales de la direction, qui impose par la peur des conditions de travail dégradantes. « On est en sous-effectif et quand des gens sont recrutés, ils partent rapidement, parce qu’on n’est pas traités dignement » témoignait ainsi une salariée. « On nous demande toujours plus, on a l’impression d’être des robots, pas des humains, il faut tout faire : mise en rayons, caisses, boulangerie, nettoyage, c’est travailler plus pour gagner moins ! ».
Dans leurs revendications, les salariés exigent ainsi des sanctions à l’encontre des membres de la direction, tout en revendiquant des embauches supplémentaires pour mettre fin aux cadences infernales : « on est en moyenne à 35 articles par minute qu’on doit encaisser. L’image est simple, vous rentrez dans un Lidl vous avez la moitié des employés qui ont des attelles ». Dans le même temps, ils défendent l’indexation des salaires sur l’inflation pour pouvoir vivre dignement. Sur le piquet, les grévistes expliquent qu’ils n’ont obtenu « aucune augmentation de salaire face à l’inflation, on nous dit qu’on est bien payés pour ce qu’on fait et qu’on a pas le droit de se plaindre, alors qu’on est impacté autant que les autres ».
Une situation qui est loin d’être une exception au magasin de Chevreul : que ça soit dans l’enseigne de Lidl dont le management brutal a été dénoncé à plusieurs reprises, notamment suite au suicide d’un salarié en 2015 ; mais également dans l’ensemble du secteur de la grande distribution rythmé par les pressions psychologiques, les cadences infernales et les salaires trop faibles, comme témoignaient deux salariées dans nos colonnes l’année passée.
Une première mobilisation qui en appelle d’autres
Après avoir tenu le piquet de grève toute la matinée, les salariés mobilisés se sont réunis en assemblée générale pour décider des suite à donner à la mobilisation. « On s’est mis d’accord sur les problèmes qu’on voyait dans le magasin. On a aussi décidé d’étendre la mobilisation aux autres magasins Lidl avec des diffusions de tracts dans les prochains jours et de lancer une caisse de grève pour tenir plus facilement » raconte une des salariés.
Face à une direction qui a cherché à casser la grève en envoyant d’autres salariés remplacer les grévistes, une suite à la mobilisation sera nécessaire pour obtenir satisfaction. Il sera décisif de continuer à s’organiser en assemblée générale pour élargir la mobilisation, développer la caisse de grève et créer de la solidarité face à la potentielle répression qui peut s’abattre sur ceux mobilisés. Les grévistes de Lidl Chevreul à Nantes montrent l’exemple, il faut que l’ensemble des organisations politiques et syndicales de la ville leur apporte du soutien !