Alors que le ramadan commence ce lundi, l’armée israélienne a largué la semaine dernière des milliers de tracts sur Gaza, appelant en arabe à « nourrir les nécessiteux et à parler avec gentillesse » et à profiter d’une « délicieuse rupture du jeûne ». Après les bombes et les balles, Tsahal torture psychologiquement la population gazaouie qu’elle affame volontairement alors que la famine et la déshydratation ont déjà fait une vingtaine de morts dont plusieurs enfants.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies dénonce ainsi la pénurie alimentaire aiguë qui frappe les 2,3 millions de Gazaouis, dont 500 000 connaissent une situation de famine. Tsahal maintient en effet un blocus total sur la bande de Gaza et n’hésite pas à tirer sur les Palestiniens qui attendent les quelques convois d’approvisionnements qui parviennent au nord de l’enclave. Après avoir démantelé l’UNRWA et condamné la population de l’enclave à la famine, Israël poursuit sa guerre génocidaire en torturant psychologiquement les Palestiniens affamés.

Le largage de tracts est une pratique fréquemment utilisée par les armées coloniales et génocidaires afin de briser psychologiquement les populations visées. L’armée coloniale portugaise, soutenue par l’OTAN contre les populations colonisées du Mozambique ou d’Angola, avait ainsi mobilisé le répertoire de la guerre psychologique dans les années 60-70. Israël avait déjà fait usage de cette tactique en 2018 : Tsahal avait largué des milliers de tracts sur Gaza pendant la Grande marche du retour. La répression des manifestations pacifiques avait fait 23 morts et des milliers de blessés.

L’opération a été condamnée par plusieurs observateurs comme la journaliste Hebh Jamal, qui a révélé l’affaire sur X (ex-twitter) et dénoncé le largage comme un acte de « torture psychologique », ou l’avocate spécialisée dans les droits de l’homme May el-Sadany, qui a rappelé qu’Israël est « responsable de la famine du peuple palestinien ».

Israel, responsible for the starvation of the Palestinian people, drops leaflets on the people of Gaza days before Ramadan reminding them to feed the needy and speak kindly and "wishing" them an accepted fast, forgiven sins, and a delicious breaking of the fast.

Deeply depraved. https://t.co/We13tyeXan

— Mai El-Sadany (@maitelsadany) March 7, 2024

Alors qu’Israël a déjà massacré plus de 35 000 palestiniens depuis le 7 octobre, dont presque 14 000 enfants, cette opération de torture psychologique de la population gazaouie s’inscrit dans la continuité de la guerre génocidaire de Tsahal. Après avoir torturé des milliers de Palestiniens retenus prisonniers dans ses prisons et dans ses camps, Israël élargit son répertoire macabre et lance une opération de guerre psychologique d’envergure qui participe de la même logique que les viols, humiliations publiques et les exécutions de femmes et d’enfants dont son armée s’est rendue coupable.