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Hollande et Merkel au parlement européen. Un couple à l’unisson ?

Julian Vadis Ce mercredi François Hollande et Angela Merkel sont apparus unis au parlement européen. Sur la crise migratoire les deux chefs d'Etat se sont montré inflexibles, fustigeant les replis nationalistes. Mais derrière le drapeau européiste qu’ils ont brandi, l’Europe forteresse a rapidement donné le ton. Quant au dossier grec, sa simple réouverture fait réapparaître les divergences.

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Combattre les tendances souverainistes nationales… pour une souveraineté européenne

« Le nationalisme, c’est la guerre », a lancé François Hollande à la tribune, reprenant le discours de François Mitterrand en 1995 devant ce même Parlement européen. Une position pro-européenne, partagé par Angela Merkel, visant directement la droitisation qui s’exerce en Europe. « Le souverainisme, c’est le déclinisme » a t-il ajouté, s’opposant en premier lieu au Front National, dans un contexte où le déchainement xénophobe de Marine Le Pen atteint des sommets, mais aussi au souverainisme qui se développe à la gauche du Parti Socialiste, de figures intellectuelles estampillé à gauche, comme Sapir ou Onfray, mais aussi à la gauche radicale, et aux positions de Mélenchon. Mais un souverainisme que le président français et la chancelière allemande transposent au niveau européen. Pour François Hollande, « le débat n’est pas entre plus d’Europe et moins d’Europe, mais entre l’affirmation de l’Europe et la fin de l’Europe » tandis qu’Angela Merkel a appuyé cette position appelant à « plus d’Europe », jugeant que « l’Etat-nation » était incapable de relever les défis posés par la crise migratoire.
Un glissement qui appuie, derrière l’humanisme de façade, les politiques réactionnaires d’une Europe forteresse. Renforcement des frontières extérieures et intérieures, hot spots, camps « de transit », équipe de garde-frontières européens, lutte contre les passeurs en méditerranée et remise en cause des accords de Dublin sur l’accueil des demandeurs d’asiles, qu’Angela Merkel a présentés comme « obsolète ». Les positions européistes du couple franco-allemand face à la crise migratoire visent ni plus ni mois à coordonner à l’échelle du continent la lutte contre les migrants, mais aussi la poursuite des politiques impérialistes guerrières à plus grande échelle, Hollande déclarant qu’il serait « dangereux » que l’Europe dans son ensemble ne prenne pas part aux actions sur le terrain. Il faudrait ainsi coordonner les frappes des forces européennes en Syrie et en Irak, dans la droite lignée de l’intervention française.

Des divergences de fond sur la question grecque glissées temporairement sous le tapis

Dès la situation en Grèce abordée, des divergences de fond apparaissent… mais sont rapidement mises sous le tapis. Hollande veut à tout prix éviter un « Grexit », même provisoire comme le proposait Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemands. Angela Merkel ne souhaite pas franchir ce qu’elle identifie comme une ligne rouge infranchissable pour Hollande. Peu d’avancées sur ce terrain-là, la prudence est de rigueur pour éviter d’égratigner la fragile unité que souhaitent renforcer les deux impérialismes. La ligne allemande visant à l’accélération de l’intégration au système économique européen de la Grèce, autrement dit une poursuite des réformes dans le cadre de la Troïka sous impulsion allemande, reste toujours de mise. En résumé, faire porter toujours plus le fardeau du remboursement de la dette sur ceux qu’elle écrase déjà.
Le statu quo est également de vigueur en ce qui concerne l’approfondissement de l’union monétaire. Sur ce plan Hollande souhaite la constitution d’une « avant-garde » au sein de l’Union européenne, avec un gouvernement de la zone euro doté d’un budget spécifique et d’un Parlement. Ligne que soutient toujours Angela Merkel, notamment dans le cadre d’une contribution franco-allemande adressée à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne, et visant également les positions du Royaume-Uni de Cameron, sur les questions de politique économique, dans la recherche de convergences économiques, fiscales et sociales et de stabilité des finances et des investissements. Aux antipodes, le premier ministre britannique maintient son appel à une révision des traités, non pas pour renforcer l’Union européenne, mais au contraire pour renforcer les prérogatives des Etats.

Eviter les sujets sensibles, relancer la machine européiste tout en continuant d’agiter l’épouvantail de la crise migratoire, tant bien que mal une position commune face à Cameron sur l’approfondissement de l’union monétaire : tel était leur pari, sur fond d’anniversaire de la réunification allemande. Mais derrière l’appel à une souveraineté européenne, c’est avant tout la coordination plus efficace des mêmes politiques réactionnaires et mortifères, anti-migrants à l’intérieur, impérialistes et militaires à l’extérieur, afin de stabiliser de part et d’autre des frontières, et naturellement la zone du moyen-orient, et d’y préserver les intérêts des classes dominantes, encore et toujours.


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