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Palestine

« Démilitariser Gaza » : Netanyahou précise son projet de nettoyage ethnique et d’occupation militaire

Ces derniers jours, le premier ministre Israélien a annoncé une nouvelle intensification de l’offensive militaire à Gaza et confirmé vouloir une occupation militaire de l’enclave palestinienne.

Erell Bleuen

27 décembre 2023

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« Démilitariser Gaza » : Netanyahou précise son projet de nettoyage ethnique et d'occupation militaire

« Le Hamas doit être détruit, Gaza doit être démilitarisée et la société palestinienne doit être déradicalisée  » : tels sont les mots utilisés par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal le 25 décembre intitulée « Nos trois conditions préalables à la paix ». Une déclaration qui s’inscrit dans la droite lignée des précédentes et donne à voir les desseins d’Israël pour la Palestine une fois la guerre terminée, et qui vise dans le même temps à justifier la poursuite de l’offensive meurtrière.

Lire aussi : Gaza : le scénario du pire

Alors que la pression s’intensifie sur le gouvernement, tant du point de vue de la diplomatie internationale qu’en interne- à nouveau ce lundi des familles d’otages ont manifesté, allant jusqu’à interpeller le premier ministre au Parlement- le premier ministre israélien a tenu à réaffirmer qu’Israël s’était engagé « dans une longue guerre qui n’est pas près de finir » jusqu’à « la destruction du Hamas ». Un objectif central qui constitue, pour Netanyahou, « la seule réponse proportionnelle pour empêcher que des atrocités se reproduisent » et « la plus grande bataille du monde civilisé contre la barbarie » comme il l’écrit dans le Wall Street Journal.

Des déclarations qui visent à donner du crédit à « une intensification » des combats dans la bande de Gaza, annoncée par l’armée israélienne dimanche et par Netanyahou lui-même, et qui ont été suivies par les journées les plus meurtrières dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. 241 victimes étaient dénombrées en 24 heures ce mardi 26 décembre suite à des bombardements dans le centre et le sud de l’enclave, notamment à Khan Younes où se concentre désormais le cœur de l’offensive israélienne. Un raid israélien dans le nord de la Cisjordanie occupée a également fait six morts mercredi 27 décembre a fait savoir le ministère de la santé palestinien.

Mais au-delà de la poursuite des massacres, Netanyahou a confirmé que l’état-major israélien privilégierait désormais pour « l’après-guerre » un contrôle militaire de la bande de Gaza et la création « d’une zone de sécurité temporaire sur le périmètre de Gaza », ainsi que l’instauration d’un « un mécanisme d’inspection de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte  ». Si le premier ministre justifie cette proposition comme un moyen d’empêcher que Gaza soit « à nouveau utilisée comme base d’attaque contre Israël », l’objectif est clair : poursuivre l’entreprise coloniale d’Israël sur les territoires Palestiniens en militarisant l’enclave et réduire encore le territoire sous contrôle palestinien.

En outre, si le premier ministre compte s’octroyer « la responsabilité globale de la sécurité » à Gaza (comme il le déclarait déjà le 6 novembre dernier), il ne compte pas s’arrêter là et prévoit d’entamer la « déradicalisation » de la société palestinienne. Appelant à « un leadership courageux et moral », il écrit que « la société civile palestinienne doit être transformée pour que son peuple soutienne la lutte contre le terrorisme plutôt que de le financer ». Une perspective qui annonce de nouveaux déferlements de violences à l’encontre des civils Palestiniens, qui subissent d’ores et déjà la torture et les exactions des soldats israéliens, ce dont plusieurs victimes ont récemment témoigné. « Ils nous ont menottés, les mains derrière le dos, pendant deux jours. Nous n’avons pas eu à boire ou à manger, ni été autorisés à se servir des toilettes, juste des coups, des coups ».

Un scénario qui pourrait enfin, sur fond d’accentuation du scénario génocidaire à Gaza, annoncer une nouvelle Nakba alors que l’idée d’une expulsion des Gazaouis dans le Sinaï égyptien semble faire son chemin dans l’état-major israélien, mais aussi dans l’opinion publique israélienne. En début de semaine, le Jerusalem Post, quotidien historique israélien classé à droite, titrait sur la nécessaire réalisation d’un pareil scénario, et annonçait que Tsahal avait demandé à l’Egypte d’évacuer ses soldats de son propre territoire dans la zone frontalière de Rafah parce qu’elle comptait l’occuper.

En somme, si le scénario souhaité par le premier ministre israélien se confronte à de nombreuses contradictions, il n’annonce qu’une chose : la détermination d’Israël à poursuivre les massacres des Palestiniens par les bombardements incessants, les exactions, la catastrophe humanitaire en cours ainsi la destruction des structures de santé qui ont tués au moins 20 500 palestiniens depuis le mois d’octobre. De quoi réaffirmer l’enjeu vital d’une mobilisation des masses à l’international, seules capables de mettre fin à ce massacre.


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Erell Bleuen

@Erellux

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