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Grève

Emmaüs Grande-Synthe : la direction menace de virer les grévistes sans-papiers pour briser la mobilisation !

En grève depuis le 23 août dernier, les compagnons sans-papiers d’Emmaüs Grande-Synthe ont été convoqués par leur direction et se voient menacés de perdre leur statut de compagnon et de voir abandonnée leur procédure de régularisation. Une répression scandaleuse pour briser la mobilisation.

Boris Lefebvre

11 septembre 2023

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Emmaüs Grande-Synthe : la direction menace de virer les grévistes sans-papiers pour briser la mobilisation !

Crédit photo : Révolution Permanente

La situation des grévistes de Emmaüs Grande-Synthe, en grève depuis le 23 août dernier, vient de passer un cran dans la répression. La direction locale du site, après avoir manqué au versement des salaires de misère (392 euros par mois) et fait appel à des huissiers et aux forces de l’ordre pour intimider les grévistes, vient de convoquer les compagnons grévistes pour un entretien ce jeudi 14 septembre 2023.

Le ton de la convocation (cf. annexe) est on ne peut plus offensif et menaçant : « la radiation de l’association de l’ensemble des compagnons bloquant nos locaux depuis plus de deux semaines est envisagée. Cette radiation entraîne la perte irrémédiable du statut de membre compagnon et donc le statut OACAS ». Les grévistes se voient faire du chantage à l’emploi et à la régularisation de la part d’une direction qui n’a honte de rien. Après avoir fait traîner les dossiers de régularisation pendant des années, c’est tout simplement l’abandon des procédures de régularisation que brandit le président du CA de Emmaüs Grande-Synthe.

Pourtant, la direction nationale d’Emmaüs France condamne les méthodes employées localement. La direction nationale du mouvement qui fédère les différentes communautés locales s’est clairement positionnée aux côtés des grévistes et a même envoyé des représentants pour les soutenir et prévenir la direction locale : « On est venu dire ce matin au conseil d’administration que les procédures qui avaient été engagées à l’encontre des compagnons d’Emmaüs France qui avaient initié ce processus de grève étaient inacceptables dans un mouvement comme Emmaüs et que le recours à la justice et aux forces de polices est inacceptable. À ce titre, on a demandé au CA le retrait de la procédure qui était engagée et ce n’est pas négociable », déclarait un représentant en AG. La situation est si grave que l’exclusion de la communauté Emmaüs Grande-Synthe est même posée sur la table : « S’il n’y a pas retrait, on serait obligé d’envisager au niveau de Emmaüs France le retrait de Grande-Synthe du mouvement, tout simplement ». Une autre représentante souligne : « On a été scandalisés à Emmaüs France qu’une communauté donne des noms à la préfecture. C’est du jamais vu à Emmaüs ! On a aussi demandé à la direction de Grande-Synthe de se remettre en cause car si les grévistes en sont là c’est qu’il n’y a pas de fumée sans feu. […] On ne gère pas une communauté avec des huissiers et la justice ! »

Les menaces lancées par la direction font suite à un mouvement de grève persistant, à l’image de celui mené par les compagnons d’Emmaüs de Saint-André-lez-Lille en grève depuis plus de 70 jours. Fodé, compagnons sans-papiers gréviste de Grande-Synthe explique : « La situation est devenue tendue car la direction a convoqué les grévistes ce jeudi 14 septembre pour les recevoir un par un. Ils nous menacent de radier les compagnons sans-papiers grévistes de Emmaüs Grande-Synthe car nous avons distribué des tracts sur le marché pour avertir la population ». Amara Lamine Soumah, porte-parole des grévistes sur le site, résume ainsi la situation : « Il y a une division totale, une discrimination totale ici. On se sent démunis face à cette direction qui refuse toutes nos demandes. […] Quand la direction d’Emmaüs France est venue, ils ont dit que la direction locale avait dépassé la ligne rouge. Prendre des huissiers contre des compagnons pour les mettre dehors et déposer les noms à la préfecture, c’est inadmissible. […] C’est notre dignité qu’on réclame ici. On doit être écoutés. On ne peut pas dire aux compagnons « si t’es pas content, tu prends tes bagages et tu pars ou j’appelle la police ».

Les compagnons ont perdu toute confiance dans leur direction et réclament depuis le début son départ. Cette dernière tente par l’intermédiaire de ces convocations individuelles de briser le mouvement de grève et la solidarité à la base qui s’est construite depuis plus de deux semaines. Comme l’affirme Amara Lamine Soumah : « Le président [de Emmaüs Grande-Synthe] veut nous rencontrer. Mais nous on ne va pas répondre à cette convocation. On ne croit plus en eux. Ce ne sont pas des personnes crédibles. Notre seul objectif, c’est de rester soudés et sur notre combat ». La direction joue également sur l’opposition entre les compagnons grévistes et ceux non-grévistes. Ces derniers « soutiennent la direction parce que le travail qu’ils devraient faire, c’est nous qui le faisons » comme le souligne Fodé. « C’est une opportunité pour eux d’être ici car c’est nous qui faisons tout. Après nous avoir exploités, ils veulent nous mettre dehors ! » résume-t-il. Drame Aboubacar, autre compagnon sans-papiers gréviste, revient sur les conditions de travail imposées par la direction : « Travailler pendant 40 h par semaine, on est exploités depuis plus de trois ans et après tout ça, on n’a pas de papiers, plus d’argent, plus rien ! On t’expulse en dehors de la communauté ! […] On est exploités comme si on ne comptait pour rien ! On nous dit « un sans-papiers n’a pas de droit, pas le droit de faire grève ou de réclamer ses droits » ! C’est injuste ! ».

Soutenu par l’UL CGT de Dunkerque, le CSP-59, les compagnons sans-papiers en grève de Saint-André-lez-Lille et Emmaüs France, les grévistes de Emmaüs Grande-Synthe restent déterminés contre une direction locale qui perd littéralement pied et s’enferme dans un jusqu’au boutisme aux relents racistes. Soutien aux compagnons sans-papiers grévistes de Emmaüs Grande-Synthe ! Allons les soutenir ce jeudi 14 septembre au 62 Rue de la Gare à Grande-Synthe. La lutte jusqu’à la victoire !

Annexe :


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