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Portrait

Expert en casse sociale, 352e fortune de France : qui est Patrick Martin, le nouveau président du Medef ?

Succédant à Roux de Bézieux, le nouveau président du Medef Patrick Martin est présenté comme « moderne, atypique et fervent défenseur du dialogue social ». Pourtant, celui qui était jusqu’ici numéro deux est un véritable apparatchik de l’organisation patronale, garant d’une longue expérience d’attaques contre les travailleurs.

Simon Derrerof

6 juillet 2023

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Expert en casse sociale, 352e fortune de France : qui est Patrick Martin, le nouveau président du Medef ?

Crédits photos : Capture d’écran BFM TV

Ce mercredi 6 juillet, les 1120 grands électeurs du Medef ont élu Patrick Martin à leur tête. Une victoire avec plus de 73,18% des suffrages face Dominique Carlac’h. Plébiscité par le grand patronat français, nombreux sont ceux à vanter les mérites du successeur de Geoffroy Roux de Bézieux, dont Patrick Martin a été le principal bras droit, et notamment sa volonté de modernisation et de « dialogue social ».

Le nouveau président du Medef est un véritable apparatchik de l’organisation patronale, il se définit d’ailleurs lui-même dans un interview au JDD comme un « passionné du militantisme patronal ». Et en effet, Patrick Martin a longtemps fourbi ses armes au sein du Medef avant d’en prendre la tête, une ambition déjà présente il y a cinq ans lorsque l’homme avait porté sa candidature à la tête du syndicat patronal avant de rejoindre l’équipe de Roux de Bézieux. Il y a vingt ans déjà, il devenait un cadre du Medef, en prenant la tête de la fédération départementale de l’Ain avant d’entamer une ascension méthodique qui l’aura vu diriger par deux fois la fédération Rhône-Alpes.

Présenté comme une élection en rupture avec les précédentes, Patrick Martin est le premier dirigeant de l’organisation qui n’est ni un patron parisien, ni un dirigeant de fédération professionnelle, ni un habitué du cénacle parisien. Pourtant, son pedigree ne semble pas particulièrement novateur : malgré un patronat qui vante le profil d’un « homme de dialogue » et qui met en avant l’appétence supposée du patron pour le climat, la réalité est loin de cette image que s’est construite l’entrepreneur.

En effet, diplômé de Science Po Paris et de l’Essec, l’homme est héritier d’une bourgeoisie entrepreneuriale aussi bien par sa mère -liée aux Pompes Guinard- que par son père, chef de l’entreprise familiale Martin Beylasoud (un groupe de 2770 salariés spécialisé dans la distribution professionnelle). En 1987, il reprend les rênes de l’entreprise familiale avec son frère, avant de l’évincer pour devenir le seul maître à bord. Une entreprise qui présente un chiffre d’affaires faramineux de plus d’un milliard d’euros et qui a permis à la famille Martin de rentrer dans le classement Challenges des 500 plus grandes fortunes françaises au 352e rang avec un patrimoine estimé à plus de 360 millions d’euros.

Ses soutiens mettent en avant dans Les Echos un homme « bon vivant avec de l’humour » à la « grosse voix de fumeur, tendance cigarillo ». Un « bon vivant » qui a fait fortune en rachetant des entreprises en faillite (plus de 45 en trente ans), qui critiquait pendant le Covid l’interdiction des licenciements dans certaines branches, et qui a fait une grande partie de sa campagne autour du projet des baisses d’impôts de production, après avoir déjà obtenu une décote de plusieurs dizaines de milliards d’euros, lorsqu’il était numéro 2 du Medef. Aux côtés de Roux de Bézieux, le richissime patron a défendu vaille que vaille la nécessité de la réforme des retraite et des lois qui détricotent l’assurance-chômage.

De plus, dès son élection confirmée, Patrick Martin s’est empressé sur BFM TV de fixer deux de ses objectifs principaux : appliquer la réformes des lycées professionnels et relancer le dialogue social autour de l’assurance chômage. Dès lors, le mandat s’annonce clair et Patrick Martin veut déjà mettre la pression sur le gouvernement pour appliquer son agenda libéral d’attaques contre les travailleurs.

Il ne faut donc pas s’y tromper si la presse bourgeoise ne cesse de mettre en avant un brillant entrepreneur qui marquerait une rupture avec le sérail parisien : Patrick Martin a été choisi par le Medef pour mettre en marche les attaques contre les travailleurs. Derrière la façade d’une apparente modernité, c’est bien la même logique qui est à l’œuvre : réduire les « charges » patronales sur le dos des travailleurs, encourager la flexibilité (entendre la précarité), revenir sur tous les acquis sociaux, pour engraisser toujours plus un petit nombre de patrons.


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