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Critique des médias

Décryptage. A propos d’un reportage de France 2 sur PSA Mulhouse

Yann Hamard, ouvrier à l’atelier de montage de l’usine de PSA à Mulhouse « Haut-Rhin : PSA va embaucher 750 intérimaires au mois de janvier ». C’est sous ce titre pompeux que France 2 a réalisé un reportage télévisé. Mais qu’en est-il vraiment ? Révolution Permanente confronte les propos de ce reportage avec le point de vue d’un ouvrier de l’usine.

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"Depuis quelques mois, PSA Peugeot-Citroën voit ses chiffres repartir à la hausse. Depuis quatre mois, les salariés de l’usine de Mulhouse (Haut-Rhin) ont enchaîné les heures supplémentaires, les week-ends et jours fériés travaillés "

Ce qui n’est effectivement pas contestable, c’est que cela fait quatre mois qu’on nous impose des heures supplémentaires (samedis, dimanche soir, over time - dépassement non rémunéré de la durée journalière de travail - à gogo). Mais ce qui n’a pas été dit c’est que ces samedis sont en modulation, c’est-à-dire non rémunérés (les heures effectuées vont dans le compteur du patron) et qu’ils sont obligatoires. Si vous refusez de les faire, soit on vous prend un jour de congés ou sinon, c’est une absence sans motif, passible de licenciement !

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"Le constructeur vient d’annoncer la création d’une équipe de week-end avec l’embauche prévue de 750 intérimaires d’ici janvier prochain, pour six mois. Pour les 6 000 salariés de la chaîne de montage, cette nouvelle est bienvenue "

Une embauche, c’est un CDI, et il n’y en aura aucun ! Ce ne sont là que des contrats précaires qui prendront fin au cours de l’année prochaine. Par contre, ce qui est vrai, c’est que cette information est la bienvenue chez les salariés de la chaîne de montage, car cette nouvelle équipe leur épargnera les samedis forcés et gratuits ! Mais jusqu’à quand ?

"Ça veut dire que le site recommence à travailler correctement, que l’entreprise va mieux et que les efforts que l’on a fournis ont servi à quelque chose" {{}}

Le salarié, auteur de cette déclaration ubuesque, que l’on voit d’ailleurs sur la vidéo, n’est ni plus ni moins qu’un membre de la CFTC (organisation dite syndicale connue pour sa collaboration avec la direction). Le crédit à lui donner n’est pas plus grand que celui qu’on peut accorder aux propos de son collègue, que l’on voit juste après ; un dénommé David, membre de Force Ouvrière (organisation dite syndicale tout aussi loyale et dévouée envers la direction que les petits copains de la CFTC), et qui ose affirmer que les heures supplémentaires et les over times … c’est bien !

La seule déclaration crédible est celle du troisième salarié qui, les traits tirés par la fatigue, tente timidement et à demi-mot de dire que cela devient un peu dur, qu’on n’arrête pas, et que cela peut nous soulager un petit peu… Il suffit d’enlever les « un petit peu » et vous avez une déclaration qui relatera à peu près le climat actuel dans l’usine.

Quant à la directrice, Mme Corinne SPILOS, qui a déclaré que le site avait enregistré 10.000 commandes supplémentaires entre mai et juillet, elle a tout simplement oublié de préciser qu’une des chaînes de montage avait été démolie. Ce qui implique que les C4 – DSA, qui y était assemblées, ont été transférées sur le système 2. A ce transfert s’ajoutent 10.000 véhicules supplémentaires ; une situation qui devient de plus en plus ingérable !

Il n’y aura que les quelques secondes accordées à la fin du reportage à notre camarade Vincent Duse qui reflèteront la vérité.

En conclusion, les véritables raisons de l’instauration d’une nouvelle équipe temporaire du week-end sont que :

  •  La situation au niveau de la production est chaotique. Les équipements, entretenus à la va-vite, tombent en panne les uns après les autres,
  •  Les fournisseurs n’arrivent plus à suivre, ce qui implique d’autres pannes pour défaut d’approvisionnement en pièces détachées. Et encore faut-il que celles livrées soient les bonnes !
  •  Les salariés subissent les over time ainsi que la suppression pure et simple de leurs week-end par du travail forcé et non rémunéré.
  •  Tout ceci était en train de créer un climat social dans l’usine plus proche de l’ouragan que d’un ciel au beau fixe. Et c’est cette option là que la direction craint le plus !

    Mais nous ne nous y trompons pas. Cela fait des années que la direction joue à ce petit jeu : elle réduit les effectifs et augmente brutalement la charge de travail, puis quand les ouvriers ne tiennent plus et que la température commence à monter ou bien quand les ventes augmentent, elle embauche des précaires pour après les jeter à la rue comme des kleenex dès qu’elle n’en a plus besoin. Nous l’avons vu avant l’été avec les 450 collègues intérimaires licenciés suite au démantèlement d’une des lignes de montage. C’est pourquoi nous restons accrochés à la revendication d’embauche en CDI de tous les intérimaires !


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